vendredi 20 avril 2018

La jour d'avant de Sorj Chalandon 🎧📘 [Prix Audiolib]

J'ai "rencontré" Sorj Chalandon il y a quatre ans en lisant le Quatrième mur
Je l'ai retrouvé plus tard avec Profession du père
Si j'ai adoré le premier, le deuxième m'a franchement déplu. 
J'avais donc très envie de lire ce nouveau Chalandon mais je ne savais pas trop si cela allait me plaire. 

Michel a perdu son frère en 74, lors d'un coup de grisou dans la mine. 
Toute sa vie, il a attendu de faire justice pour son frère et les autres mineurs tués par la mine des Houllieres. 
Alors que sa femme vient de mourir, il décide d'accomplir enfin ce qui l'obsède depuis tant d'années... 

La première moitié du roman m'a vraiment beaucoup plu. 
L'évocation de la mine et des mineurs dans les années 1960-1970 est émouvante, réaliste et on ne peut s'empêcher d'être en empathie avec cette histoire. 
La catastrophe de décembre 1974 est racontée pudiquement mais on a vraiment l'impression d'avoir les familles des mineurs devant nous. 
En alternance, on assiste à la fin de la femme de Michel, une fin acceptée, prévue et organisée mais qui cause un vrai cataclysme dans sa vie. 

La suite m'a un peu moins plu avant de repartir de plus belle. 
Michel retourne dans la ville de ses origines, cherche les coupables, et puis les événements stagnent. 
Mais comme Chalandon est malin, il nous a réservé une énorme surprise, un retournement que je n'avais pas du tout vu venir. 
Le dernier quart du livre passe alors sans qu'on s'en aperçoive et on assiste aux événements qui sont racontés avec l'impatience de voir comment tout cela va finir. 
C'est vraiment réussi !

La version audio est parfaite. 
Stéphane Boucher lit ce roman sans ajouter de grands effets, et cela permet à l'histoire de conserver sa force sans l'alourdir. 
Il est aussi très fort pour changer de voix quand les personnages changent. 
On suit ainsi l'histoire sans effort et ce livre audio sera en bonne place dans mon classement ! 

En résumé, c'est donc un très bon roman, bien servi par la version audio. 
Si vous aimez Chalandon, si vous avez aimé Germinal, si vous voulez lire un bon roman, n'hésitez pas ! 








mercredi 18 avril 2018

Ces jours qui disparaissent de Timothé Le Boucher

C'est mercredi, c'est le jour de la BD.
J'en lis pas mal en ce moment, ce qui me permet de participer à la BD de la semaine un peu plus souvent que d'habitude.
Et aujourd'hui, j'avais envie de vous parler d'un gros volume de 200 pages qu'on a vu sur pas mal de blogs ces dernières semaines.
Il faut dire que les avis étaient enthousiastes et Price Minister l'avait mis dans sa sélection pour l'opération #1blog1BD
C'était donc très tentant de la demander pour participer, ce que j'ai fait (même si je suis un peu en retard pour publier ce billet).

Lubin est acrobate et légèrement lunaire. 
Il mène sa vie d'une façon un peu bohème, n'est pas très attentif pour tout ce qui concerne l'administration et à part l'acrobatie et les jeux vidéos, rien ne le passionne vraiment. 
Et puis c'est la chute. 
Un coup sur la tête. 
Le lendemain, Lubin ne se réveille pas, ou plutôt, un autre Lubin se réveille à sa place dans le même corps. 
Un jour sur deux, Lubin acrobate laisse la place à un Lubin sérieux, maniaque du ménage, qui gagne bien sa vie. 
Et petit à petit, Lubin se sent disparaitre... 

J'avais lu des avis parlant de surnaturel pour cet album, et j'avoue m'être attendue à autre chose.
Lubin souffre d'un dédoublement de personnalité qui n'est pas si surnaturel.
Les évènements racontés dans l'album permettent de rendre tout cela très vraisemblable, mais surtout de faire réfléchir le lecteur.
Que feriez-vous de vos journées si vous saviez qu'elles seront courtes ?
Lubin se réveille de moins en moins au fil de l'album et doit profiter au maximum des moments qu'il peut passer avec ses amis.
Mais eux vivent leur vie quand lui était absent.
Cela donne le vertige.

Les deux Lubin à l'opposé sont aussi un sujet de réflexion.
L'un d'entre eux est très sage, bien inséré dans la société, l'autre vit sans revenu fixe et est plutôt rêveur.
Le bonheur est peut-être au milieu, mais peut-être pas.

Le dessin est très classique, les pages sont découpés en cases avec des couleurs très franches.
On s'y fait rapidement, même si c'est un peu trop classique, justement.
L'expressivité des visages, par contre, est vraiment un bon point.

Cette lecture n'est pas un coup de coeur, mais elle suscite pas mal de questionnements et c'est déjà pas mal.
Si vous la croisez, laissez-vous tenter (et Mo ou Stephie ont des avis bien plus enthousiastes que moi)





Les BD sont chez Noukette aujourd'hui...






lundi 16 avril 2018

La désertion de Emmanuelle Lambert

Attirée par le résumé de ce roman, par la promesse d'un texte qui se transformerait en roman policier, je me suis lancée dans sa lecture confiante.
Un petit volume de 100 pages sur ma liseuse, une heure et demie de lecture annoncée, cela devait être un petit moment agréable. 
Et pourtant...

Eva pointe chaque jour les causes de décès de milliers de personnes décédées pour permettre la détection d'épidémies éventuelles. 
Son travail est rassurant, méthodique et semble lui convenir. 
Et pourtant, un matin, elle ne vient pas travailler et disparaît complètement en quelques heures. 
Qu'est-elle devenue ? Ou habite-t-elle ? Pourquoi a-t-elle choisi de tout quitter ainsi ? 

Avant d'ouvrir le livre, Eva m'intriguait. 
Disparaître totalement répond forcément à un problème dans la vie de la personne qui s'efface. 
Ou cette personne a été assassinée et là aussi, il y a souvent une raison. 
Et c'est là que le résumé accroche le lecteur. 
Il y a un énorme doute au début du roman et la première partie l'entretient sciemment.
On s'attend à suivre une enquête qui irait de découverte en découverte pour aboutir au fin mot de cette disparition.
Je vous rassure, on a bien l'explication de la disparition à la fin de cette histoire, mais ce n'est pas si mystérieux, et pas si tendu finalement.

Les quatre parties du roman se focalisent chacune sur un des personnages de l'histoire. 
Il y a le chef d'Eva, Franck, sa collègue et amie Marie-Claude, Paul un homme qu'elle voyait, et puis Eva elle-même.
Chacun raconte Eva, la façon dont il ou elle la voyait, et comment ils ont vécu sa disparition.
On voit que la vie de ces trois personnages a changé après le passage d'Eva qui ne laisse personne indifférent.

Le style est très particulier.
Au début du roman, pendant quelques pages, j'ai eu du mal à comprendre certains passages confus, qui s'enchainent mal.
L'auteure a voulu donner l'image d'un psychopathe avec le personnage de Franck, mais cela n'empêche pas qu'on comprenne ce qu'on lit.
Heureusement, les choses s'améliorent très vite, mais je me suis ensuite un peu ennuyé.
Les personnages sont tous malades psychologiquement.
Il y a l'obsédé du renseignement, la maniaque mal dans sa peau, le déprimé qui sort de l'asile et Eva, qui ne termine pas très bien.
J'ai une grosse envie de dire "Bon, et alors ?".
Emmanuelle Lambert a-t-elle voulu montrer qu'on a tous un problème dans notre société ? Qu'on est tous névrosé ? Que cela peut arriver à tout le monde ? Qu'il faut tendre la main à ceux qui sont dans un état psychologique tangent ? 
Peut-être rien de tout cela ou peut-être tout cela à la fois.

Mais je crois que mon avis mitigé est surtout dû à l'ennui qui m'a pris pendant le chapitre sur Paul.
Tant pis pour moi.

Si ce roman vous tente, il se lit vite et vous aurez peut-être un autre avis ;^)









vendredi 13 avril 2018

La tresse de Laetitia Colombani 🎧📘 [Prix Audiolib]

Voilà un joli petit roman !!

J'ai débuté la découverte de la sélection du prix Audiolib de cette année par deux lectures où je suis passée complètement à côté.
J'ai enchainé avec un livre que j'avais déjà lu, ce qui est forcément moins drôle, et voilà enfin une lecture que je pourrais qualifier de "jolie découverte".
J'avoue l'avoir lu aussi dans un contexte particulier.
Je me forçais un peu à en terminer deux autres dans d'autres formats et il est apparu comme une bulle d'oxygène à côté de ceux que j'avais du mal à finir. 

En Inde, Smita est une intouchable. 
Pour survivre, elle vide quotidiennement les latrines des notables du village, mais elle a décidé que sa fille irait à l'école pour qu'elle puisse avoir une autre vie. 
En Sicile, Giulia travaille dans la fabrique familiale où son père récupère et traite les cheveux des Siciliens avec ses ouvrières. 
Au Canada, Sarah est avocate et mène sa vie professionnelle d'une main de fer, au détriment de sa vie familiale... 

Lorsque j'ai ouvert ce roman, j'avais lu pas mal de billets assez contradictoires.
Il y a d'abord eu les enthousiastes, ceux qui étaient écrits par des lectrices qui avaient adoré, et puis il y a eu celles qui n'ont pas aimé, jugeant le roman trop "facile".
J'étais donc prévenue, il ne me restait qu'à me faire mon propre avis.
Et en effet, ce roman est peut-être un peu facile, on devine la fin très vite, MAIS ce sont aussi de belles histoires et c'est plutôt bien écrit.

Les trois histoires qui nous sont racontées se croisent dans les différents chapitres, et de temps en temps, des petits poèmes sont insérés, dévoilant la voix de la narratrice.
Ces textes courts offrent une respiration et un peu d'originalité à l'ensemble.
Les différentes histoires se tissent parfaitement dans un entrelacement désormais classique mais bien exécuté.
Il y a également beaucoup de thèmes abordés comme le poids de l'héritage, l'enfermement que la société peut imposer, le poids des décisions qu'on prend. 
J'ai beaucoup aimé l'histoire indienne, je ne sais pas trop pourquoi, sans doute parce que c'est Smita qui a la vie la plus difficile. 
Celle de Sarah est intéressante aussi mais j'avoue que l'histoire de cette working girl qui laisse sa vie privée de côté m'a moins séduite. 
Celle de Giulia en Sicile est touchante, il y a l'amour des livres aussi qui unit les corps (et puis je connais un peu ce coin de Sicile). 

La version audio est séduisante avec une alternance de trois voix féminines. 
L'auteure lit elle-même le récit de Sarah et les pages de la narratrice, Rebecca Marder lit l'histoire de Giulia et Estelle Vincent celle de Smita. 
Elles nous emportent et leurs voix sont assez différentes pour qu'on les distingue bien. 
Et puis 5h d'écoute, ça va tellement vite qu'on ne s'ennuie pas. 


En lisant ce livre, il ne faut sans doute pas attendre plus que ce qu'il donne, trois belles histoires qui se croisent joliment et donnent un peu à réfléchir.
Je vous le conseille en tout cas. 





mercredi 11 avril 2018

La loterie de Myles Hyman

Cette année, sur l'application de lecture de la SNCF, il était possible de lire chaque mois gratuitement une des BD sélectionnées pour le Prix du polar SNCF.
Cette excellente idée (à condition d'avoir un écran pour en profiter évidemment) m'a permis de lire deux BD du prix (je suis lente et je m'y suis mise tardivement).
Voici ma première lecture un peu... bizarre.

A Vermont, chaque fin d'été voit le retour de la loterie annuelle. 
On ne se souvient plus depuis combien d'années elle a lieu. 
Sans doute depuis la création du village. 
Il faut ressortir l'urne, la dépoussiérer, et cette année, on remplace les boules par des papiers. 
Celui qui tirera le papier noir sera désigné. 
Mais comment réagira-t-il ? Sur quelle famille cela va-t-il tomber ? 

Autant le dire tout de suite, j'ai moyennement apprécié ma lecture.
L'illustrateur Miles Hyman a choisi d'illustrer une nouvelle célèbre aux Etats-Unis écrite par sa grand-mère Shirley Jackson.
Le texte d'origine avait fait scandale lors de sa publication en 1948 dans le New-Yorker et on peut comprendre pourquoi tant il est brutal.
Mais cela correspond sans doute aussi à une culture particulière, à un climat et un mode de vie qui ne sont pas les nôtres.

Pour ma part, j'ai trouvé cette histoire un peu absurde.
Je n'ai pas compris son intérêt, j'avoue.
Souhaitait-elle dénoncer une tendance des petites communautés ? Voulait-elle mettre en garde ?
Elle ne s'est jamais exprimé sur la question, et sans doute avait-elle juste envie d'écrire ce texte.
Le long cahier explicatif à la fin de l'album est heureusement là pour éclairer un peu le contexte, sans quoi j'aurais encore moins compris.
Et puis j'ai du mal à faire le lien aussi avec le prix du Polar mais c'est une autre question.

Les illustrations, par contre, sont magnifiques.
Hyman a fait un travail superbe, en alternant les pages pleines et celles qui sont plus classiques.
On pense forcément à Hopper, le rythme est lent, les couleurs nous tombent dessus et écrasent à la manière des grosses chaleurs de fin d'été.

Rien que pour ces images, cette BD peut valoir le coup d'un feuilletage, mais n'attendez pas une histoire palpitante.






La BD de la semaine est chez Stephie aujourd'hui






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