mercredi 5 avril 2023

Filles uniques de Beka et Camille Méhu

En ce mercredi, voici une BD jeunesse, pour changer, mais cette petite série peut tout à fait entrer dans votre bibliothèque, même si vous n’avez pas d’ado à la maison. 


 
 
 
Paloma a été placée dans plusieurs familles d’accueil avant une tentative de la dernière chance chez Liselotte.
Celle-ci lui indique qu’elle doit se faire des amis dans sa nouvelle école pour pouvoir rester chez elle.
Elle a un an pour cela…


On ne peut qu’être touché par l’histoire de Paloma.
Passant de familles en familles, elle est isolée et repousse l’aide qu’elle pourrait trouver chez certains adultes qui l’entourent.
Dans un mouvement de rejet qui va s’expliquer au fil du récit, elle s’est construit une carapace qui ne lui permet plus d’avoir confiance en personne.
La belle idée de Liselotte vise à l’envoyer chercher du soutien parmi les enfants de son âge, même si c’est illusoire et qu’elle le sait.
Et pourtant, une des camarades de classe de Paloma, Chelonia, va créer un petit groupe de filles isolées, rejetées ou simplement seules : le club des mal-barrées.
Pour Paloma, l’intégration reste difficile mais Chelonia n’est pas du genre à renoncer.

Esthétiquement, cette BD s’inscrit dans les habitudes de l’éditeur Dupuis avec des pages assez classiques et un dessin dans la tradition franco-belge.
J’ai toutefois trouvé le trait de Camille Méhu particulièrement doux.
Les couleurs sont chaudes, les visages expressifs sans qu’il y ait besoin de trop de traits.
On se sent bien dans ces pages et on a bien envie de découvrir les tomes suivants.

Plutôt à destination des jeunes ados, cette BD leur permettra de découvrir la vie différente de ces enfants qui sont parfois rejetés par le groupe, ou de pouvoir parler de leur vie s'ils partagent cette situation.
Elle parle aussi de prise en charge et d’isolement en s’adressant aux adultes qui sont parfois défaillants (mais pas trop ici quand même) et je vous la conseille sans hésiter !

 



 

 


 

 

 


mercredi 29 mars 2023

À qui la faute de Ragnar Jónasson 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Aaaaahhhhh ! La littérature nord européenne !
Je ne sais pas si cela tient au climat, à leur mode de vie, aux coutumes et rituels sociaux mais on y trouve tout de même beaucoup de thriller, romans psychologiques et autres meurtres sanglants.
Et en voilà encore un qui vous plongera dans la neige et la tempête, au milieu d’un huis clos dont tous ne s’en sortiront pas ! 
 




Comme chaque année, Daniel a accepté de participer à un weekend où il retrouve traditionnellement ses quelques amis d’enfance.
Le début du séjour est tendu.
Armann a organisé une session de chasse dans la montagne qui ne le réjouit pas vraiment.
Il ne tire pas au fusil, il n’aime pas la randonnée, tout cela s’annonce compliqué mais Daniel est prêt à faire des concessions maintenant qu’il est là…

 
Évidemment, comme il faut s’y attendre, tout ne va pas se passer comme prévu.
Une tempête imprévue surprend le groupe en pleine montagne et les oblige a s’abriter dans un refuge spartiate.
Je ne vous en dis pas plus, ce serait dommage que vous perdiez le plaisir de la découverte mais l’auteur va ensuite s’amuser à surprendre son lecteur en introduisant des éléments imprévus.
Parallèlement, il retrace la vie de chaque personnage et permet au lecteur de les connaître un peu mieux.
On découvre ce que chacun a vécu auparavant, leurs relations avec les autres, ce qu’ils ressentent.
Chaque chapitre est vu sous l’angle d’un des personnages pour renforcer cette focalisation, à la fois en direct pendant les évènements et dans le passé.

Cela aurait pu fonctionner mais malheureusement, j’ai trouvé le récit un peu laborieux.
L’idée de départ est chouette, j’aime bien découvrir les personnages petit à petit, mais ici, cela manque de rythme et certains évènements étaient un peu trop prévisibles.
Il y a peu de surprise, on tombe dans des effets classiques du genre avec trop de facilité.
Il y a également des répétitions dans le texte, une insistance sur les émotions de certains personnages qui sont agaçantes.
Une histoire un peu resserrée, plus efficace aurait été une bonne chose. 
Les droits du roman sont d'ailleurs déjà vendus pour une adaptation ciné, ce qui pourrait donner un film sympa. 

Heureusement, la version audio permet d'écouter en vitesse légèrement accélérée, ce qui donne un peu plus de tension.
Slimane Yefsah lit les 4 voix mais on se repère assez bien, même si on n'a maqué d'attention au début du chapitre pour écouter qui parle. 
La traduction est claire, le style est efficace, ce que renforce l'écoute du roman. 

C’est donc un roman qui promettait beaucoup mais qui ne tient malheureusement pas ses promesses, surtout quand on sait que l'auteur est un "maitre du polar".
Si toutefois vous aimez les thrillers pas trop effrayants, cela pourrait vous plaire et la version audio est vraiment pas mal.








 

dimanche 26 mars 2023

Le jour J tant attendu !! 🎉👧🎂🎁🎊

Ma grande, ma belette, mon amourette, ma chouchou, mon sucre d’orge, ma saucisse, mon chaton, ma chat, ma bichette, ma coquillette, ma fille, ma première, ma sérieuse, ma belle…
Ma grande fille a eu 9 ans aujourd’hui !
9 ans que je dis « je suis la maman de Suzanne ». 
 
 

 
Depuis ce premier jour où j’ai réalisé à la porte de la réa néonat, au moment de parler dans l’interphone pour qu’on m’ouvre, que maintenant, j’étais « la maman » de quelqu’un et que c’était comme cela que je devais me présenter pour qu’on m’ouvre.
9 ans aussi que je fais de mon mieux pour l’accompagner et lui donner les outils pour devenir une belle personne.
Ma grande belette est une jeune demoiselle appliquée et sérieuse à l’école, au solfège et à l’alto où elle n’a que des compliments, qui aime qu’on l’aime et qui sait se faire aimer, mais c’est aussi une enfant qui peut être déstabilisée par une petite pique, une remarque ou un mot méchant.
C’est une grande sensible qui n’aime pas les films ou les séries qui font peur (une nuit de cauchemars après l’épisode 1 de Mercredi où j’ai pourtant passé tous les moments qui font peur !), qui n’aime pas le suspense mais adore les personnages qui étudient, les scientifiques, les savants fous (grande passion pour Frankenstein !).
Elle déteste aussi le bazar, et lutte pied à pied avec son frère pour ne pas être envahie ! 
 
 
 
 
Mais elle l’adore et peut passer des heures à jouer avec lui, lui montrer des choses, lui lire des livres (jusqu’au moment où il l’enquiquine ou lui pique ses affaires 😆).
Elle range même sa chambre parfois !
Elle manie le second degré, les jeux de mots et l’ironie avec brio, elle n’a pas sa langue dans sa poche mais est toujours peinée lorsqu’elle blesse sans le vouloir.
Elle est vive et parfois emportée, elle peut être débordée par ses émotions et a bien compris qu’un tour dans le jardin ou dans la forêt peut faire beaucoup de bien.
Elle voudrait être plus grande (en taille, pas en âge), elle veut être cuisinière et chanteuse incognito, elle dévore les mangas et les BD et se met tout doucement aux romans avec des images, elle dessine de mieux en mieux (avec une passion actuelle pour le dessin décalqué par transparence), elle brode parfois mais trouve ça trop long, elle bricole, fabrique des trucs, enfile des perles, aime ses poupées sans jouer avec et ne supporte pas que je jette ou donne ses affaires, même celles dont elle ne se souvient pas ! 
 
 


Joyeux anniversaire ma grande belette, profite de tes 9 ans, aime la vie et ne t’inquiète pas du reste !!!

(Elle voulait un gâteau lapin, j’avoue, j’ai un peu triché 😆 mais cela lui a beaucoup plu et je crois que c'est la première fois que je réussi un glaçage !)



vendredi 24 mars 2023

Entre fauves de Colin Niel 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Voila ma deuxième lecture audio pour le prix Audiolib avec un livre très particulier. 

Il y a parfois des romans dont le sujet n’est pas celui qu’on croyait en lisant le résumé de l’éditeur, et n’est pas non plus vraiment celui qui semblait se dessiner lors de la lecture.
C’est le cas pour ce roman qui semble parler de la chasse, mais qui, à mon avis, parle finalement de la nature animale de l’homme.



 
Martin, garde-forestier un peu bourru, a des idées bien arrêtées sur la gestion de la nature et de la nature dans le parc national où il travaille.
Dès qu’il peut embêter les chasseurs, il répond présent.
Il a d’ailleurs repéré sur les réseaux sociaux la photo d’une jeune femme posant fièrement avec son arc devant le cadavre d’un lion.
Avec les membres de son groupe d’anti-chasses, il la piste sur Internet pour lui faire passer l’envie de recommencer, mais la traque est plus difficile que prévu…


J’avais lu des avis de lectrices outrées par ce livre qui prônerait la chasse, ce qui les aurait empêcher de dépasser les premières pages.
Grossière erreur !
Dans ce roman, l’extrémiste n’est pas où on le pense, le chasseur non plus et c’est tant mieux.
Il y a l’histoire racontée, pleine de suspense, terriblement efficace, où les évènements arrivent au moment où on ne les attend plus, et puis il y a le propos qui se dévoile lorsque tout est fini.

C’est également un roman très étrange, parce qu’il traite de sujets d’actualité avec une apparente neutralité.
Martin est garde-forestier et s’inquiète du réchauffement climatique, de la mort de l’ours Cannelle, de l’impunité de tous ceux qui fréquentent son parc et peuvent transgresser la loi sans en subir les conséquences.
Celle qui se présente sous le nom de Legolas est étudiante mais chasse depuis son enfance, y compris du gibier sauvage lors de chasses en Afrique.
Kondjima est un Himba qui vit dans son village, fidèle aux traditions, contrairement à son ami qui travaille dans un camp de chasse.

Chacun explique son point de vue, ses choix, avec des faits, des chiffres, des informations et des arguments qu’on ne peut pas contester.
On apprend combien coûte un lion, une antilope, combien cela rapporte pour les réserves, et on prend conscience de l’utilité occasionnelle des « prélèvements ».
Bon, ok, c’est ce point, j’imagine qui fait réagir et hurler contre cette histoire mais elle est racontée du point de vue de plusieurs personnages : Legolas, Martin, Kondjima, et le lion.
Cet intrusion du lion dans la narration est d’abord très surprenante.
Et puis il devient un personnage comme les autres, ce qui, justement, peut amener le lecteur à se poser des questions.
Le lion est-il considéré comme un humain, et faut-il le traiter aussi dignement que nos semblables ?
Ou est-ce une façon de nous montrer la sauvagerie des hommes et de les placer au niveau de cet animal ?
Cela peut finalement fonctionner dans les deux sens et il m’a semblé que le propos du livre était plutôt là et sur la question des extrêmes.
La fin du roman est ainsi particulièrement bien trouvée, elle amène le lecteur à réfléchir et ce n’est pas si fréquent.

La version audio est lue par 4 comédiens pour rendre la pluralité des chapitres : Thierry Blanc, Charlotte Campana, Alexandre Nguyen, Cyril Romoli.
l’alternance des voix permet de bien suivre les passages entre les différents personnages.
Le livre dure plusieurs heures mais le récit est condensé, ce qui permet de bien suivre, même si vous faites une pause (mais comment faire une pause ??).


C’est donc un roman très particulier par son sujet, mais vraiment réussi.
Que vous soyez anti ou pro chasse, ou sans avis sur la question, cela pourrait bien vous plaire.

C'est aussi ma deuxième lecture pour le prix Audiolib avec un livre audio qui se place d'emblée très haut dans mon classement personnel !!

(Et j’ai tenté plusieurs choses pour les photos sans parvenir à me décider, alors je mets les 2  😂)

 












 
Et hop ! une participation supplémentaire pour le  challenge Petit Bac d'Enna avec un gros mot si elle l'accepte 😅


 
 
 
 
 
 
 
 
 

mercredi 22 mars 2023

Je suis métisse de Sayra Begum

 C'est mercredi, c'est le jour des bandes dessinées ! 
Ou des "romans graphiques" ? 🤔
Je ne sais pas trop comment les distinguer mais voici un volume au nombre de pages conséquent, ce qui doit le placer dans la catégorie des romans graphiques. 

 
 
 
Shuna va se marier avec l'homme qu'elle aime. 
Mais rien n'est simple dans ce mariage car Shuna est musulmane, fille d'une mère bangladaise très religieuse et d'un père anglais converti. 
Alors qu'elle doit répondre à quelques questions, elle se replonge dans son enfance et son adolescence tiraillée entre deux cultures... 

Voilà un roman graphique très particulier ! 
Le format est carré et les pages se dessinent avec un trait noir et sombre vraiment original. 
Sayra Begum a choisi un parti pris graphique qui vient renforcer l'atmosphère pesante, dramatique. 
Les visages ont une importance particulière, notamment celui de Shuna, jamais souriant, fermé, reflétant ses difficultés et ses peines. 
Certaines double pages sont illustrées avec des chimères, des images mentales qui font divaguer l'imagination et mettent le lecteur au coeur des pensées de Shuna. 
J'avoue avoir eu un peu du mal au début de ma lecture avec ce trait très aride et un peu froid mais on entre petit à petit dans les pensées de la narratrice et on partage ses difficultés. 
 
Car le récit est d'abord celui d'un tiraillement. 
Shuna est sans cesse enfermée par sa double culture. 
Alors qu'elle souhaite simplement vivre sa vie, les injonctions de la religion relayées par sa mère la ramènent à son identité bangladaise dans laquelle elle ne se reconnait pas vraiment. 
Les séjours au Bangladesh ne sont pas plus simples que sa vie en Angleterre et les relations familiales mettent en valeur ses difficultés. 
Lorsqu'elle choisit de se marier, il lui faut aussi choisir entre sa vie d'avant, sa famille, et une vie qui s'ouvre avec un mari qu'elle s'est choisi. 

C'est donc un récit dans lequel il faut accepter d'entrer, mais lorsque les premières pages sont passées, on ne peut qu'avoir de l'empathie pour cette jeune femme qui se débat avec son identité. 
Et je vous encourage évidemment à ouvrir ce livre pour découvrir Shuna !!









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