Certains romans sont choisis pour des
raisons obscures.
Une jolie couverture, un titre accrocheur,
un auteur auquel on fait confiance, un éditeur qui ne nous déçoit que rarement…
tout cela peut nous pousser à mettre un livre dans notre panier.
Ensuite, rien ne dit que ce même livre
nous plaira.
Il n’y a plus qu’à espérer.
Pendant la rentrée littéraire, il y a
tellement de romans publiés qu’il est parfois difficile de s’y retrouver.
On finit alors par se diriger vers ce qui
nous paraît le plus proche de nos goûts habituels.
J’ai ainsi choisi ce roman en faisant
confiance à l’éditeur.
Quand je lis des livres édités par
Flammarion à la rentrée littéraire, j’en aime généralement un sur deux, et le
second ne me déplaît pas complétement.
J’ai donc pris celui-ci en toute
confiance, me basant aussi sur ma curiosité pour les enfants des personnes
célèbres (je suis un peu midinette sur les bords).
Être
le fils d’Albert Einstein est plus facile à dire qu’à faire. Surtout quand le
père en question n’est plus apparu depuis plus de 10 ans.
Albert
a rencontré Mileva à Zurich pendant leurs études. C’était une jeune femme
brillante.
Ils
ont eu trois enfants dont deux ont survécu, avant de partir vivre à Berlin.
Mais
à Berlin, Albert n’est plus celui qu’il était à Zurich, Milena est souvent
seule.
Le
laissant à sa nouvelle vie (et ses conquêtes), elle choisit de rentrer à Zurich
avec ses deux fils. Albert ne viendra que rarement les voir.
Peu
après ses 20 ans, Eduard, le fils cadet, entend des voix et se sent attiré par
le vide. Quand il se bat avec sa mère, son médecin décide de l’interner au
Burghölzli.
Il
y restera jusqu’à sa mort, ne sortant que pour quelques permissions de weekend
ou pour les vacances…
L’auteur de ce roman très original a
choisi de s’appuyer sur la vie de personnages réels.
Cela pourrait être très risqué, mais c’est
au contraire très réussi !
La vie d’Eduard Einstein, a priori peu intéressante, devient un
excellent moyen de parler d’Albert Einstein, ainsi que de la schizophrénie, du
traitement des malades ou de la vie de famille et de la relation père-fils.
L’une des particularités de ce livre
réside effectivement dans l’alternance des chapitres.
Eduard prend directement la parole et
exprime son désarroi face à son incompréhension du monde.
Le narrateur reprend ensuite la main et se
focalise sur Albert ou sur Mileva.
L’alternance est aléatoire et surprend
parfois le lecteur.
On suit avec un peu de pitié la lente
évolution de la maladie chez Eduard, la souffrance de Mileva qui est de plus en
plus seul et celle d’Albert qui s’enfonce dans sa solitude.
Évidemment, c’est Albert qui semble le
plus en cause, alors qu’il disposait de moyens et d’une célébrité qui lui
permettait de faire apparemment ce qu’il voulait, mais l’auteur décrit un homme
isolé, attaqué en Amérique, et désemparé face à ce qui lui arrive.
Personne n’aura été heureux et mettre tout
cela sur le compte de la célébrité semble bien trop facile.
Tout ceci fait de ce roman un livre
sensible, avec une écriture travaillée et très belle, qui présente une fine
analyse de ces personnages historiques tout en utilisant une solide
documentation.
L’alternance narrative permet d’éviter les
lourdeurs et crée une émotion qui ne peut que toucher le lecteur.
Je ne connaissais pas cet auteur, mais si
je croise un autre de ses romans, je pense que je me laisserai tenter sans
problème.
Si la vie privée d’Einstein vous
intéresse, si les histoires de famille tourmentée vous plaisent, si vous
cherchez un beau roman sensible, celui-ci pourrait bien vous plaire.
Merci à la librairie Dialogues pour cette
lecture et à l’opération Dialogues croisées.
Je remercie la librairie Dialogues pour cette lecture.
Une 3e lecture pour le challenge 1% de la rentrée littéraire édition 2013