mercredi 29 juin 2011

Chroniques Birmanes de Guy Delisle


Aujourd'hui, je vous parle d'une petite BD rafraîchissante ET utile, car elle parle d'un pays où la vie n'est pas facile.
Encore une fois, c'est une BD qui parle d'un pays que j'ai visité, ce qui fait que le récit de l'auteur me touche davantage. Mais je ne l'ai pas lu là bas. Je pense d'ailleurs que la censure aéroportuaire me l'aurait gardé.

L'auteur, Guy Delisle, a publié plusieurs BD comme celle-ci où il raconte sa propre histoire et sans doute aussi celle des expatriés et des locaux qu'il a pu croiser. Vous trouverez donc plusieurs destinations, comme Pyong Yang ou Shenzhen. Il a également publié des BD plus légères comme Louis à la plage.
Sa prochaine publication s'intitulera Chroniques de Jerusalem et reprend le même principe que les précédentes, à ceci près que Guy Delisle a publié un grand nombre de ces dessins sur un blog qu'il tenait pendant son "séjour" à Jerusalem. C'est donc un peu un livre que certains lecteurs ont pu voir se faire en temps réel et c'était vraiment très sympa.
Pour voir des extraits, c'est par ici, sur le blog de l'auteur, et ici, vous serez sur le blog tenu pendant le séjour à Jérusalem.

Guy et sa femme s'installent à Rangoon, en Birmanie,  pour quelques mois. La femme de Guy est médecin humanitaire et fait régulièrement de longues missions dans des pays qui en ont besoin.
Le couple s'installe progressivement avec leur bébé, séjournant d'abord dans une guest house puis trouvant une maison dans un quartier résidentiel.
Guy dessine, s'occupe de leur petit garçon et chacune de ses sorties est le prétexte à une petite histoire.
Il raconte l'admiration de ses voisins pour ce petit garçon aux cheveux blonds, la paranoïa des soldats, la vie quotidienne avec les coupures de courant et la censure, les missions de sa femme dans la jungle, le club house des américains, le supermarché vide...

Jamais complaisant, l'auteur parle de lui, de sa vie quotidienne, mais sans minimiser la difficulté des Birmans. Il dénonce les brimades subies quotidiennement sur un ton souvent sarcastique, mais toujours humoristique.
Il pointe les obsessions du gouvernement, la présence des soldats, les obligations contradictoires.
Il aborde aussi les problèmes liés à l'action humanitaire qu'il connait bien grâce au métier de sa femme, et comme ce n'est pas le premier pays dans lequel ils séjournent, il peut à chaque fois mesurer l'écart avec d'autres situations.


Il est aussi dans une situation privilégiée. Comme il travaille à la maison et s'occupe de son fils, il a un sujet de conversation tout trouvé avec les birmans, et le gardien de sa maison permet de traduire le minimum pour se comprendre. Les enfants sont l'un des seuls sujets dont on peut discuter sans être soupçonné de collusion avec l'ennemi !

Le dessin de Guy Delisle est aussi l'un des points qui m'ont fait apprécier cette BD, et je dois avouer que j'apprécie davantage encore depuis que j'ai suivi ses pérégrinations à Jérusalem. Sur son blog, il présentait son travail étape par étape, et ça, c'était chouette !
Vous l'avez déjà vu sur ce blog, je dessine un peu, ce qui fait que je suis sensible au travail minimaliste qu'il propose dans ses livres. Avec un feutre gris et un stylo fin noir, il parvient à créer des scènes à la fois simples et expressives, parfois remplies de détail que je ne peux pas m'empêcher d'admirer.
Je voyage aussi et la vie d'expat me fait rêver (eh oui, on ne se refait pas). Or j'ai retrouvé dans ce livre des tics que j'ai moi même quand je vais dans un autre pays, comme la visite du supermarché. C'est la première chose que j'ai envie de faire, mais à Rangoon, il n'y en avait qu'un à l'époque. Je l'ai donc retrouvé avec plaisir dans ce livre.

En bref, j'ai beaucoup aimé ce livre, que je conseille vivement si vous voulez en savoir un peu plus sur la Birmanie en passant un bon moment, ou si vous voulez lire une bonne BD.
Ce n'est pas léger, mais on rit et on sourit.






mardi 28 juin 2011

Au cœur des Himalayas d'Alexandra David-Néel



Je ne sais pas si je vais être très objective dans ce billet, car j’ai lu ce livre en visitant les lieux dont parle l’auteure.
Je ne serais donc probablement pas un bon juge pour vous parler des descriptions ou de l’évocation des lieux, puisque je les avais sous les yeux.
D’un autre côté, je ne crois pas que ce soit le plus important dans ce qu’écrit Alexandra David Neel. Elle répète assez souvent que ce qui l’intéresse, ce sont davantage les gens, leurs pensées, leurs façons de vivre plutôt que les paysages. Pour elle, un « paysage » est d’ailleurs quasi uniquement constitué par les gens qui l’habitent, ce qui fait qu’elle passe plus de temps à les décrire qu’à s’attarder sur le décor.

Mais il me faut également dire quelques mots de l’auteur avant de parler du livre. Cette femme, décédée à l’âge vénérable de 100 ans et demi, a été la première occidentale à visiter le Tibet à une époque où aucun étranger n’était autorisé à y entrer. A dos de mulet ou à pied,  accompagnée d’un guide et parfois de porteurs, elle a arpenté les Himalayas, a visité Lhassa, a appris le tibétain et l’hindou, et est même devenue sadou !

Pendant ses voyages, elle remplissait des petits carnets, prenait des notes en vue de la rédaction de ses mémoires. Elle a ainsi pu laisser de nombreux récits de voyage, mais a aussi publié des guides sur le bouddhisme qui constituent toujours une référence aujourd’hui.

Dans ce livre, Alexandra David Neel se rend au Népal, pays interdit aux étrangers en 1912. Seuls quelques observateurs britanniques étaient autorisés à séjourner à Katmandou, pour « observer la situation ». Si d’autres voyageurs souhaitaient s’y rendre, il fallait demander une autorisation spéciale, et la route imposée par le gouvernement était destinée à décourager les voyageurs de revenir seuls.
Grâce à des amis hauts placés, Alexandra David Neel se voit proposer ce séjour et bien qu’elle n’en ait pas particulièrement envie, elle se rend à Katmandou. Ce point a son importance, car elle se montre souvent très critique à propos des Népalais. Dans son récit, elle raconte le voyage, les coutumes locales et décrypte certaines pratiques religieuses.

L’avantage de ce livre, pour le voyageur, c’est qu’il permet de comprendre certaines particularités du pays. Les coutumes religieuses, par exemple, et le mariage bouddhisme-hindouisme ou les relations des Népalais avec les Tibétains sont analysés par une femme qui connaît parfaitement ces populations.
Son discours est à la fois simple et détaillé, elle se place du point de vue de l’occidental, tout en se référant à une réalité indienne qui lui permet de faire des comparaisons. Elle est ainsi très claire et son lecteur dispose des clés principales de compréhension. 

Pendant son voyage, Alexandra David Neel suit un circuit qui est resté le même aujourd’hui et m’a amené à m’interroger sur la quasi impossibilité à l’époque comme aujourd’hui d’aller rencontrer des Népalais de la campagne profonde.

J’ai aussi pu constater que les lieux n’avaient pas beaucoup changés. Alexandra David Neel visite les même lieux que ceux qui sont visités par les touristes pressés d’aujourd’hui, mis à part Pokhara qui a été développé plus tard.
Restituant l’atmosphère de ces lieux, l’auteure essaie de nous faire comprendre le fonctionnement de la société népalaise, son rapport souvent tendu avec des populations installées depuis des décennies mais non népalaises comme les Tibétains.
Ces explications laissent entrevoir une population fière de son pays mais proche du racisme et trop enfermée sur elle-même pour pouvoir se développer de manière harmonieuse. Pour Alexandra David Neel, les Indiens sont méprisés par les Anglais, mais ils le leur rendent bien, alors que les Népalais croient les dominer et ne les voient pas approcher. Mais son point de vue doit être pris pour ce qu’il est : un point de vue personnel. Elle reste fasciné par son voyage au Tibet et habite en Inde. Elle a donc un discours assez orienté et ne le cache pas.
Cela n’a toutefois pas d’incidence pour le lecteur, et ce livre reste une jolie découverte de ce pays.

Si vous allez au Népal, si vous êtes amoureux de l’Himalaya, des montagnes, si vous aimez les récits de voyage, si vous voulez être dépaysé en 100 pages, jetez-vous sur ce petit livre, vous serez comblé.


Cette lecture vient compléter :



lundi 27 juin 2011

Deux livres dans ma valise...


Martial proposait dernièrement de réfléchir aux livres que nous mettrions dans notre valise pour les vacances.
A la manière de François Busnel, il nous demande quels sont les deux livres qui nous paraissent les plus importants.

C'est une question bien difficile, car il y en a toujours plusieurs.
Il y a des incontournables, des Classiques, des livres qui me paraissent pouvoir être relus encore et encore, ou des livres que je voudrais partager avec tous le monde tant ils m'ont plu.
C'est le cas de l'Immortalité de Kundera, par exemple, mais pour des vacances, il y a mieux.
Il y a aussi des livres avec lesquels j'ai passé de très bons moments et que je conseille facilement, sans toutefois penser qu'ils auraient leur place dans ma valise.
Je pourrais mettre dans cette catégorie le Vieux qui lisait des romans d'amour, ou Quel temps fait-il en Afrique ? qui séduit tous ceux à qui je l'ai conseillé (il est génial).



Pour répondre à la question, je me suis aussi demandée comment je choisis mes livres quand je pars en vacances.
La réponse ne va toutefois pas m'aider beaucoup, puisque je pars le plus souvent à l'étranger, et je choisis des livres qui se passent dans le pays visité.
Quand je reste en France, je prends ce qui traîne sur mon étagère à PAL, ce qui m'inspire le plus, et il s'agit souvent de policiers ou de romans historiques, voire même d'un mélange des deux. Le roman policier historique est mon pêcher mignon, on ne se refait pas !

Alors comment répondre à la question posée ?
Il faut choisir ce qui me paraît pouvoir être lu et relu, tout en étant conforme avec l'idée que l'on se fait des vacances.
J'avais pensé à l'Oeuvre de Zola, et Les Chouans de Balzac.



Mais pour des vacances, on repassera !

Mais je crois que j'ai trouvé.
Si je ne devais choisir que deux livres, intemporels et qui puissent être relus sans peine, j'emporterai d'abord  Le Comte de Monte-Cristo. Ses trois tomes et les rebondissements multiples garantissent des heures de lecture passionnantes. 
Ensuite, j’emmènerai Une vieille maitresse de Barbey d'Aurevilly parce que ce n'est pas gai, mais qu'est-ce que c'est beau ! 



Sur la photo proposée par Martial, je n'oublie pas qu'il y a aussi une liseuse, alors après tout, pourquoi se résoudre à n'emmener que deux livres ? :-D



C'est lundi, que lisez-vous ?




Les deux semaines passées, j'ai lu plusieurs livres et j'ai stagné sur un d'entre eux.

J'ai donc lu la Délicatesse de David Foenkinos, et ce livre m'a beaucoup plu. J'ai lu aussi Trois enquêtes du Père Brown de G.K. Chesterton




En ce moment et depuis plusieurs semaines, je lis laborieusement, je dois l'avouer, Le Dernier templier de Raymond Khoury.
Depuis quelques jours, je lis également Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants et cela va beaucoup plus vite.




Et la semaine prochaine, alors ?
Il y a des chances pour que je continue à lire Le Dernier templier, mais je pense lire avec plus d'enthousiasme Le Village aux huit tombes.



Et vous ? Vous lisez quoi ? 
Vous avez aussi un livre sur lequel vous vous endormez trop facilement ? 



Tous les participants sont chez Galleane 
qui vient relayer Malou pour lister les liens.


samedi 25 juin 2011

La délicatesse de David Foenkinos


Voilà un livre qui prenait la poussière dans ma PAL depuis très longtemps, et qui a bénéficié d’une lecture commune pour enfin en sortir.
Je l’avais pourtant acheté dès sa sortie, persuadée que j’allais le lire rapidement, et cédant à l’attrait de la collection blanche de Gallimard. Je crois d’ailleurs qu’il s’agit du seul Gallimard de cette collection dans ma bibliothèque.
Finalement je l’ai enfin lu, et je dois dire qu’il m’a beaucoup plu.

François croise Nathalie dans la rue et l’accoste pour lui proposer de boire un café. Les hommes disent toujours qu’ils ne font jamais ça, mais pour François, c’est vraiment la première fois.
Mais que boire lors d’un tel rendez-vous ? Si Nathalie prend un jus d’abricot, il l’épouse. Elle prend un jus d’abricot.
Puis ils se marient, Nathalie termine ses études, trouve un emploi. Ils vivent heureux, sans heurts, jusqu’au jour du drame.

Ce roman est assez atypique, et je crois que les classificateurs littéraires rangent Foenkinos avec Jaenada et d’autres « postmodernistes ». Mais ce n’est pas le plus important.
Je sais que d’autres lectrices de cette lecture commune ne seront sans doute pas du même avis que moi, mais personnellement, j’ai été cueillie dès la première page par le style de Foenkinos.
J’ai aimé les deux ou trois phrases binaires qu’il essaime dans les premiers chapitres, les alternances de chapitres bizarres avec les chapitres narratifs, les passages d’un personnage à l’autre.
Le style du texte est travaillé, ce qui devient de plus en plus rare, et l’on sent une préoccupation réelle pour le texte et sa forme. A intervalle régulier, des chapitres très courts, composés de quelques phrases viennent s’intercaler, reprenant un élément du texte. Il y en a un, par exemple, qui donne le code de l’immeuble de l’un des personnages, puisque celui-ci vient de l’oublier, un autre qui donne le menu du restaurant. Je n’appellerai pas cela des digressions puisqu’il ne s’agit pas vraiment de développement sur un autre sujet mais plutôt une divagation du narrateur, un souci du détail qui ponctue le roman.

Mais ce que j’ai préféré, c’est son évocation de la délicatesse. Le roman entier est une délicatesse. Il effleure les personnages. Cela m’a d’abord agacé et je les ai trouvés bien plats et vides, pas assez travaillés.
Puis finalement, il m’a semblé que c’était là que résidait cette délicatesse. Nathalie est d’abord un personnage ébauché pour se construire sous le regard du lecteur tandis qu’elle se reconstruit, qu’elle retrouve le chemin de l’extérieur et de la vie.
Elle semble banale et passe partout dans la première partie du roman. Elle ressemble à tout le monde et sa vie n’est pas si intéressante. Et puis les choses changent, et c’est là qu’elle devient un vrai personnage.

Cette lecture m’a rendu curieuse et j’irais bien voir ce que contiennent d’autres romans de Foenkinos. J’ai un peu peur qu’il se répète, mais il faut lui laisser le bénéfice du doute.

Si vous aimez Beigbeder (edit : ou pas en fait, ce n'est pas la même chose, et Foenkinos, c'est même beaucoup mieux) et Jaenada, les romans très contemporains, les histoires tristes mais douces, les surprises de l’écrivain, je vous conseille ce livre. 


Pour lire ce roman, je n'étais pas toute seule et vous trouverez d'autres billets chez George, Asphodèle, Delphine qui publie aussi pour Sunsi, Mango, Anne, une autre Anne (de poche en poche), ValMélusine, Liliba et Plaisir des mots




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