jeudi 21 avril 2016

Premières lignes à lire et relire #2

Il y a quinze jours, je vous proposais de découvrir (ou redécouvrir) le début de Salammbô.
Je ne sais pas si cela a donné des envies de lecture à certains d'entre vous, mais je poursuis avec un nouvel incipit.

Comme la dernière fois, j'ai choisi un classique, un de ces romans qui m'ont profondément marqués quand je les ai lu adolescente.
Je garde d'ailleurs un souvenir précis de celui-ci, sans doute entretenu par le film magnifique qui en a été tiré.
A la fois violent, sanglant, et magnifiquement romantique, ce roman commence avec des lignes qui nous plongent immédiatement dans la dualité de l'évènement qui doit être une fête et la violence qui couve sous la fête, qui est déjà là, qui guette et n'attend qu'une étincelle pour s'épanouir et engloutir tout ceux qui seront présents.

Alors ? De quel roman s'agit-il ? 

"Le lundi, dix-huitième jour du mois d’août 1572, il y avait grande fête au Louvre.
Les fenêtres de la vieille demeure royale, ordinairement si sombres, étaient ardemment éclairées ; les places et les rues attenantes, habituellement si solitaires, dès que neuf heures sonnaient à Saint-Germain-l’Auxerrois, étaient, quoiqu’il fût minuit, encombrées de populaire.
Tout ce concours menaçant, pressé, bruyant, ressemblait, dans l’obscurité, à une mer sombre et houleuse dont chaque flot faisait une vague grondante ; cette mer, épandue sur le quai, où elle se dégorgeait par la rue des Fossés-SaintGermain et par la rue de l’Astruce, venait battre de son flux le pied des murs du Louvre et de son reflux la base de l’hôtel de Bourbon qui s’élevait 7 en face.
Il y avait, malgré la fête royale, et même peut- être à cause de la fête royale, quelque chose de menaçant dans ce peuple, car il ne se doutait pas que cette solennité, à laquelle il assistait comme spectateur, n’était que le prélude d’une autre remise à huitaine, et à laquelle il serait convié et s’ébattrait de tout son cœur. "






mardi 19 avril 2016

Si c'est un homme de Primo Levi { Prix Audiolib }

J'ai été très surprise de voir ce livre dans la sélection pour le prix Audiolib.
Ce classique de la "littérature des camps" est un récit qui me faisait un peu peur, qui n'est forcément pas léger et qui est très différent des textes qui l'accompagnent pour ce prix.
Mais c'est aussi une excellente idée de l'avoir enregistré en format audio.


 Capturé en 1943 suite à une dénonciation, Primo Levi est déporté à Auschwitz avec de nombreux juifs italiens dont bien peu reviendront. 
Lors de la sélection, il est envoyé de justesse à Monowitz, camp de travail où il va survivre plus d'une année avant la libération du camp. 
Il raconte ici ces journées de froid, de faim, de fatigue, la souffrance, la déshumanisation, l'incompréhension. 
Son récit est essentiel pour l'Histoire et pour son histoire personnelle également. 

Il m'est difficile de donner un "avis" sur ce roman.
Tout comme Charlotte Delbo, lu il y a longtemps, ou Kinderzimmer, ce sont des récits qui sont nécessaires au devoir de mémoire.
Ils sont plus ou moins romancés, plus ou moins appuyés sur les souvenirs, mais comment les "juger" ?
Le thème lui-même ne se juge pas, il me semble.
Ce qui est arrivé ne doit pas être oublié et c'est important de disposer de ces récits vus de l'intérieur.
J'ai l'impression que la force du texte de Si c'est un homme est plus grande que celle de Kinderzimmer car Primo Levi a vécu Auschwitz, le camp, le travail absurde et la disparition de son humanité.
Il parle de tout cela à un moment où il n'est sans doute pas encore passé à autre chose (1946-1947).

Il y a tout de même des choix d'auteur dans ce récit et on ne peut pas lui refuser le statut d'écrivain, ce n'est pas simplement une compilation de mots.
Il explique toutefois lui-même dans l'interview qui clôt ce livre audio, que le texte est un peu brut.
La suite de ce livre est davantage travaillée apparemment.
Mais il y a tout de même une focalisation sur ce qui fait l'humanité d'un homme, ou au contraire ce qui en fait une bête et lui enlève cette humanité.
Il y a aussi plusieurs références à Dante, à l'interprétation que l'on peut faire de ces textes, signe que malgré la situation, Levi est resté un homme malgré tout et un homme cultivé.

Le récit est moins tragique que d'autres sur le même sujet, car Primo Levi était dans un camp de travail, il décrit les choses de façon un peu détachée, parfois froidement et surtout, il est rentré chez lui ensuite.
Cela permet de lire le récit sans pleurer toutes les trois pages (contrairement à Kinderzimmer par exemple), mais cela n'enlève rien à l'absurdité de l'extermination, à la dureté de ce qu'il a vécu. 

La version audio dure 7h35, ce qui est une durée très raisonnable qui permet de ne pas s'infliger le récit du camp d'Auschwitz pendant une trop longue période.
C'est tout de même un texte éprouvant et la version audio me faisait peur, même si j'avais vraiment envie de le lire.
La lecture de Raphaël Einthoven est très expressive tout en laissant le texte exister.
Il le dit lui-même dans l'interview à la fin où il explique que la lecture doit être à la fois expressive pour ne pas être monocorde, tout en évitant de trop incarner les personnages.
Cette interview m'a vraiment plu pour ce qu'il dit du texte et de sa lecture, tout comme celle de Primo Levi par Philippe Roth qui la précède.
Raphaël Einthoven aborde aussi le problème du devoir de mémoire, de l'humanité des bourreaux et des victimes, du pardon impossible et non souhaitable. 
J'y ai beaucoup appris, c'est vraiment une belle interview à ne pas manquer !! 
C'est d'ailleurs un véritable plus de les versions audios et je suis toujours ravie de voir qu'il y a des interviews en fin de livre audio chez audiolib.
Quand en plus cela éclaire le récit, c'est encore mieux !

Conseiller ce récit me parait impossible et on se doit de ne pas passer à côté tout de même.
Si vous avez besoin de découvrir la vie des camps, si vous sentez qu'il vous manque ce livre à votre pensée, si vous avez envie d'en savoir plus sur cette période de cette histoire, si vous voulez en savoir plus sur la nature humaine, cela pourrait vous intéresser.









dimanche 17 avril 2016

Pasta al chorizo !!

Cette semaine, c'est Asphodèle qui a proposé le thème pour les marmitonnes.
Elle nous a invité à partir en Italie, au moins dans l'assiette à défaut de partir vraiment.
Dès que j'ai lu ce thème, mon esprit est parti en voyage et est allé se promener du côté des gelati, ces glaces fondantes qu'on allait manger à 10h du soir dans une petite rue de Turin.
Il est aussi parti vers la foccacia mangée au comptoir de ce petit bar de Gênes avec une mortadelle si fine que l'on posait dessus avec une petite fourchette.
Il y a encore ce chocolat chaud si épais dans lequel je trempais mon "croissant" trop sucré à la confiture d'abricot, ou ces tramezzinis choisis tous les midis dans ce petit resto où le serveur parlait si vite, ou la pizza al taglio de Sienne et le panforte acheté dans ce magasin spécialisé...




Enfin bref, vous aurez compris que l'Italie, pour moi, c'est très gustatif.
Oh et puis il y a aussi les arancini ou suppli al telefono dont la mozzarella file, file, et le tiramisu bien sûr !!
D'ailleurs, j'ai déjà publié la recette qui est notre préférée à la maison (elle est ici) ou celle des panna cotta, hyper simple et excellente.
Vous avez aussi eu droit à la pâte à pizza la plus moelleuse ici et le risotto vraiment italien (sans crème hein !!).




Mais alors que faire aujourd'hui ?
Je ne suis pas une grande cuisinière et si je rêve de faire des raviolis moi-même, je ne me suis pas encore lancée.
Il y a des tas de plats italiens que je ne mange que là bas, de peur d'être déçue.
Et puis j'avais envie d'un peu de douceur et de faire des crostate, ces petites tartes sablées simplement couvertes d'une fine couche de confiture et d'un grillé de pâte sablée.
Et puis on est allé à la piscine, on est allé à la ferme, et je n'en ai pas eu le temps.




Alors ce sera un plat de pâtes pour ce dimanche.
Mais un très bon plat de pâtes !
Avec un peu d'Espagne dedans parce que mes vacances approchent...

Pour 4 personnes :

  • 250 g de farfalle
  • 1 poivron vert corne de boeuf émincé (des petits poivrons rouges et jaunes dans la recette)
  • 90 g de chorizo en tranche
  • 1 petite boite de mais égoutté et rincé (340g dans la recette)
  • 4 petites tomates coupés en quartiers
  • 1 oignon émincé
  • 1 (grosse) pincée de paprika
  • 1 pincée de coriandre (de la fraiche dans la recette)
  • 2 cs d'huile d'olive
  • sel, poivre
  • 75 cl d'eau
  • Cheddar ou mimolette râpée pour servir

Mettre les ingrédients dans cet ordre dans une grande casserole ou un faitout et faire cuire une quinzaine de minutes en remuant régulièrement.
Il doit rester 2 cm de jus au fond de la casserole.
Servir avec du parmesan, de la mimolette ou du cheddar en lamelle.

Régalez-vous !




Cette recette vient du livre édité chez Marabout Pasta magiques.
C'est assez rare que je fasse plusieurs recettes dans un livre de cuisine, je l'avoue, mais c'est le cas ici !
Ces pâtes sont rapides, simples à faire et pleines de goûts.
Et les recettes sont vraiment variées.

Si vous êtes comme moi fan de la cuisine italienne, je vous conseille aussi ce livre de Carla Capalbo La cuisine italienne qui est une bible incroyable, contenant les recettes exactes que les mammas vous donneront là bas si vous allez les écouter.
Il n'est plus édité, mais on le trouve encore d'occasion.




Je vous souhaite une belle fin d'après-midi avec Pinocchio 
qui arrive directement de Toscane.

D'autres billets sur l'Italie par ici...


















vendredi 15 avril 2016

La photo du mois #19 : la nature en macro

Le thème du mois a été choisi par Laulinéa qui nous a gâté avec une de mes grandes passions : la nature en macro !
Mais du coup, comme d'habitude vous me direz, mais c'était très très dur de choisir une photo.

J'ai donc essayé de trouver un critère de choix qui me permettent de resserrer la sélection.
Je me suis fixé deux objectifs au choix : trouver une photo avec une goutte d'eau (j'adore ça) ou avec un insecte.
Parmi ma sélection restreinte, il y avait une photo avec plein de petites bestioles qui mangeaient mes lys l'été dernier mais c'est trop déprimant (pour mes lys).

Alors voilà plutôt un mélange des deux objectifs et une jolie abeille qui fait simplement son travail ^-^





D'autres photos de nature par ici :

AF News, Akaieric, Alban, Alexinparis, Angélique, Aude, Autour de Cia, BiGBuGS, Blogoth67, Brindille, Calamonique, Cara, Carole en Australie, Champagne, Chat bleu, Chiffons and Co, Chloé, Christophe, Claire's Blog, Cocazzz, Cécile, CécileP, Céline in Paris, Danièle.B, DelphineF, Dom-Aufildesvues, E, El Padawan, Estelle, Eurydice, Eva INside-EXpat, François le Niçois, Frédéric, Gilsoub, Giselle 43, Guillaume, Homeos-tasie, J'habite à Waterford, Josette, Julie, KK-huète En Bretannie, Koalisa, Krn, La Fille de l'Air, Lau* des montagnes, Laulinea, Laurent Nicolas, Lavandine, Lavandine83, Les Bazos en Goguette, Loulou, Luckasetmoi, Lyonelk, magda627, Mamysoren, Marie, MauriceMonAmour, Milla la galerie, Mimireliton, Mireille, Mirovinben, Mon Album Photo, Morgane Byloos Photography, MyLittleRoad, Nanouk, Nicky, Noz & 'Lo, Pat, Philae, Philisine Cave, Pilisi, Pixeline, Renepaulhenry, Rythme Indigo, Sinuaisons, Sous mon arbre, Tambour Major, Testinaute, Thalie, Tuxana, Voyager en photo, Woocares, Xoliv'.






jeudi 14 avril 2016

Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes { Prix Audiolib }

Voilà un très joli texte, extrêmement attendrissant !
Ce tout petit livre audio m'a accompagné un matin, entre mon petit chez moi douillet et mon bureau frisquet sentant encore un peu l'hiver.
Il m'a permis de rester dans une bulle de douceur et de belles émotions jusqu'à Paris.
Ce n'est pourtant pas un livre très gai, autant vous prévenir tout de suite, mais c'est tellement joli (et en poche, il y a même une version longue).


Charlie Gordon a été choisi pour une expérimentation scientifique.
On doit lui faire une opération du cerveau qui le rendra plus intelligent.
En attendant, il doit rédiger son journal et raconter tout ce qui lui arrive.
Bon, au début, ce n'est pas facile.
Charlie ne sait pas trop ce qu'il doit écrire dans son journal...

Le texte de cette nouvelle est très bien conçu.
Au fur et à mesure de l'évolution mentale de Charlie, le style est plus complexe, le texte est plus élaboré.
On sent vraiment ce qui se déroule dans sa tête et comme lui, on ne s'en rend pas compte tout de suite.
C'est lorsqu'il le formule que l'on réalise qu'il a déjà beaucoup changé.

J'ai également vraiment apprécié que le récit soit nuancé, même en étant si court.
Etre très intelligent, ce n'est apparemment pas un cadeau.
Aussi inadapté en étant très intelligent qu'en étant très limité, il ne sait pas comment faire pour s'insérer dans la société car il n'a jamais appris.
Evidemment cela donne à réfléchir sur l'acceptation de l'autre, de la différence, sur la façon dont une société traite ceux qui ne sont pas dans la norme.
Comme il s'agit du journal de Charlie, on a aussi accès à ses pensées et son ressenti, et c'est à méditer.
Est-on vraiment plus heureux en étant plus intelligent ?
Est-on vraiment plus heureux en étant plus civilisé, davantage dans la norme ?
Le progrès (l'avancée que représente cette opération) rend-il plus heureux ?
(vous avez trois heures)

Mais Charlie est aussi soumis aux décisions des 2 chercheurs qui mènent l'expérimentation dont il est l'objet.
Cet aspect de la nouvelle m'a particulièrement intéressée, sans doute en raison de ma profession.
Ces deux chercheurs sont pris dans une querelle d'ego tout à fait vraisemblable (je vous le confirme sans hésitation), mais finalement, cette querelle exprime surtout leur manque de confiance en eux, ce qui est fréquemment le cas dans la réalité des laboratoires universitaires.

Et le lecteur est juste parfait !
Il module sa voix pour exprimer l'état mental de Charlie Gordon et sans que l'on s'en rende vraiment compte, on comprend exactement ce qu'il se passe dans son cerveau.
J'aurais aimé savoir si l'auteur a reproduit la graphie déficiente de Charlie également dans la version écrite, mais il me suffira de consulter le roman en bibliothèque pour le savoir.
Pour découvrir le livre audio, celui-ci peut être idéal.
En une heure et demi, vous pourrez tester votre capacité d'écoute sans trop d'effort pour suivre l'histoire.


C'est donc un livre attachant, bien écrit, attendrissant.
Il donne à réfléchir longtemps après l'avoir refermé, et je vous le conseille vivement.








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