mardi 31 août 2010

Au Bon Roman de Laurence Cossé

Pralines a proposé il y a quelques semaines un challenge à partir du roman de Laurence Cossé intitulé Au bon roman.
La liste impressionnante des romans cités dans ce livre m'a intrigué, et lors d'un passage dans ma librairie préférée, je n'ai pu résister à la tentation de mettre ce livre dans mon panier. Édité en Folio, il ne faisait pas un gros trou dans mon budget, et la quatrième de couverture était plutôt alléchante.
Il s'agissait de personnages « tendres », de « librairie idéale », de « chefs-d'œuvre », d'un « ancien routard devenu libraire » ou d'une « mécène mélancolique ».

Je partais donc avec les meilleurs a priori.
Pourtant, en lisant les premières pages, j'ai eu pas mal de difficultés et j'ai failli laisser tomber le roman plusieurs fois. Le narrateur intervient de manière tranchée dans un récit très classique par ailleurs. Ce sont de petites phrases, mais leur irruption m'a gêné. Elles contredisent ce qui vient d'être dit, sans que cela amène véritablement quelque chose à la narration. Je me suis demandé ce que l'auteur voulait exprimer sur son narrateur en procédant ainsi, mais il me semble que cela n'apporte pas grand chose. On devine immédiatement que le narrateur est un individu qui est impliqué dans l'histoire.
Passées les 50 premières pages, j'ai sans doute fini par m'habituer, mais je ne regrette pas du tout d'avoir persévéré !

Van est un petit libraire insatisfait qui se refuse à vendre les mauvais romans commerciaux que produisent les maisons d'édition chaque année. Mais la librairie où il travaille n'est pas à lui, et son patron décide de le virer. Francesca cherche un libraire pour mettre en œuvre un projet qui lui tient à cœur depuis longtemps : ouvrir une librairie où ne seront vendus que les bons romans. Ces deux là étaient faits pour se rencontrer. Mais comment choisir ces romans ? Un comité secret de huit écrivains va être constitué, chacun devant fournir une liste de noms. Seuls Van et Francesca connaissent les noms des membres du comité, le secret garantissant l'objectivité du choix.
Mais voilà, les membres du comité sont agressés les uns après les autres et la librairie est attaquée de toutes parts... Désigner les « bons » livres ne plait pas à tout le monde !

L'intrigue développée permet à l'auteur d'aborder des problématiques qui me touchent particulièrement. Qu'est-ce que la « bonne » littérature ? Comment peut-on dire d'un livre qu'il appartient à la littérature ? Et cette littérature élitiste peut-elle réellement être définie autrement que par l'institution ou doit-elle l'être par certains lecteurs ? Faut-il bruler les livres qui ne trouvent pas grâce à leurs yeux ? Faut-il jeter l'anathème sur les lecteurs qui ne peuvent pas ou ne se sentent pas capable de lire ces livres ? Le ressenti est effectivement très important dans cette affaire.

La réponse proposée ici est elle-même à interroger. Le comité de sélection est composé d'écrivains considérés comme des lecteurs. C'est ce statut qui importe pour le choix des romans, mais leur statut d'écrivain reconnu est tout aussi important. Ce sont des figures de l'institution et ce caractère institutionnel est censé garantir leur aptitude à faire un choix. Alors, bien sûr, les clients font des propositions, mais elles sont soumises au comité !

J'ai toujours des difficultés à rejeter ainsi une partie du lectorat en rejetant une partie (la plus grande) de la production. Certes, de nombreuses biographies de footballeurs gagneraient à ne pas être imprimées, mais si un Harlequin (XD) ravi une mère au foyer pendant ses vacances, pourquoi pas ?
Les librairies, qu'elles soient des petites ou des grandes surfaces, ne représentent que 39% des ventes de livres. Tout le reste est acheté en grande surface, en maison de la presse ou dans des kiosques. Si ce type de librairie est bien séduisant, je reste tout de même sceptique.

 Ce qui ne veut pas dire que je sois contre la littérature. Au contraire. Je trouve même qu'il faudrait l'imposer davantage dans nos classes (dans les lycées professionnels par exemple). Mais je suis sûrement pervertie par ma fonction de prof de langue étrangère. Quand une de mes étudiantes américaines a lu un Harlequin jusqu'au bout, c'est une grande victoire que nous fêtons dignement. Il en est de même si elle a lu Le Petit Prince !
La littérature est vaste pour convenir à tous les lecteurs. Pourquoi la restreindre ?

Je pense que ce billet a besoin d'un petit récapitulatif en guise de conclusion.
Après quelques pages difficiles, j'ai donc beaucoup apprécié cette lecture !
Elle m'a fait réfléchir, elle m'a interpellé, ce qu'on demande à un bon livre.
Elle a également entrainé une augmentation de ma PAL (Fuyez si vous ne voulez pas qu'il vous arrive la même chose ! ).
Et je pense que ce challenge ne trouve son sens qu'après cette lecture. Sans cela, il n'est qu'une accumulation.
Petit bémol : la fin me semble trop rapide ! Elle laisse un goût amer où rien ne semble achevé.



Un livre de plus lu pour ma PAL et un deuxième livre lu pour le challenge "au bon roman".

dimanche 29 août 2010

Une vieille bibliothèque

Aujourd'hui, une très vieille bibliothèque où on ne range plus aucun livre et qui est super facile à trouver.

On rangeait autrefois les livres religieux, les écrits royaux et les états civils dans ces lieux construits en pierre.
Cela permettait de réduire l'humidité, d'éloigner les rongeurs et de protéger les textes importants.
Chaque temple en possédait une ou deux, situées de chaque coté de la voie royale d'accès.





D'autres périls ont dévasté ces bibliothèques depuis leur construction, mais les plus importantes sont restaurées ou en restauration. 

Et voilà un super méga indice en arrière plan : 


Alors ? 
C'est où ? 

Edit : Trop fortes les filles ! 
Eh oui, c'est bien Angkor Vat !!

Décidément, je ne change pas beaucoup de coin :)


vendredi 27 août 2010

L'Astrée d'Honoré d'Urfé

J'ai un (petit) stock de Classiques qui traine sur mes étagères depuis la fin de mes études de lettres (il y a plusieurs années).
Je me dis toujours, avec un peu de mauvaise conscience, que je les lirais plus tard, qu'il faut garder « une poire pour la soif », un bon livre à lire en cas de pénurie (Hahaha ! Une pénurie de livre chez moi ! Cette blague !).
 Parmi ces livres, on trouve La Religieuse, Les beaux quartiers ou la Goutte d'or.
On trouvait aussi L'Astrée d'Honoré d'Urfé, mais ça y est, je l'ai lu.

Le résumé de l'un des premiers romans chorales de la littérature française est difficile à faire.
Publié en plusieurs livraisons, de 1607 à 1627, il est composé de 6 parties.
Les trois premières ont été écrites par d'Urfé mais lorsqu'il décède, la quatrième partie entamée est terminé par son secrétaire. L'édition Folio présente une 5e et une 6e parties, probablement rédigées par le Sieur de Gaubertin, qui sont assez différentes des 4 premières.

L'histoire principale de l'Astrée, relativement connue, est centrée sur les personnages d'Astrée et de Céladon.
Au 5e siècle, dans le Forez, deux bergers s'aiment d'un amour parfait. Malheureusement, à la suite de perfidie et d'illusions, Astrée croit que Céladon la trompe. Elle le chasse donc et lui interdit de la revoir. Désespère, Céladon se jette dans le fleuve. Heureusement, il est sauvé par la princesse Galathée qui tombe amoureuse de lui. Trop malheureux, il la repousse et va s'installer dans les bois. Pendant ce temps, Astrée s'est aperçue de son erreur et est rongée par le remord.
C'est alors qu'un druide propose à Céladon de se travestir en femme pour approcher Astrée sans courir le risque d'être repoussé. Déguisé en Alexis, Céladon devient l'amie d'Astrée. Mais elle ne tarde pas à le reconnaître et lui ordonne de mourir pour expier cette tromperie. Elle promet aussi de ne pas lui survivre.
Les deux amants se rendent donc à la fontaine de vérité pour être dévorés par les bêtes qui la gardent, et apprennent alors qu'ils ont été victimes d'un enchantement. Enfin délivrés, ils repartent unis et heureux.
La princesse Galathée est aussi l'héroïne d'une intrigue secondaire, puisqu'elle est aimé par le guerrier Polémas, fin stratège, qui convoite la jeune femme et le trône dont elle héritera à la mort de sa mère. Là encore, l'histoire se termine bien et le guerrier est éliminé au profit de l'amoureux de la princesse, Lindamor.
Au fil du récit, les personnages racontent des histoires secondaires dont ils sont censés s'inspirer pour leur propre vie. C'est ce qui permet de dire qu'il y a plus de 40 histoires dans ce roman.

Bien entendu, pour lire ce roman, il faut se mettre dans l'esprit.
L'écriture du 17e siècle n'est pas spécialement en vogue de nos jours et on peut être un peu désarçonné. Mais j'aime chercher les clés de ce genre de roman, essayer de deviner quel est le personnage de cour décrit sous un autre nom. 
L'auteur voulait proposer aux aristocrates de son temps un modèle moral, politique, philosophique. Le roman présente le principe d'une « honnête amitié » et se veut un « miroir des princes ». Une fois ce présupposé énoncé, c'est plutôt amusant à lire. Il y a de nombreux rebondissements et les personnages reparaissent régulièrement, l'auteur ayant construit son œuvre de façon assez ordonnée.
J'avais déjà lu le Roman comique (oups) Bourgeois de Scarron que j'avais beaucoup apprécié (mais il est inachevé). J'ai bien aimé celui-ci aussi.

Cette lecture est la troisième pour le challenge ABC et ma contribution pour aout au challenge J'aime les Classiques

mercredi 25 août 2010

Le retour de l'objectif PAL

Je ne suis pas là depuis longtemps, mais j'avais vu passer le petit logo de l'objectif PAL sur de nombreux blogs depuis l'an passé.
Malgré une frénésie de clics divers et variés sur plusieurs blogs, je n'étais pas parvenue à remonter jusqu'à l'auteur de ce challenge ambitieux.
J'avais donc bidouillé mon propre logo avec ce fidèle Caliméro.
                   
Et voilà qu'elle a remis ça et que cette fois, je l'ai trouvé.
C'est Antigone qui a eu cette idée salvatrice pour notre mauvaise conscience, de vider nos PAL et d'en faire un challenge.

Quoique je dois vous faire un aveu, je n'ai aucun scrupule à avoir une longue PAL. J'ai un défaut, j'achète des livres quand je ne vais pas bien et également quand je vais bien. C'est un peu compulsif (ça et les t-shirts Petit Bateau XD) et ça ne fait mal qu'à mes étagères.
J'ai toujours peur de manquer de lecture, de ne pas avoir en réserve ce que justement, là, maintenant, j'ai envie ou besoin de lire.
Ça ne vous fait pas ça, à vous ?

Alors c'est vrai, ça donne une PAL de 120 livres, un compte rond jusqu'à ma prochaine visite en librairie.
Mais pour l'instant, j'ai regroupé tous mes livres, je les ai triés, et j'en ai 115 à lire, 5 ayant été lus depuis le début de ce blog.
Je pourrais clore là ma PAL et mettre ailleurs les prochains achats, mais comme chacun le sait, un achat compulsif ne signifie pas une lecture immédiate. Cette PAL me sert donc un peu de pense-bête et je continuerai à l'alimenter au fil des achats.

Si j'ai bien compris les règles pour cette année, il ne s'agit pas de vider sa PAL, mais de lire un livre inscrit dans celle-ci par mois. Ça devrait être faisable.

Et vous, ça vous tente ?

mardi 24 août 2010

La Dame de feu de Marguo Maguire [Harlequinades 2010]

Quand je me suis décidée à lire un Harlequin pour le challenge des Harlequinades 2010, j'ai commencé par chercher dans ma bibliothèque ceux qui subsistaient de ma période de lecture intensive de romans sentimentaux.
Classés dans la catégorie des romans paralittéraires, ces ouvrages se positionnent sur une échelle de valeur propre à toute la littérature, qui permet par opposition de définir les genres qui lui sont opposés. En clair, cela signifie que le roman sentimental est en bas de l'échelle, puis on trouve le roman de science-fiction (je vais vite, bien sûr), et le roman policier à la frontière de la littérature. Ensuite on passe au roman qui n'a pas besoin de se présenter muni d'un qualificatif. Un « roman » est forcément littéraire, tandis qu'un roman policier, en plus d'être policier, est aussi « para » littéraire.
Je vous rassure, le roman sentimental n'est pas le pire que l'on puisse lire (j'utilise le terme « pire » sans le penser forcément). Tout en bas de l'échelle fixée par l'institution littéraire (école, critique, recherche universitaire), on trouve le roman pornographique.
Comme quoi, on peut toujours trouver plus mauvais.

Après ce quart d'heure théorique, venons-en à ce superbe roman, épique et plein de rebondissements.
J'ai donc lu La Dame de feu, de Margo Maguire.
Parmi les auteurs de chez Harlequin, celle-ci est une de mes préférées, avec Anne Herries, Paula Marshall et Sheri anton. Eh oui, même là, il y a de meilleures auteures que les autres.
J'ai aussi une préférence marquée pour les « Historiques », que cela se passe au Moyen Age ou au 19e siècle.
Le roman présente généralement une première page intitulée « à cette époque », qui permet à la lectrice de connaître les informations essentielles à la compréhension du cadre historique, comme les intrigues politiques, les guerres ou les complots éventuels. Vous me direz que dans un roman « classique », l'auteur distille ces informations dans les 50 premières pages et il relève d'ailleurs de son talent personnel de les faire passer sans le montrer.
Oui, mais voilà, en tant que lectrice d'Harlequin, cela ne m'intéresse pas plus que ça ! Ce qui va me passionner, ce sont les évolutions des sentiments des personnages, les obstacles qu'il leur faudra affronter et non le cadre historique !
Cette première page est donc bien pratique.

Dans la Dame de Feu, Keelin, jeune princesse irlandaise, fuit le clan opposé au sien en tentant de protéger la lance sacrée qui lui permet d'avoir des visions du futur et de protéger les siens. Réfugiée au pays de Galle avec son vieil oncle aveugle, elle sent qu'il va lui falloir rentrer prochainement chez elle mais les dangers de la route sont nombreux pour cette belle jeune femme :
« il admirait sa beauté pleine de fraicheur avec sa peau blanche comme un lys et le teint légèrement rosé de ses joues, ses yeux d'un vert profond et ses cheveux noirs et luisants ».
Soudain surgit Marcus, jeune comte dont la troupe vient d'être attaqué sur la route proche. Les brigands (des Irlandais à la recherche de Keelin) viennent de tuer son père et de blesser gravement son jeune cousin. Heureusement, Keelin est guérisseuse et entreprend de le soigner. Elle va ensuite suivre le comte dans son château pour continuer à soigner le jeune blessé.
Tiraillée entre son devoir de princesse irlandaise qui doit rentrer chez elle et la sécurité qu'elle a trouvé dans ce château, Keelin ne se résout pas à quitter Marcus. Il faut dire qu'il a des arguments :
« Il avait les cheveux d'un blond de blé qui ondulaient comme les épis dans la brise alors qu'il retirait sa cotte de mailles. Il portait au dessous une tunique aux fines broderies dont il retroussa les manches sur ses bras nus. »
Mais il y a aussi au château Iseut, une parente pauvre qui a caressé l'espoir de devenir un jour comtesse de Wrexton. Et Iseut va tout faire pour éloigner Keelin de Marcus.

Comme nous sommes chez Harlequin, je ne vous cache pas qu'ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants  ! :)
Et c'est justement cela qui plait aux habituées de ces romans. Nous qui sommes habitués à autre chose, à s'interroger, à être surpris en tournant les pages, il nous est difficile de trouver un intérêt à ces lectures. C'est que nous maitrisons des codes de lecture qui ne sont pas universellement partagés !
C'est dommage, me direz-vous. Certes, mais je ne peux m'empêcher de trouver cela bien qu'il y ait des lectures pour tous, petits ou grands lecteurs, plus ou moins cultivés quant au champ littéraire.

Alors quand j'ouvre un Harlequin, je ne suis pas la même lectrice. Je cherche au contraire à identifier les stéréotypes, à mesurer l'écart que s'est permis l'auteur entre le canevas imposé par les éditions Harlequin et la liberté qu'il pourrait souhaiter. Et c'est là qu'une lecture multiple est intéressante, dans le renouvellement des procédés. C'est aussi pour cela que je peux vous dire que certains auteurs sont meilleurs que d'autres.
Cette variation reste toutefois du domaine de l'architecture générale du roman. L'écriture est toujours sensiblement identique.

Et pourtant, voilà une petite pépite trouvé dans la Dame de Feu :
« Marcus aimait la lecture. C'était l'un de ses plus grands bonheurs de s'enfermer dans cette chambre et d'y lire et relire les superbes ouvrages ornés d'enluminures qui nourrissaient les sens et l'esprit. »
Vous vous rendez compte ? Un homme qui lit, et qui plus est un chevalier du Moyen Age qui fréquente habituellement les salles d'armes et non les cabinets de lecture !
(Bon, je passerai sous silence le fait que les chevaliers n'apprenaient pas à lire. C'était un signe de faiblesse qui entachait irrémédiablement la réputation d'un homme !)

Je dois bien avouer tout de même que j'avais déjà lu ce roman, probablement l'an dernier à la même période, mais je ne m'en suis aperçue qu'à la moitié du livre. Comme quoi, ces Harlequin ne laissent pas un souvenir impérissable dans ma mémoire de lectrice.
Et ne serait-ce pas le propre des bons livres, que de s'inscrire durablement dans les pensées et dans la vie de leur lecteur ?
ff

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