mardi 10 septembre 2013

Le cas Eduard Einstein de Laurent Seksik

Certains romans sont choisis pour des raisons obscures.
Une jolie couverture, un titre accrocheur, un auteur auquel on fait confiance, un éditeur qui ne nous déçoit que rarement… tout cela peut nous pousser à mettre un livre dans notre panier.
Ensuite, rien ne dit que ce même livre nous plaira.
Il n’y a plus qu’à espérer.

Pendant la rentrée littéraire, il y a tellement de romans publiés qu’il est parfois difficile de s’y retrouver.
On finit alors par se diriger vers ce qui nous paraît le plus proche de nos goûts habituels.
J’ai ainsi choisi ce roman en faisant confiance à l’éditeur.
Quand je lis des livres édités par Flammarion à la rentrée littéraire, j’en aime généralement un sur deux, et le second ne me déplaît pas complétement.
J’ai donc pris celui-ci en toute confiance, me basant aussi sur ma curiosité pour les enfants des personnes célèbres (je suis un peu midinette sur les bords).

Être le fils d’Albert Einstein est plus facile à dire qu’à faire. Surtout quand le père en question n’est plus apparu depuis plus de 10 ans.
Albert a rencontré Mileva à Zurich pendant leurs études. C’était une jeune femme brillante.
Ils ont eu trois enfants dont deux ont survécu, avant de partir vivre à Berlin.
Mais à Berlin, Albert n’est plus celui qu’il était à Zurich, Milena est souvent seule.
Le laissant à sa nouvelle vie (et ses conquêtes), elle choisit de rentrer à Zurich avec ses deux fils. Albert ne viendra que rarement les voir.
Peu après ses 20 ans, Eduard, le fils cadet, entend des voix et se sent attiré par le vide. Quand il se bat avec sa mère, son médecin décide de l’interner au Burghölzli.
Il y restera jusqu’à sa mort, ne sortant que pour quelques permissions de weekend ou pour les vacances…

L’auteur de ce roman très original a choisi de s’appuyer sur la vie de personnages réels.
Cela pourrait être très risqué, mais c’est au contraire très réussi !
La vie d’Eduard Einstein, a priori peu intéressante, devient un excellent moyen de parler d’Albert Einstein, ainsi que de la schizophrénie, du traitement des malades ou de la vie de famille et de la relation père-fils.
Tout ceci se confond dans un récit polyphonique où chacun retrouve le droit à la parole.

L’une des particularités de ce livre réside effectivement dans l’alternance des chapitres.
Eduard prend directement la parole et exprime son désarroi face à son incompréhension du monde.
Le narrateur reprend ensuite la main et se focalise sur Albert ou sur Mileva.
L’alternance est aléatoire et surprend parfois le lecteur.
On suit avec un peu de pitié la lente évolution de la maladie chez Eduard, la souffrance de Mileva qui est de plus en plus seul et celle d’Albert qui s’enfonce dans sa solitude.
Évidemment, c’est Albert qui semble le plus en cause, alors qu’il disposait de moyens et d’une célébrité qui lui permettait de faire apparemment ce qu’il voulait, mais l’auteur décrit un homme isolé, attaqué en Amérique, et désemparé face à ce qui lui arrive.
Personne n’aura été heureux et mettre tout cela sur le compte de la célébrité semble bien trop facile.

Tout ceci fait de ce roman un livre sensible, avec une écriture travaillée et très belle, qui présente une fine analyse de ces personnages historiques tout en utilisant une solide documentation.
L’alternance narrative permet d’éviter les lourdeurs et crée une émotion qui ne peut que toucher le lecteur.
Je ne connaissais pas cet auteur, mais si je croise un autre de ses romans, je pense que je me laisserai tenter sans problème.

Si la vie privée d’Einstein vous intéresse, si les histoires de famille tourmentée vous plaisent, si vous cherchez un beau roman sensible, celui-ci pourrait bien vous plaire.


Merci à la librairie Dialogues pour cette lecture et à l’opération Dialogues croisées.



 





Je remercie la librairie Dialogues pour cette lecture. 









lundi 9 septembre 2013

C'est lundi, jour de pluie !

Les valises sont bien rangées, le soleil s'en est allé, la température a baissé, cette fois-ci je crois que l'été
est bien fini !

Et pourtant, le livre commencé en cette fin d'été n'est pas terminé.
C'est un pavé, et les vacances n'étaient pas propices à la lecture.
La semaine passée ne l'a pas été plus, la rentrée apportant son lot de trucs urgents qui apparaissent comme par magie.

Je reprends les cours dans une semaine, alors je vais essayer tout de même de terminer ce roman, La longue attente de l'ange, et je suis sûr de finir celui que je trimbale dans mon sac pour lire dans le train : La disparue du Père Lachaise, beaucoup plus facile à lire.

 


Je vais aussi essayer de reprendre les publications des billets de la rentrée littéraire et des billets en retard.
Cette semaine, j'en suis à 4 billets publiés sur 17 en retard. La liste s'allonge évidemment, mais j'ai prévu de publier deux billets en retard cette semaine : Les voix du crépuscule et Chroniques de Jerusalem.
Je vous prépare aussi trois petits concours assez éclectiques pour les semaines à venir.
Rendez-vous sans doute en fin de semaine pour démarrer, puis les semaines suivantes pour la suite.
Il n'y a pas de raison de se laisser aller, la rentrée n'aura pas notre bonne humeur !

Je vous laisse avec une adorable petite vidéo pour finir.
Ce papa a envoyé les jouets de ses enfants dans l'espace ! Mais vraiment ! Ils sont montés au dessus de l'atmosphère !
J'ai trouvé cela super poétique.



Je retourne à mes billets à écrire, 
bonne semaine ! 




lundi 2 septembre 2013

☕ On y retourne ! ☕

Voici deux ans que je n’ai plus à me soucier de mon avenir professionnel.

J’ai toujours su ce que je voulais faire quand j’étais petite.
Bien sûr, il y a eu des errements, des choix possibles que je voyais comme des rêves qui ne se réaliseraient jamais, des vies entrevues et consciemment refusées.

J’ai rêvé d’une vie d’expatriée, d’un métier artistique, d’une vie de metteur en scène…
J’ai fait du théâtre, j’ai suivi des cours de dessin.
Si on ne m’a pas particulièrement encouragé à suivre la première voie, la seconde m’a toujours été conseillée.
Les ados sont têtus, mais aussi réalistes.
Je me voyais bien faire une fac de théâtre (je me savais trop mauvaise comédienne pour tenter le conservatoire comme mes camarades de section théâtre).
Par contre, que faire après les beaux-arts ? Prof d’art plastique ? Bof.

Et puis finalement, la vie parisienne étant trop onéreuse, je me suis résignée à suivre l’autre voie, celle que me soufflait une petite voix depuis bien longtemps, depuis l’école primaire si j’en crois mes cahiers.
Car voyez-vous, j’étais aussi une petite fille très décidée et j’avais décidé d’enseigner.
Mais je ne voulais pas être maîtresse.
Moi, ce que je voulais, c’était apprendre le français à ceux qui ne le connaissaient pas.
Ça collait avec les voyages, un emploi du temps relativement aéré, une certaine liberté dans mon travail, tout ce que j’aime.

La vie d’expat n’est toutefois pas de tout repos, qui plus est pour un enseignant de français.
Il faut accepter des salaires dérisoires, des emplois précaires, des situations parfois délicates.
Mais ce qui est le plus difficile, c’est souvent le retour.
Ma petite expérience m’a montré qu’une fois partie, on n’est plus d’ici, mais pas non plus de là-bas.
Cela ne se décrit pas, cela ne se comprend pas, cela se partage entre expatriés.

Alors j’ai poursuivi mes études, j’ai insisté, je me suis fixé un but inatteignable pour la plupart des candidats.

A force de sollicitations et d’encouragements, je me suis dit qu’il n’y avait pas de raison que je n’y parvienne pas.
Après le doctorat, j’ai attendu un peu, nous sommes beaucoup et je manquais de ce que l’on nomme poliment l’entregent.

Et finalement, je l’ai eu ce poste qui fait rêver. J’enseigne et je suis fière de le faire.

Je ne vous dirais pas que c’est facile tous les jours, il y a parfois des conflits avec les collègues, des étudiants pas sympas, des cours qui ne me plaisent pas.
Il y a aussi des félicitations, des discussions enrichissantes, des projets de recherche enthousiasmants, des étudiants motivés, des colloques intéressants, un emploi du temps bien condensé (compensé par un salaire moyen pour le poste et le niveau d'étude), un bureau confortable, des cours motivants, de belles rencontres, une vie intellectuelle enrichissante…

Voilà pourquoi j’y retourne avec plaisir aujourd’hui !



Bonne rentrée à vous aussi !!


Cartable cool pour pré-rentrée



jeudi 29 août 2013

Retour...

Rentrer chez soi après 10 jours à la mer...

Retrouver son lit et y passer enfin une bonne nuit,

Découvrir des hybrides dans son jardin comme ce rosier-potiron,

Vider ses valises et y trouver du sable,

Repenser à la dernière baignade au soleil,

S'apercevoir que ses heures comp n'ont pas été payées,

Reprendre le rythme plus facilement que prévu,

Avoir envie de travailler et s'y remettre avec plaisir,

Remplir son frigo de bonnes choses en faisant attention aux méchants glucides,

Avoir envie de bloguer mais pas d'écrire un billet de lecture,

Découvrir des livres dans sa boite aux lettres dont un magnifique,

Compléter sa PAL avec les livres achetés pendant les vacances,

Avoir envie de cuisiner des gougères,

Changer un peu de musique dans la playlist,

Avoir envie de faire des petits concours sur mon blog,

Noter le rendez-vous chez le dentiste,

S'apercevoir que les fanfreluches accrochées à mes sacs ont en grande partie disparu pendant l'année (sans doute dans le métro ou le bus...),

Mettre de côté les livres à rendre à la BU,

Commander ceux qui sont les plus intéressants,

Ne pas acheter de cartable neuf,

Recevoir sa feuille d'impôt et devoir payer le double sans comprendre,

Ranger un joli petit stylo et un petit portemine dans ma trousse pour la rentrée,

Découvrir le nouveau Marie Claire Idées en buvant une tasse de thé,

Remonter sur mon vélo d'appartement,

Visiter les blogs des copines,

Mettre des photos sur Instagram,



Reprendre une tasse de thé... 










vendredi 23 août 2013

Les évaporés de Thomas B. Reverdy

Ce roman est le premier du cru 2013 de la rentrée littéraire qui m'est tombé entre les mains, et c’est vrai un coup de cœur !
Je l’ai choisi parmi d’autres, il se déroule dans un pays qui me plait et le sujet me tentait aussi.
Il partait donc avec une longueur d’avance, ce qui fait que je vais tenter de détailler mon billet, car je ne sais pas s’il peut plaire à tous et je ne voudrais pas vous tromper sur la marchandise ^-^.

Mais parlons d’abord de l’histoire.

Kaze quitte son domicile, sa femme, sa vie.
C’est ainsi qu’il se fera appeler à présent, refaisant sa vie avec quelques cartons.
Il n’existe plus pour l’administration.
Sa vie s’est évaporée, c’est d’ailleurs ainsi qu’on appelle les gens comme lui au Japon : les évaporés.
Richard B. vit sa vie comme il peut à San Francisco.
Il est poète, mais pas seulement.
Il est aussi amoureux.
Yukiko habite aussi San Francisco. Elle a aimé Richard B. mais ce n’est plus le cas.
Quand son père disparaît, elle obtient sans délai le soutien de son ami pour l’aider à le retrouver.
Et les voilà tous deux dans un avion à destination de Kyoto…

Le début du roman se lit sans déplaisir.
On apprend à connaître ces personnages en quelques mots bien choisis, et ils acquièrent une psychologie et une épaisseur très rapidement.
Je me suis vite trouvée prise dans cette histoire et j’ai eu envie d’en savoir plus, de les suivre, de les découvrir.
Plus question de les lâcher au bout de quelques pages !


Je me suis ensuite demandée ce qui m’avait séduite à ce point.
La structure du roman, tout d’abord, permet de suivre chacun des personnages principaux. D’un chapitre à l’autre, on change de focalisation et de personnage et on peut se consacrer à l’un d’entre eux pendant quelques pages avant d’en retrouver un autre.
Les chapitres sont aussi assez courts, créant un rythme assez rapide.
Il se passe toujours quelque chose sans qu’il n’y ait de suspense malvenu.
Les chapitres s’allongent ensuite, quand on entre dans le vif du récit.

Le style de l’auteur est aussi parfois très travaillé.
Il serait trop long de vous citer le passage ici, mais à un moment du récit, la narration passe du point de vue d’un personnage à un autre de manière imperceptible, en passant par le paysage, ce qui est juste magnifique.
L’écriture est belle, expressive, les décors sont retranscris par le ressenti des personnages, ce qui les humanise.
J’ai eu l’impression que l’auteur exprimait sa préférence pour une vision intime des paysages.
Il évoque d’ailleurs la vision sublimée que chacun conserve de son pays natale, même si on ne l’a pas quitté.

Le Japon est également très présent dans ce roman qui n’aurait pas pu se passer ailleurs.
J’ai eu un peu peur quand j’ai vu qu’il était question de Fukushima.
J’ai crains un roman catastrophiste, ce qui n’est pas du tout le cas.
On découvre avec un peu d’horreur ce que la zone contaminée est devenue aujourd’hui, et si je m’interroge encore un peu sur la théorie développée par l’auteur (la tentation du complot est toujours tellement forte), elle ne m’est pas indifférente.

J’ai eu un peu de mal à finir ma lecture, comme je vous le disais ici, parce que je ne voulais pas quitter cette histoire.
Je pressentais la fin, sans savoir dans quelle direction elle allait partir, tout en espérant qu’elle serait soignée, et c’est le cas.

Vous lirez que ce roman se lit comme un roman policier.
Certes, il est question de détective privée et d’enquête, mais cela va bien au delà.

Si vous aimez le Japon, si vous avez envie de lire une belle histoire bien ficelée tout en n’étant pas simpliste, si vous cherchez un roman fort qui vous fera voyager, vous pourriez bien être séduit.


Courrez chez votre libraire, il sort aujourd'hui ! 





Je remercie la librairie Dialogues pour cette lecture. 








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