jeudi 17 mars 2011

La vie immortelle d’Henrietta Lacks de Rebecca Skloot


Ce livre est un véritable coup de cœur !
Je l’ai vu sur plusieurs sites qui le proposaient en partenariat, et j’avais hésité avant de le demander. Je m’étais demandé s’il serait vraiment intéressant, si je n’allais pas m’y ennuyer ou ne jamais le terminer.
Un documentaire, ce n’est pas toujours lisible pour l’amatrice de romanesque que je suis.
Après l’avoir lu, je peux vous dire que j’aurais eu vraiment tort de ne pas postuler pour ce partenariat parce que ce livre est passionnant !

A la manière d’un très bon documentaire, Rebecca Skloot raconte plusieurs histoires qui se croisent et s’entrechoquent.
Il y a d’abord sa propre histoire. Rebecca Skloot est journaliste scientifique et mène une enquête sur l’origine des cellules HeLa et sur la personne qui en est à l’origine.
Il y a ensuite l’histoire des cellules HeLa, des cellules quasi immortelles qui se reproduisent à une vitesse incroyable. Ces cellules ont permis de faire des découvertes scientifiques importantes, dans les domaines de la guérison de la polio, du traitement des cancers ou des greffes d’organe.
Il y a enfin celle d’Henrietta Lacks, mère de famille décédée en 1951, victime d’un cancer particulièrement invasif, et de sa famille dont la vie a été plusieurs fois bouleversée à cause de ces cellules. Ses enfants comme ses petits enfants ont subis le contrecoup des diverses mises en lumière du nom de leur mère ou grand-mère sans vraiment comprendre ce qui leur arrivait.

L’auteur a choisi un mode narratif vraiment bien trouvé.
Elle raconte ces différentes histoires en alternant les discours, les points de vue et le narrateur.
Certains chapitres sont tirés du journal intime de Déborah, la fille d’Henrietta. D’autres se présentent sous la forme d’une narration à la première personne, lorsqu’il s’agit du récit de l’enquête de Rébecca et les autres sont à la troisième personne puisqu’il est question de la vie des cellules HeLa.
Ces alternances permettent de ne pas s’ennuyer, mais surtout de faire la part des choses. L’histoire de la famille d’Henrietta n’a rien de commun avec celle de ses cellules. Elle ne peut donc pas être racontée de la même façon.
Ce choix rend ce livre très humain. Malgré la quantité importante d’informations techniques et de précisions scientifiques, le discours est vulgarisé et reste compréhensible pour le lecteur. Les chapitres portant sur les Lacks restent mes préférés, mais j’ai été aussi très intéressée par l’évolution de ces cellules.

Comme je l’ai dit plus haut, il s’agit d’un documentaire et rien n’est romancé mais le style est impeccable, agréable à lire et les pages se tournent comme dans un thriller. Ce livre est passionnant.
Je me suis interrogée sur ce qu’il était advenu à la famille d’Henrietta, sur la destinée de ses cellules et la réalisation de cette enquête. Les personnes citées dans ce livre sont des gens à qui la vie et la société américaine n’ont pas fait de cadeau.
Je ne me suis pas identifiée à eux, mais je me suis interrogée.
Le récit voyage entre les années 1950, les années 1970 et le présent, mais dans les trois cas, le racisme est un facteur aggravant, le souvenir de l’esclavage est vif de tous côté et le mépris est palpable.
Le récit aborde le problème des études médicales faites sur des populations noires sans leur accord, ou le mépris et l’ostracisme dont ils sont victimes. Il met au jour des procédés de recherche où les sujets observés n’étaient même pas prévenus. En tant que chercheur, cela m’a forcément interpellé, même si je suis linguiste et non médecin.

En bref, c’est donc une très belle découverte et un vrai coup de cœur !


Je remercie vivement Blog-O-Book et à Calmann-Levy pour l’envoi de ce magnifique livre en partenariat. 




dimanche 13 mars 2011

Un dimanche sur les canaux d'Amsterdam

En ce dimanche tout gris et bien froid, un petit tour dépaysant s'impose.
Je vous emmène moins loin aujourd'hui, puisque nous ne partons pas en Asie, mais à Amsterdam, sur les canaux qui sillonnent ses rues.











samedi 12 mars 2011

En cas de malheur de Simenon


Encore un gros coup de cœur pour ce petit roman de Simenon !
Depuis deux mois, je choisis les partenariats auxquels je participe avec un peu plus de recul et de réflexion. J’ai eu quelques belles découvertes depuis que je postule, mais aussi des déceptions et vu les trésors de ma PAL, je ne veux plus perdre mon temps. Et je fais bien car les livres lus en partenariat le mois dernier étaient de bien belles pépites.

Quand j’ai postulé pour ce Simenon, j’ai cru que c’était un Maigret. J’avais oublié que Simenon avait écrit plusieurs « romans-romans » (l’appellation, reprise par F. Vargas, est de lui).
Il s’inquiétait en effet de l’attachement du public pour Maigret et comme Leblanc avant lui, il n’était pas satisfait de cette production qui lui semblait d’une qualité inférieure. Au début de sa carrière d’écrivain, il avait aussi écrit sous le nom de George Sim (et sous bien d’autres noms) des romans plus classiques où aucun assassinat n’était commis.
Ce roman a été écrit en 1956, alors que la série des Maigret étaient déjà bien avancée.
Le titre « en cas de malheur » ne me disait rien, mais dès les premières pages, ça m’a rappelé quelque chose.

Maitre Gobillot est un brillant avocat, influent dans le milieu parisien. Marié à Viviane, comédienne célèbre d’une cinquantaine d’années, il mène une vie mondaine et bien rangée, même s’il ne dédaigne pas les maisons de plaisir de temps en temps.
Réputé pour faire acquitter les causes désespérées, il découvre un jour dans sa salle d’attente une jeune femme qui l’attend avec impatience. Elle le suit dans son cabinet et lui explique qu’elle a attaqué un horloger avec l’aide d’une amie pour lui voler sa caisse. Elles ont assommé son épouse qui est à l’hôpital et se sont enfui.
Comme elle n’a pas d’argent pour payer sa défense, elle propose de régler les frais en nature, ce que l’avocat refuse.
Au cours du procès, le public attend de voir Maitre Gobillot à l’œuvre et d’entendre sa plaidoirie.
Mais ce qui va se passer après le procès entre l’avocat et cette jeune femme est nettement plus intéressant…

Si cela vous dit quelque chose, c’est normal. Si vous remplacez l’avocat par Jean Gabin, la belle Vivianne par le visage de Michèle Morgan et Yvette par Brigitte Bardot, vous devriez avoir une image plus nette de ce film que j’ai maintenant grande envie de revoir.
Car ce roman est un vrai régal. Bien construit, très bien écrit, il se présente sous la forme d’un journal intime. Se sentant emporté malgré lui dans une affaire qui risque de le conduire trop loin, il décide de tout écrire pour laisser une trace de l’enchainement réel des évènements. Il ne tente pas de se justifier mais explique ce qui lui est arrivé.
Le lecteur suit l’évolution de ses sentiments, observe la fascination qu’exerce Yvette sur lui. Pendant le procés d’abord, puis chez elle ensuite, il ne peut se soustraire à cette femme que son épouse semble avoir acceptée. Il l’entretient, accepte ses incartades et ses quelques amants passages, mais ne supporte pas qu’elle s’éloigne. Il s’isole et s’enferme entre sa relation et son travail, s’épuise dans cette double vie qui ne le satisfait pas, tout en lui étant indispensable.
Pendant les 200 pages de ce livre, on sent la tension palpable, on attend l’évènement inéluctable qui ne va pas manquer d’arriver.
Je me sius demandée qui allait craquer, puis qui allait mourir. Tout est calme mais on sent la menace sourde qui guette. Les pages se tournent sans même y penser tant on attend quelque chose.
Alors bien sûr, la moralité de Maitre Gobillot peut être discutée, de même que l’attitude de sa femme, mais finalement, ce n’est pas le plus important.

Si vous aimez les romans psychologiques, les thrilles, les romans bien construits et bien écrits, si vous avez aimé le film ou si vous voulez lire un bon roman, jetez-vous sur ce livre.


Merci à Blog-O-Book  et  au livre de poche pour ce partenariat si plaisant.



J'ajoute la Belgique à mon Tour du monde littéraire et une première lecture pour le challenge Littérature Belge.

 


mercredi 9 mars 2011

Le marchand d’éponges de Fred Vargas et Edmond Baudoin


En farfouillant dans ma librairie il y a quelques semaines, j’ai dégoté cette petite bande dessinée inspirée par une nouvelle de Fred Vargas.
J’aime beaucoup Fred Vargas, et j’ai assisté plusieurs fois à des conférences d’auteurs de roman policier noirs, comme Jean-Bernard Pouy, qui veulent ouvrir le genre à des genres connexes, eux aussi rejetés. La BD entre dans cette catégorie car elle est souvent considérée comme un genre mineur par les peintres ou par les auteurs de littérature. Elle n’est ni une œuvre picturale, ni un récit narratif « pur », ce qui lui confère une position mixte parfois inconfortable.
Le roman policier est dans la même position, à la fois œuvre romanesque et paralittérature considérée comme vite faite et de piètre qualité, alors que certaines œuvres sont dignes de textes reconnus par les plus grandes institutions.

Le style de l’auteur passe toutefois au second plan, ici, face au dessin et à la plume d’Edmond Baudoin.
En noir et blanc, l’histoire se déroule dans une vision noire et sombre de Paris qui correspond tout à fait à l’idée que j’en ai à la lecture des romans de Vargas.
Adamsberg est dégingandé juste comme il faut, la ville est parfois vide, parfois pleine de monde et laisse les personnages se débattre dans ses rues.

L’histoire est toute simple.
Un sdf qui vend des éponges pour gagner quelques euros par jours, s’apprête à passe la nuit sur une grille de métro, quand une femme se fait tirer dessus sous ses yeux.
La police arrive et l’embarque comme témoin pour l’interroger.
Adamsberg, commissaire chargé de l’affaire, doit tout faire pour recueillir un maximum d’informations.

Cette nouvelle vive et précise n’est pas construite pour que le lecteur trouve le coupable, mais pour qu’il assiste à l’enquête. D’ailleurs, on ne sait même pas qui il est.

J’ai été un peu troublée par le dessin au début, mais on s’y fait vite et la structure des pages est également intéressante.
Les cases ne sont pas toujours réparties de la même façon, et quand Adamsberg transgresse les règles, les limites disparaissent aussi de la page.

Ce petit librio se présente dans un format réduit, mais avec des pages en papier glacé. Son prix est donc un peu plus élevé, ce qui se justifie pleinement.
Une petite lecture à recommandé, donc !



Cette petite BD vient s'ajouter aux challenges suivants :  la BD du mercredi de Mango, la PAL sèche du Bar à BD et  le challenge BD de M. Zombi.





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