mardi 19 octobre 2010

En attendant la montée des eaux de Maryse Condé

J’ai choisi ce roman de Maryse Condé, attirée par son synopsis.
Sa couverture n’est pas particulièrement expressive, et l’image colorée qui a été sélectionnée par l’éditeur doit être observée avec attention pour montrer son lien avec le sujet du roman.
Quand on la regarde bien, l’herbe couchée, le ciel gris annoncent une catastrophe, tout comme le titre qui montre que le roman se passera dans l’attente ou dans un temps suspendu.
Mais si je n’avais fait que passer devant ce livre, je ne me serais pas douté du sujet du roman.
Et j’aurais eu tort, car j’ai passé un très bon moment.

Voici donc ce qui s’y passe :
Babakar est un médecin obstétricien d’origine africaine qui exerce en Guadeloupe. Une nuit, pendant un violent orage, un émigré clandestin haïtien vient le chercher pour accoucher une femme qui meurt quelques minutes avant son arrivée. Il décide d’emporter l’enfant qui vient de naître, une fille, et de l’adopter.
Cette décision prise sur un coup de tête va bouleverser sa vie. Quelques semaines plus tard, le compagnon de la mère de l’enfant, Movar, vient annoncer à Babakar qu’il avait promis de ramener cette petite fille en Haïti, sur la terre de ses ancêtres. Babakar lui propose de s’installer chez lui et de s’occuper du jardin. Ils vont organiser leur vie à trois, jusqu’au moment où les ragots du village vident le cabinet de Babakar. Il est notamment accusé d’avoir volé l’enfant.
Le voyage pour Haïti est organisé, mais le retour au pays ne va pas être de tout repos.

A partir de cette trame, l’auteur construit une histoire où se mêlent les destins de différents personnages qui vont se lier, apparaître ou disparaître et subir les aléas de l’Histoire avec une majuscule, comme ceux de la fiction.
L’histoire d’Haïti est effectivement très présente, mais également celles de ces pays africains qui ont sombré dans la guerre civile.
L’originalité de ce roman, pour moi, réside dans l’absence de condamnation explicite. Il me semble que l’auteur exprime davantage un rejet global de ces luttes intestines qui déstabilisent les pays et les vies individuelles, mais également du racisme qui peut en être l’origine. Le personnage de Babakar est dévasté tour à tour par l’exclusion dont a été victime sa mère, puis par la réaction de la famille de sa femme, par la guerre civile survenue dans le pays où il exerçait au début de sa carrière, et enfin par le rejet de sa clientèle guadeloupéenne. Chacun de ses évènements le pousse à aller ailleurs, à rechercher une terre plus accueillante où sa vie sera plus facile, mais il ne semble jamais pouvoir l’atteindre. Il vit dans l’attente, celui d’un retour à la terre natale, celui du retour de l’être aimé, celui de la montée des eaux qui arrivera bien un jour et rayera ces îles de la carte.
Il attend jusqu’à la fin du roman où la nature va enfin lui permettre de prendre une décision.

La narration choisie est originale.
Elle se focalise sur le personnage de Babakar et l’histoire est racontée de son point de vue. Là, point d’originalité.
Pour parler des personnages croisés par Babakar, en revanche, l’auteur choisi d’intercaler des chapitres intitulés « Le récit de … ».
Je dois avouer que le premier récit est bien introduit. J’ai trouvé que l’idée était bonne, que ce récit se coulait naturellement dans la narration générale. Cela permet de revenir sur des évènements passés ou sur un vécu qui s’isole et prend toute son importance.
Le second, celui de Babakar, est également bien amené. Pour les suivants, en revanche, l’enchaînement n’est pas aussi naturel et l’on a parfois l’impression que Maryse Condé introduit un évènement uniquement pour amener son récit. Je crois que j’aurais préféré qu’il n’y ait aucun artifice. Une fois lu deux récits de ce type, il me semble que le lecteur a compris de quoi il s’agit et peut lire ces chapitres sans qu’on lui tienne la main.

Mis à part ce petit bémol, la lecture de ce roman coule et les pages se tournent toutes seules.
L’histoire de Babakar est à la fois touchante et agaçante, tant il hésite parfois à agir, tandis que tous autour de lui prennent leur destin en main.
Attentiste et défaitiste, il pleure sur le passé, et ce sont les autres qui le font avancer. Le lecteur suit ses aventures en attendant la suite, en espérant parfois que les évènements vont le laisser en paix, tout en sachant que cela n’arrivera pas.

C’est donc un livre qui m'a bien plu.

 Et regardez comme j’ai été gâtée, avec le livre, j’ai eu droit à des autocollants et surtout à des carambars !! 

Ce livre a été chroniqué dans le cadre de la rentrée littéraire 2010 en partenariat avec Ulike.


Et je l'ajoute à  mon challenge 1% :)
g

lundi 18 octobre 2010

Un chat, un blog, un livre

George a décidé la semaine passée de nous fixer un petit challenge :
photographier nos chats avec un livre et devant notre blog.

Las, je n'ai pas de chat !

J'ai d'abord cru que je ne pourrais pas jouer, tant pis !
Puis mon gros nounours m'a proposé de se déguiser en chat pour participer :)



Si vous voulez voter pour lui, c'est par ici, mais il y a aussi plein de beaux chats et d'idées comme celle de mon nounours pour pouvoir participer quand même !

samedi 16 octobre 2010

Vintage America de Patricia de Gorostarzu

On est samedi, c’est le weekend, alors je vous parle d’un livre de photo, pour changer.

J’ai eu la chance d’être sélectionnée chez BOB pour lire Vintage America, l’album de la photographe Patricia de Gorostarzu. Je dis la chance, parce qu’on était que deux !

 J’aime beaucoup les photos noires et blancs et celles-ci ont été prises à la chambre photographique, une petite boite noire qui demande une plus grande précision et donne une atmosphère particulière aux photos.
Une bande peut apparaitre autour de celles-ci correspondant, je crois, au cadre qui soutient le papier photo pendant la prise de vue. Cela évoque dans mon esprit un espace intermédiaire entre la photo, ce qui y est cadré et ce qui lui est extérieur.
L’utilisation de ce type d’appareil demande aussi au photographe une posture différente et une technique avancée.

Dans ce livre, la photographe a fait le choix de faire apparaître ces bordures autour des photos et précise qu’elle a utilisé une chambre photographique datant de l’époque qu’elle souhaitait évoquer.
Il serait d’ailleurs plus juste d’écrire qu’elle recherchait cette époque, car elle a sillonné les États-Unis pour y traquer les vestiges des années 1950 à 1970.
De photos en photos, le lecteur découvre des enseignes vintages, des images de motels ou d’usines tels qu’on peut se les imaginer.
On songe immédiatement à la Fureur de vivre, ou aux Misfits.
Les lieux sont déserts, emprunts de nostalgie et l’on se demande parfois si la photographe ne dispose pas d’une machine à remonter le temps.
Qu’il reste autant de lieux abandonnés aux États-Unis est d’ailleurs fascinant.
A croire qu’ils cultivent cette nostalgie.


Ce livre serait déjà intéressant s’il ne comportait que des photos, mais il présente aussi cinq nouvelles, écrites par Scott Wolven, Benjamin Percy, Dan Chaon, Richard Lange et Brady Udall.
Assez noires, prolongeant la nostalgie des photos, ces nouvelles présentent toutes des personnages désabusés, alcooliques, dépressifs.
Elles sont le pendant humain du désert présent sur les photos.
Désœuvrés et nostalgiques, les personnages sont accrochés à un lieu ou, au contraire, en déplacement.
Ils traversent des paysages immenses sans trouver de refuge.

Complémentaires, les nouvelles et les photos expriment cette Amérique révolue mais toujours présente.
Il ne s’agit pas seulement de mémoires, mais de lieux et de vestiges qui parlent à chacun différemment et éveille des souvenirs enfouis.

Je l’ai déjà écrit, ce n’est pas mon continent de prédilection, mais c’est un très beau travail qui éveille pour moi des souvenirs de cinéma et Marylin Monroe.
C’est un peu stéréotypé, je l’avoue, mais que voulez-vous, c’est mieux que rien 

Je remercie BOB pour cette lecture en partenariat et Albin Michel. 


vendredi 15 octobre 2010

Le dernier roi d'Angkor de Jean-Luc Coatalem

La semaine est passée bien vite, et les billets prévus n'ont finalement pas été publié. 
Il faut dire qu'avec deux mémoires de master à lire, deux soutenances, un cambriolage dans ma remise de jardin (pendant que j'étais chez moi, bien sûr), une petite angine qui arrive... (j'arrête là, hein, je ne suis pas là pour ça ) ces quelques jours n'ont pas été de tout repos. 
Je me motive en me disant qu'il me reste une semaine difficile avec plein de boulot et ensuite, ça ira mieux, je pourrai vous inonder de billets 

Mais aujourd'hui, je voulais vous parler d'une de mes lectures récentes : Le dernier roi d'Angkor.


Au fil des bibliothèques que je vous ai présenté le dimanche, vous avez dû deviner que l’Asie du sud-est était ma destination la plus fréquente quand je pars en vacances.
Quand j’ai vu ce roman dans la liste des titres proposés à la lecture par la librairie Dialogues, je n’ai pas pu résister.
Les mots comme « Angkor », « Bangkok » ou « Indochine » provoquent chez moi des achats compulsifs. 

J’ai donc lu Le Dernier roi d’Angkor de Jean-Luc Coatalem.
Je l’ai même dévoré en 3 jours.


 Le narrateur de ce roman est à un moment de sa vie où le besoin de revenir sur le passé se fait sentir.
Il revient donc sur les évènements récents ou moins récents, sur son père qui a quitté la famille plusieurs années auparavant, sa compagne qui l’a quitté également parce qu’ils n’arrivaient pas à avoir un enfant, et sur sa dernière conquête féminine qui a fait de même en lui conseillant vivement de s’occuper une fois pour toutes de ce passé envahissant.
Car le narrateur est obsédé par Bouk, un jeune garçon d’origine cambodgienne qui passait les week-ends chez ses grands parents. Orphelin élevé à l’orphelinat catholique d’à coté, bouk prenait part à la vie de la famille deux jours par semaine, puis repartait chez les sœurs.
Il a ensuite  disparu à sa majorité, recevant toujours l’argent du grand-père mais ne donnant plus aucune nouvelle, tandis que la légende familiale le supposait installé au Cambodge.
Des années plus tard, le récit laisse transparaître la culpabilité, le sentiment d’abandon du narrateur qui revient sur la vie de ces enfants qu’il suppose plus malheureux pour avoir touché du doigt une vie qu’il leur fallait quitter chaque dimanche soir. Il prête à Bouk un rejet et une haine potentiels, alors que lui-même souffre de l’absence et de ne pas savoir.
Puis le jour vient où, enfin, il se rend au Cambodge.

J’ai adoré ce livre. La plume de Jean-Luc Coatalem est fluide et les pages se tournent sans y penser.
J’ai suivi cette quête en espérant, impatiente. J’ai d’abord attendu qu’il se décide à faire le grand saut puis j’ai sué avec lui dans la jungle d’Angkor. J’ai partagé ses réflexions, les détours qu’il s’impose inconsciemment et les obstacles qu’il franchit.
Bien sûr, la fin est prévisible. Il ne s’agit pas d’un thriller. Cela n’enlève toutefois rien au chemin parcouru.

Je dois cependant confesser quelque chose.
Mon plaisir de lecture tient en grande partie au fait que je connais un peu les coutumes cambodgiennes et beaucoup les paysages d’Angkor et de Siem Reap.
Les descriptions fournies me parlaient donc particulièrement et les pages au Cambodge me paraissent les meilleures du roman.
Sur ce point je ne suis donc pas très objective.
J’ajouterai tout de même qu’une partie du roman se passe en Inde et cela ne m’a pas semblé obscur ou impénétrable.
Il est même possible que cette évocation donne envie au lecteur d’aller lui aussi visiter Angkor thom, le Baphuon ou Angkor Vat.

Comme souvent, j’ai quand même un petit bémol à exprimer.
L’auteur choisit à plusieurs reprises de mentionner des marques. Le narrateur achète des fauteuils "Eames" pour remeubler son appartement et changer d’air, il note les renseignements recueillis sur Bouk sur un carnet "Muji"…
Je vous avoue avoir cherché une bonne raison à ces citations. L’auteur souhaite peut-être à exprimer la futilité de son personnage qui s’attache à ce genre de détail, alors que 250 pages plus loin, il aura atteint le détachement et pourra enfin atteindre le but de sa quête.
Mon interprétation est bien bouddhiste...
En attendant, cette version de name dropping m’a parue incongrue.

De même, quelques phrases, très peu nombreuses, m’ont interpellées, comme celle-ci :
« Un soir de juin, alors que les hirondelles affolées par l’orage jetaient leurs pointillés d’ailes dans l’air électrique, il avait pris sa palette, sa valise en toile cirée et jeté son imperméable mastic en travers du bras. » (p. 10)
Mais je vous avoue que je ne sais pas quoi en penser. Je trouve cela très beau, mais le "mastic" me gêne. Et vous ?

Néanmoins, je ne voudrais pas que ces dernières considérations vous empêche de lire ce livre. Je conclurai donc par cette phrase qui résume mon sentiment : c’est un très bon roman, que je recommande.

Je remercie Hélène qui s'occupe de Dialogues croisés et la librairie Dialogues pour envoyer ses livres voyager ainsi. Il est des bonnes librairies comme des personnes que l'on apprécie, on aimerait les avoir toujours près de soi... 


lundi 11 octobre 2010

C'est lundi, que lisez-vous ? 1°

Vue sur plusieurs blogs, cette idée de Mallou me tentait bien depuis deux semaines.
Je ne sais pas si j'aurais de quoi écrire toutes les semaines, mais peut-être tous les 15 jours.
Comme je l'ai déjà dit, mon temps de lecture est parfois accaparé par des livres pro dont je ne parle pas ici et les romans et autres nouvelles prennent du retard.

En ce moment, par exemple, je lis le dernier numéro des Cahiers Pédagogiques sur les Consignes (très intéressant), un livre de synthèse sur le Cadre Européen de référence pour les Langues de Claire Bourguignon (très utile et bien fait) et Apprendre à lire en français langue seconde (éclairant).
Certaines de ces lectures pourraient parfois faire l'objet de billets, surtout quand elles traitent de lecture littéraire.
J'ai quelques idées en têtes, comme La lecture comme jeu de Michel Picard.
A voir...

Mais pour aujourd'hui, revenons-en à nos moutons.


La semaine dernière, j'ai dévoré en quelques jours Le Dernier roi d'Angkor de Jean-Luc Coatalem (billet demain).



En ce moment, je lis Voleurs d'encre de Alfonso Mateo-Sagasta.
C'est une lecture très dense, qui demande un cerveau dédié et concentré. J'atteint difficilement les 25 pages à l'heure, tant il y a d'informations à traiter.
Pour les soirs de fatigue, j'alterne donc cette lecture avec celle du tome 28 de Detective Conan. J'aime bien faire traîner la lecture des mangas japonais, d'autant plus que la forme en épisodes permet de s'arrêter facilement.




La semaine qui vient, je pense terminer Voleurs d'encre et lire le tome 29 de Detective Conan. Si j'ai le temps, je commencerai Juliette de Anne Fortier.



Et vous ? Vous lisez quoi ?






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