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jeudi 22 décembre 2011

Les Vestiges de l'aube de David S. Khara


Voilà un livre que j'avais très envie de lire depuis sa sortie.
Le synopsis et la couverture m'ont attiré immédiatement et quand j'ai vu que Sandrine en avait fait un livre voyageur, je n'ai pas hésité à m'inscrire pour l'accueillir chez moi.
La lecture a tenu ses promesses, et bien que ce ne soit pas un grand livre, il est bien écrit et j'ai passé un bon moment.

Barry Donovan est flic à New York.
Chaque soir, il tchat avec Werner sur un forum Internet, un homme qu'il ne connait pas mais qui semble lui correspondre étrangement.
Cultivé, cet homme paraît être bien élevé, moral et surtout disponibl quand Barry rentre tardivement.
Lui-même a fait des études de lettres, avant de devenir policier par héritage familial. Ce n'est pas une vocation, mais son métier lui plait.
Quand à Werner, il a une particularité dont personne ne pourrait se douter. S'il est disponible si tard, c'est que le sommeil ne lui est pas indispensable, et que la lumière du jour lui serait fatale... car Werner est un vampire.
Les deux hommes se lient d'amitié et quand Barry va être confronté à un tueur en série insaisissable, Werner va lui venir en aide, le protégeant et aiguillant son enquête.

Ce roman est le premier opus d'une série qui promet d'en compter un certain nombre.
Beaucoup d'informations sont données sur les personnages, sur leur passé, leur famille, leur environnement, et l'intrigue policière n'occupe finalement que la moitié du roman.
Elle n'est d'ailleurs pas mémorable, et si on ne peut deviner la fin avec précision, il n'y a pas non plus de grosse surprise.
Pourtant, tout cela fonctionne.
L'organisation du roman est équilibrée, les chapitres sont vus tantôt du côté de Werner, tantôt du côté de Barry, ce qui permet de montrer les différents aspects de cette histoire.
Les chapitres sont d'ailleurs signalés par une en-tête différente en fonction du personnage central. C'est bien trouvé.

Werner est aussi un vampire relativement à l'aise dans le 21e siècle.
Il n'a pas besoin de se nourrir trop souvent, ce qui évite à l'auteur d'en faire un tueur sanguinaire, et sa liaison Internet lui permet d'être au courant de beaucoup de chose.
Il peut à loisir provoquer l'amnésie chez les humains, manipulant ainsi son voisin quand il a besoin de réceptionner une commande passée sur Internet ou d'aller à la banque pour gérer ses placements.
C'est assez pratique.

Par contre, j'ai trouvé que le recours au tchat était un peu facile pour justifier que ces deux hommes se connaissent si vite. C'est une bonne idée, là encore, mais c'est un peu rapide.
Mettons cela sur le compte des pouvoirs de Werner.
De même, le recours au 11 septembre pour tuer tout le monde me semble trop évident.
Certes, il s'agit d'un traumatisme collectif, d'un drame indéniable, et cela marque la personnalité de Barry. Mais dans le roman, cela aurait tout aussi bien pu être remplacé par un accident de voiture, ou un incendie.

J'ai toutefois très envie de savoir ce qui va arriver à ces deux personnages dans les épisodes qui vont suivre, car ces bémols n'ont pas entamé le plaisir de ma lecture.

Si vous aimez les histoires de vampire (ou pas), les thrillers, les enquêtes policières musclés (mais ce n'est pas un roman policier dont vous pourrez découvrir le coupable), ce livre devrait vous plaire.

Je remercie vivement Sandrine pour ce livre voyageur.  



Je dois être du côté de Pondichery en ce moment et je ne pourrai répondre à votre commentaire dans l'immédiat, mais exprimez-vous tout de même, j'adore vous lire :^)


vendredi 9 décembre 2011

Rose de Tatiana de Rosnay


Voilà un auteur que je voulais lire depuis très longtemps.
J'ai un autre de ses romans, Elle s'appelait Sarah, dans ma PAL, le roman qui l'a fait connaître et que ma mère m'a laissé en dépôt prolongé. Mais je tourne autour et je ne me décide jamais à le lire.
Trop de bonnes critiques m'effraient apparemment, mais le sujet demande aussi d'être dans un état d'esprit adéquat, ce qui n'est pas encore arrivé.
En attendant, j'avais envie de lire Rose, le dernier roman de l'auteur.
Je suis passée à côté de quelques partenariats, mais le généreux principe du livre voyageur m'a permis de me rattraper.


Rose habite une charmante maison du quartier de Saint Germain des Près.
Veuve, elle a ses habitudes, des voisins agréables, et loue son rez-de-chaussé à une marchande de fleurs, Alexandrine, chez qui elle aime passer quelques heures dans la journée.
Tout va bien, si ce n'est sa fille avec qui elle ne s'est jamais vraiment entendu et qui ne lui envoie qu'une lettre sèche de temps à autres.
Puis voilà qu'un jour, le préfet Haussmann décide de percer un boulevard à l'emplacement de la maison de Rose !
Elle commence alors à rédiger son journal, qu'elle adresse à son mari décédé. Elle lui raconte ce qu'elle ne lui a jamais dit, son bonheur quand il l'a demandé en mariage, sa difficulté à aimer sa fille et au contraire, sa joie d'avoir eu un fils. Elle lui raconte aussi qu'elle ne quittera pas la maison qui contient tous ses souvenirs.
Puis les ouvriers se rapprochent et les maisons tombent les unes après les autres...

Il y a plusieurs semaines que j'ai lu ce livre et je ne sais toujours pas expliquer avec précision pourquoi je n'ai pas accroché.
Il y a des passages qui m'ont plu, mais je crois que le personnage de Rose m'est complètement étranger. J'aurais pu adhérer davantage au personnage d'Alexandrine, la fleuriste, mais il n'est pas assez développé pour cela (ce n'est pas l’héroïne du roman).
Le désamour de Rose pour sa fille, notamment, m'a semblé exagéré. Dès la naissance, elle a rejeté cette enfant sans jamais lui donner aucune chance. Le baby blues n'était pas traité à l'époque, je le conçois, mais c'est tout de même un peu violent, et on comprend qu'une petite fille soit si désagréable quand elle n'est pas aimée.
Il y a aussi trop de passé simple à mon goût. Rose est une femme simple, il est déjà beau qu'elle sache écrire aussi bien (oui, c'est très très bien écrit), alors pour en utiliser autant, elle a dû prendre des cours du soir.
J'ai également relevé quelques anachronismes dans les préoccupations de cette femme, et surtout dans les descriptions du nouveau Paris et des travaux.
C'est un roman et je chipote, mais mon ancien métier (j'étais guide conférencière dans une autre vie) me fait dire qu'il y a une ou deux petites choses qui n'auraient pas dû se trouver là. Mais vous voyez que c'est vraiment mineur.
L'auteur a apparemment fait des recherches, ce qui est tout à son honneur et cela se voit, et les détails (car ce sont vraiment des détails) qui m'ont interpellés sont vraiment des points spécialisés, d'autant que c'est tout de même très agréable de lire un livre bien documenté !

Par contre, le hasard de la lecture (mais existe-t-il vraiment?) fait que j'ai lu ce livre au moment où je découvrais moi même le quartier de St Germain des Près.
J'y travaille depuis trois mois et pour de nombreuses années (j'espère). Je le regarde donc d'un autre œil, pas en simple touriste.
Il y a une vraie vie de quartier, comme le décrit Tatiana de Rosnay à une autre époque. Les maisons anciennes côtoient celles qui ont été construites à la suite des travaux d'Haussmann, ainsi que quelques immeubles des années 1930 ou plus contemporains.
Du coup, j'ai particulièrement apprécié les descriptions de Paris, l'inauguration du quartier de l'Opéra, les scènes un peu originales comme le dimanche de patinage sur la Seine.
Ce sont tous les lieux que j'apprécie de traverser chaque matin et chaque soir.
Le problème, c'est que l'argumentaire du roman développe l'idée que le progrès détruit tout, les racines, comme l'histoire, et qu'il n'est pas possible de vivre dans une ville comme ce Paris « éventré ». Ce qui me paraît bien exagéré.
Et j'ajoute qu'autour de l'église St Germain, il reste beaucoup de maisons qui ressemblent fort à celle que devait habiter Rose (rue Jacob, par exemple).

En bref, je crois que je suis passée à côté, mais beaucoup d'autres lectrices sont plus enthousiastes que moi, comme Sandrine, Stephie, Val bouquine ou Chrys et Marie-Adelaide plus mitigées.

N'hésitez donc pas à vous faire votre propre idée si vous aimez Paris, si vous connaissez le quartier St Germain, si vous trouvez qu'avant c'était mieux, ou que les grands boulevards sont des saignées dans la vieille ville. Le roman se lit très bien, et c'est très joliment écrit.


Je remercie Sandrine pour le voyage de ce livre jusqu'à mon panier à livre. Cela m'a permis de lire enfin Tatiana de Rosnay.

Je valide aussi une avant-dernière participation au challenge Petit Bac chez Enna dans la catégorie « végétal ».


J'ajoute une participation au challenge Paris je t'aime chez l'Ogresse et Sharon.




vendredi 25 novembre 2011

Du domaine des murmures de Carole Martinez



Carole Martinez a manqué le Goncourt pour adultes, mais a obtenu le Goncourt des lycéens.
Vous n'avez peut-être pas suivi le déroulement de la sélection « adulte », mais celle-ci a été très commentée. Certains romans, très présents sur les blogs, dans les médias spécialisés, avaient été écartés dès la deuxième sélection, ce que beaucoup ont trouvé injustifié. La sélection finale ne comprenait plus ni Emmanuel Carrère, ni Delphine de Vigan.
Comme chaque année, il s'en est suivi un énième débat sur les prix littéraire et les compositions des jurys, et notamment du Goncourt.

Le second livre de Carole Martinez, lui, figurait parmi les « heureux » élus, ce qui lui a valu d'être parfois vivement critiqué par les déçus de la sélection. J'ai été très surprise, par exemple, d'entendre une journaliste qui disait avoir abandonné le livre à la page 150 mais n'avoir pas compris où l'auteur voulait en venir. Et effectivement, l'histoire racontée dans les premières pages est bien jolie, mais elle prend tout son sel dans les 30 dernières. Quel dommage d'en parler sans être allé au bout.
Quoi qu'il en soit, je trouve que les lycéens ont bon goût et que ce livre méritait d'être récompensé.
On ne peut jamais savoir si l'épreuve du temps en fera un classique, et les primés du Goncourt ne sont pas connus pour leur longévité, mais finalement, pour un auteur, n'est-ce pas plus intéressant de vendre des livres maintenant et non dans 200 ans ?

Esclarmonde est une jeune fille pleine de vie, qui a vécu dans le château de son père, protégée du monde et des hommes.
Quand son père veut la marier à un chevalier violent et rustre, elle voit son monde s'effondrer et la liberté à laquelle elle aspirait s'éloigne irrémédiablement.
Pour échapper à ce destin, elle choisit d'annoncer le jour de son mariage que Sainte Agnès lui a parlé. Elle a demandé que l'on construise une chapelle sur le domaine de son père, avec une petite cellule dans laquelle elle sera enfermée toute sa vie.
Son père est furieux, il refuse de la voir dès ce jour et la considère comme morte. Son futur mari abandonné au pied de l'autel change de vie et toute la région est transformée par cette jeune femme qui n'a pas de faute à expier, mais sacrifie sa vie.
La mort ne vient plus, les récoltes sont belles, les enfants ne sont plus malades. Les pèlerins affluent également et viennent consulter Esclarmonde, lui demander une bénédiction ou un pardon pour un péché.

Je n'ai pas lu le cœur cousu et je ne peux pas faire de comparaison. Ce qui n'est pas plus mal, car ainsi, j'ai encore plusieurs heures de belle lecture qui m'attendent.
Car vous l'avez sans doute deviné, j'ai beaucoup aimé ce petit roman !
C'est assez court, le dénouement survient d'un coup et tout s'enchaîne dans les dernières pages. Mais on a eu le temps de s'attacher à Esclarmonde et aux personnages qui appartiennent à son univers, de découvrir les relations qui se tissent entre eux et les évènements qui les touchent.

Carole Martinez nous emporte progressivement vers ce domaine des Murmures en traversant la forêt avec son lecteur et en parvenant à l'emplacement de la chapelle et de l'ancien château. Elle nous guide ensuite jusque dans la cellule d'Esclarmonde où nous la suivons dans son enfermement.
Mais Esclarmonde n'est pas seulement enfermée.
Elle voyage beaucoup, elle voit bien plus de monde qu'avant. Quand elle ferme les yeux, chaque soir, elle part et s'envole pour suivre son père sur le chemin des croisades. Quand elle se réveille, chaque matin, elle ouvre son volet et prend des nouvelles apportées par les pèlerins qui viennent du monde entier.
Elle apprend ainsi beaucoup sur la nature humaine mais aussi sur elle-même.

Je dois avouer que cette situation d'enfermement m'a un peu effrayée au départ.
Je me suis dit que j'allais lire l'histoire d'une illuminée, d'une mystique à qui Dieu a parlé. Une belle histoire, certes, mais des vies de saints, il en existe déjà tellement.
Je me demandais donc ce que ce livre pourrait apporter de plus, mais il fait bien plus que cela.
Finalement, l'histoire d'Esclarmonde est à pour exprimer autre chose, pour parler de la violence, celle que l'on fait aux femmes, celle que l'on fait au groupe, des non-dits qui se transforment en malédiction, de soi-même et du monstre qui sommeille en chacun de nous.
Carole Martinez brosse le portrait d'une microsociété dont il est difficile, voire impossible de sortir, du groupe en dehors duquel chacun n'est plus reconnu comme un individu (mais l'était-il dans le groupe?) car il ne partage plus les même racines.
Esclarmonde passe du statut de Reine au statut de victime plusieurs fois pendant le récit et sa cellule s'ouvre et se referme sur le monde de façon souvent agressive.
La violence est omniprésente et si elle se cache parfois, elle semble tapie, et prête à bondir.

Si vous avez envie de vous plonger dans une version non mièvre du Moyen Age, de lire le récit de la vie d'une mystique qui n'en est pas une, de lire un bon livre, un récit de femme, une quête impossible, ce livre est fait pour vous.
Il est exigeant sous une facilité apparente, et s'il se lit bien, il ne se livre pas si facilement, ce qui est toujours plus agréable.

Je remercie vivement Clara pour ce livre voyageur qui fut une bien belle découverte.

J'ajoute une lecture au challenge 1% de la rentrée littéraire.




mercredi 6 juillet 2011

J'ai trouvé des livres...

Aujourd'hui, un petit billet en vrac, écrit par un cerveau tout fichonné !
Bah oui, il y a des jours comme ça où on passe son temps sur Internet, où on rêve d'aller se recoucher avec le bon bouquin qu'on est en train de lire.
Mais j'avais aussi envie de passer par ici pour vous raconter ce que j'ai trouvé hier.





De passage à Evreux, berceau familial et accessoirement aussi lieu d'exercice de mon dentiste, j'ai fait une découverte en sortant de chez celui-ci.
Sur le banc de l'abri bus, à coté d'une jeune femme, trônait une petite pile de livres marqués par un autocollant. Comme cette jeune femme était collée à ces livres, je me suis dit qu'ils étaient à elle, mais je me suis bien promis de regarder de plus près s'ils étaient toujours là lorsqu'elle aurait pris le bus.
Repassant quelques minutes plus tard, j'ai constaté qu'ils étaient toujours là (O joie, O bonheur) !
Sous les yeux ébahis d'une dame qui patientait, je me suis donc servi et j'ai choisi celui qui me plaisait le plus.






Ma mamie qui prend le bus, me voyant venir avec mon livre, m'a raconté qu'il y en avait souvent sur les bancs des abri bus et que les titres changeaient, signe que les gens jouent le jeu.
Elle a elle-même croisé la route de Pearl Buck.
Elle m'a aussi demandé de lui redonner le livre ensuite, pour que quelqu'un d'autres puisse le lire.

Promis mamie, je te le ramène quand je l'ai lu :)


Allez, je vous laisse, je vais me coucher avec Douglas Kennedy (le livre, hein !), voire avec Romain Duris, même  ! (là, je ne sais plus si c'est le personnage...)

vendredi 24 juin 2011

Un bûcher sous la neige de Susan Fletcher


En essayant d’écrire ce billet, je prends conscience de ce qui a fait que je n’y suis pas arrivée auparavant. 
J’ai effectivement lu ce livre en février, grâce à Liliba qui l’a gentiment fait voyager. J’ai mis un certain temps à le lire. Les 50 premières pages m’ont semblé difficiles, et je m’arrêtais toutes les 10 pages pour lire autre chose. Et puis, d’un seul coup, je me suis plongée dedans et je l’ai dévoré. Les pages ont défilé sans que je puisse m’en détacher, y compris le soir, où je lisais jusque tard dans la nuit.
Et justement, c’est là que j’ai remercié ce livre d’être aussi passionnant.
Alors que je lisais cette histoire de sorcière promise au bûcher, alors que le feu est cité toutes les pages, j’ai entendu un bruit bizarre qui venait de ma cuisine. Mon propre conduit de cheminée avait pris feu et ronflait bruyamment.
Bon, je vous passe ma peur viscérale du feu issue de vieux souvenirs, le réveil de mon homme qui dormait paisiblement, les tentatives pour éteindre le poêle, la cendre partout dans la cuisine et l’attente à côté du poêle qui ne voulait pas refroidir.
Vous comprendrez que j’ai laissé ce livre de côté quelques jours.
Comme il s’agissait d’un livre voyageur, et qu’il me plaisait quand même beaucoup, j’ai finit par le terminer et j’ai bien fait.

Corrag est une sorcière anglaise, comme sa mère avant elle, mais pas comme sa grand-mère. Les accusations vont vite en ce 17e siècle, et on devient souvent sorcière bien malgré soi.
Alors qu’elle n’est encore qu’une toute jeune fille, élevée par sa mère dans un petit village à l’écart, elle doit fuir les hommes du village venus les chasser. Protégée par sa mère qui l’envoie au loin, elle se retrouve seule sur les routes avec une vieille jument.
Elles cheminent en tâchant de rester discrète et monte vers le nord, comme le lui a dit sa mère. Elle finit par trouver un pré qui lui plaît et où elle se sent en sécurité.
Mais quand le roman commence, Corrag et en prison et a été condamnée au bûcher. Un pasteur la visite chaque jour pour tenter de comprendre ce qui s’est passé dans la lande et qui est la cause du massacre dont elle semble être la seule survivante…

Dans ce livre, Corrag raconte mais elle n’est pas la seule. Elle raconte son histoire, comment elle est arrivée jusque là. Du fond de son cachot, elle livre sa vérité sur la vie, sa vie, les hommes, les dieux, la nature. C’est beau et triste parfois, c’est lumineux d’autre fois et ça donne envie de lande et de grands espaces.
Puis l’auteur raconte aussi, en adoptant la figure d’une journaliste qui décide d’enquêter sur une vieille histoire. Faisant office d’introduction, cette évocation du travail de l’auteur est une bonne plongée dans l’époque lointaine où elle nous emmène.
Et il y a le pasteur. Un homme, face à cette femme, mais un homme qui écoute et se transforme. Ce personnage nous est connu par les lettres qu’il écrit à son épouse après chaque journée passée dans le cachot de la sorcière, et cette alternance narrative est vraiment bienvenue parce qu’elle permet d’alléger un peu le récit. 
Le lecteur passe d’une lettre à un récit à la première personne toutes les 5 à 10 pages, il passe du discours d’une jeune femme à celui d’un homme mûr, du discours de celle qui a vécu à celui de l’homme qui cherche.

J’ai vraiment apprécié ce livre.
Les personnages évoluent, ils ont une épaisseur et ne sont pas seulement des êtres de papier. Ils m’ont poursuivi longtemps, et j’ai encore une mémoire très nette de ce que j’ai lu.
L’auteur m’a happé par un style qui n’est pas toujours simple mais qui s’apprivoise sans peine. L’histoire est passionnante, l’alternance de discours permet de connaître deux visions différentes de cette histoire et la narration est très bien construite.
Je lis souvent des romans policiers et quand je peux trop facilement anticiper, je suis déçue, mais là, c’est parfait. Je découvrais page après page, et tout restait cohérent et logique. Magnifique !

Je dirais donc que si vous voulez lire un roman qui se passe au moyen âge, qui parle de sorcière, ou un belle histoire, pleine de nature et de grands espaces, ou si vous voulez juste lire un bon livre, un beau roman, jetez-vous sur celui-ci !

Merci à Liliba pour ce livre voyageur qui m’a aussi fait voyager.
Avec cette lecture, je clos mon challenge 1% rentrée littéraire juste à temps pour recommencer l’an prochain ;)



jeudi 13 janvier 2011

Quand souffle le vent du nord de Daniel Glattauer


Cet été, sur Europe 1, un livre par semaine était lu tous les après-midi par des comédiens pendant 30 minutes. Je vous en ai parlé ici à l’époque.
Évidemment, 5×30 minutes, cela ne suffit pas pour lire Les Témoins de la mariée ou ce livre, Quand souffle le vent du nord. Je suis donc restée un peu sur ma faim et j’ai attendu de pouvoir lire la suite avec une certaine impatience.
Il faut dire que l’histoire, sans être trépidante, est construite sur une question centrale qui ne se résout qu’à la dernière page.
   
Le 15 janvier, Emmi Rothner tente de résilier par mail son abonnement à un magazine local. Elle envoie donc un mail, signalant qu’elle souhaite cesser son abonnement et demandant la marche à suivre.
Un mois et demi plus tard, après plusieurs mails sans réponse, elle envoie un courriel un peu agressif auquel répond un monsieur, Leo Leike, qui lui indique qu’elle s’est trompée d’adresse. Elle s’excuse.
Neuf mois plus tard, Emmi Rothner envoie un courriel groupé présentant ses vœux de fin d’année. Leo Leike, l’un des destinataires du mail, lui répond à nouveau pour lui dire qu’il ne la connait pas et qu’il n’apprécie guère ce procédé impersonnel et indélicat.
Une correspondance de plusieurs mois va alors débuter, faite d’échanges de courriels de plus en plus intimes où les sentiments de chacun affleurent peu à peu.

Le procédé est original et l’auteur renouvelle à coup sûr le roman épistolaire à la sauce 21e siècle.
J’ai toutefois eu l’impression qu’il s’agissait d’un procédé un peu cosmétique.
Certes, il aurait été difficile de faire de même avec des courriers simples, et les lettres manuscrites sont généralement plus longues et moins spontanées que des mails enchainés qui ne comportent que quelques lignes.
Mais il n’y a ici aucun frais stylistique, pas d’attention particulière à la langue et même une faute d’orthographe persistante (peut-être due au traducteur). Je me suis demandé si l’auteur aurait pu écrire de longues lettres à la Choderlos de Laclos, question purement rhétorique qui ne sert à rien, je vous l’accorde.

Quoiqu’il en soit, je me suis un peu ennuyée au milieu du livre.
J’avais beaucoup aimé ma première écoute. Les voix des comédiens qui lisaient les différents mails étaient agréables et cette forme d’écriture se prêtait parfaitement à une lecture à deux voix.
Les messages sont courts, ce qui demande une attention également courte de la part de l’auditeur, et comme il n’y a aucun commentaire ni narrateur, c’est facile à suivre.
J’ajouterais que le contenu est assez répétitif, ce qui joue également en faveur de l’écoute de ce livre.
Pour la lecture, au contraire, les 100 premières pages m’ont parues intéressantes, on découvre les personnages, leur vie, leurs interrogations et Léo propose à Emmi de la rencontrer dans un bar sans la rencontrer. Ils seront présents tous deux, pendant deux heures, mais sans signaler leur présence et chacun pourra choisir à qui il veut que l’autre ressemble.
Ce rendez-vous passé, une nouvelle question survient inévitablement. Faut-il ou non se rencontrer vraiment ? Et pendant 200 pages, la question se pose…
Et c’est là que j’ai trouvé cela un peu long. 100 pages de moins auraient sans doute permis d’alléger un peu ces atermoiements où Emmi est franchement désagréable.

En bref, c’est un livre qui se lit malgré tout très bien (avalé en deux soirées), mais qui doit très bien s’écouter aussi.
Si vous aimez Marc Lévy (enfin, en vrai, j’ai jamais lu), les romans épistolaires (ça non plus, en vrai, moi j’aime pas), la chick litt (ah bah ça non plus, j’en lis pas beaucoup), vous aimerez ce livre (c’est peut-être pour ça, que je me suis ennuyée finalement).


Edit : que les non-lecteurs de Marc Lévy ne m'en veuille pas, comme je le dis, je ne l'ai jamais lu et sa réputation ne m'encourage pas à le lire. Le livre de Glattauer mérite donc que je fasse ce petit correctif, car il est néanmoins bien écrit et l'idée est vraiment originale. Si j'ai pensé à Marc Lévy, c'était surtout pour la thématique de l'histoire d'amour originale, et non pour faire une comparaison. Et attirons les lecteurs de Marc Lévy vers de meilleurs auteurs ! 



Malgré cet avis qui peut paraître mitigé, je remercie vivement Leiloona qui m’a permis de connaître la fin de cette histoire (non, non, je ne vous la dirai pas).

C’est aussi ma première validation pour le challenge ABC 2011 et un pays de plus, l'Autriche pour le défi Tour du monde



mardi 28 décembre 2010

La Ballade de Lila K de Blandine le Callet



Cette rentrée littéraire est décidément pleine de surprises.
C’est la première fois que je lis autant d’ouvrages sortis pendant cette grand messe de l’édition, mais je ne le regrette vraiment pas.
Le roman dont je vais vous parler aujourd’hui est d’un genre assez particulier, puisqu’il fait appel à la science fiction ou à l’anticipation pour évoquer ce qui pourrait bien être notre futur, ou ce à quoi pourraient aboutir certaines de nos peurs contemporaines.
Ce n’est là qu’un cadre pour développer l’histoire de Lila K mais il occupe une vraie place.

Quand ces hommes armés sont entrés dans l’appartement, la vie de Lila s’est effondrée.
Arrachée à sa mère alors qu’elle n’a que 4 ans, elle va devoir apprendre à vivre au Centre, seule au milieu d’autres enfants parfois très hostiles. Elle refuse de s’alimenter, ne supporte pas qu’on la touche et la lumière lui blesse les yeux.
Pour retrouver un peu de calme, elle parvient jour après jour à se constituer un petit cocon sous son lit, elle réapprend à marcher et grâce à une paire de lunettes de soleil qu’elle ne quittera plus, elle arrive à se déplacer dans le centre. Le groupe reste tout de même un milieu hostile, comme la foule ou l’inconnu.
Il lui faut pourtant progresser si elle veut sortir un jour et retrouver sa mère, ce qu’elle va faire grâce à quelques belles rencontres.

Cette histoire m’a tellement plu que je vous en raconterai bien plus, mais il faut garder quelques surprises.
Parlons alors de mon avis.

Ce livre mêle différents fils que j’ai trouvés bien équilibrés.
La narration a pour décor un futur potentiel qui n’est pas un simple cadre. Il interroge nos usages, la multiplication de la vidéosurveillance, l’obsession des quartiers sécurisés, les clivages qui s’accentuent entre certaines zones urbaines.
Le futur nous interpelle directement car une partie de ses habitants choisit de quitter ces lieux sécurisés et contrôlés malgré la protection qu’ils apportent.
Le personnage de Lila passe elle aussi d’un sentiment à l’autre. Les caméras la sécurisent d’abord. S’il lui arrive quelque chose, quelqu’un pourra alerter les secours et le centre ville sécurisé s’oppose à la zone où tous les dangers semblent réunis. Mais cette surveillance contrôle aussi sa vie et ne lui laisse finalement plus aucune liberté. Faut-il alors choisir entre liberté et sécurité ?
Par le biais de ces questionnements qui surviennent petit à petit, la quête de Lila s’intègre parfaitement à cette ville fantasmée, tout en renvoyant le lecteur à son propre cadre de vie. La zone dangereuse et le centre propre et calme n’existent-ils pas déjà ?

Le fil principal reste toutefois l’histoire de Lila. Cette toute petite fille va croiser plusieurs personnages qui vont l’aider à avancer.
Les différents chapitres portent d’ailleurs le nom de ces personnages. D’abord petite chose muette et fragile, Lila évolue, grandit et apprend à faire ce que l’on attend d’elle car elle a un objectif qui la guide et la soutient : retrouver sa mère. Mais il lui faut sortir du centre pour cela…

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé l’apprentissage et l’évolution de cette jeune femme, sa façon d’apprivoiser le monde et son rapport aux autres. On pourrait la qualifier d’autiste, je pense, mais grâce à l’acharnement de quelques uns, elle parvient à sortir de son cocon et à trouver sa place dans la société.
Cette ville sécurisée, ce monde fantasmé où les livres sont physiquement dangereux (ils contiennent des microbes) m’ont aussi fait penser au film Bienvenue à Gattaca qui a aussi pour cadre un futur où les naissances sont contrôlées, où chacun est soumis à des vérifications génétiques qui lui prédise son avenir.
A méditer…




Je remercie Clara à qui j’envoie plein de bises de remerciement pour ce livre voyageur qui m’a vraiment ravi J

Et un nouveau livre pour le challenge 1%



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