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jeudi 17 novembre 2011

Les quatre Hollandais de Somerset Maugham


 Avant de lire ces nouvelles, je ne connaissais Maugham que de nom.
Je connaissais d'ailleurs davantage sa réputation que son travail, et je n'aurais pas été capable de citer un seul de ses titres, ce que je mets dans la catégorie de mes hontes personnelles.
Rassurez-vous, je n'ai pas réellement de hontes inavouables, et cette catégorie de mon égo personnel n'est là que pour m'indiquer les lacunes à combler.
Pour en revenir à Somerset Maugham, le partenariat auquel j'ai répondu chez Livraddict était une belle occasion de combler cette lacune. 800 pages d'un coup, c'est une belle progression !
Ce que je n'avais pas vu (j'ai sans doute lu en diagonale), c'est que ce livre est en fait la réunion de plus d'une vingtaine de nouvelles de l'auteur.
Il s'agit du dernier tome publié par les éditions Robert Laffont. Chaque tome contient plus de 800 pages afin de pouvoir présenter la production mirifique de l'auteur.
Dans celui-ci, il y a 30 nouvelles de taille variable. Certaines se déroulent en 4 ou 5 pages quand d'autres se déploient en 45 pages.

Difficile de faire un résumé de nouvelles, mais je vais essayer de vous parler de celle qui m'a le plus marqué et du cadre commun à toutes les nouvelles.
Le narrateur est effectivement le même dans toutes les nouvelles. Figure de l'auteur, c'est un voyageur acharné, qui vogue d'île en île et de village en village tout en conservant un certain confort. Il fait quelque fois des concessions et se retrouve dans des hébergements sommaires et rustiques, mais il aime avoir ses bagages, un bon lit et surtout son sac de livres.
Car ce narrateur voyage avec un sac de livres quelque soit sa destination, ce qui lui permet parfois de faire plus ample connaissance en partageant son stock avec son hôte par exemple.
C'est un de ces hôtes-lecteurs qui lui raconte l'histoire d'un homme croisé la veille au club.
Cet homme, il l'avait rencontré bien des années plus tôt, alors qu'il était gouverneur dans un autre coin de la Malaisie. Ils s'étaient alors lié d'amitié et l'homme avait une sœur dont le gouverneur était tombé amoureux. Mais les choses ne s'étaient pas passé comme il aurait pu le prévoir...

Au fil de ces 800 pages, les nouvelles se succèdent, comme les situations. Sur un bateau, dans une grande ville, dans un village isolé, sur une île, le narrateur se promène et nous emmène faire le tour de ces occidentaux qui ont subi ou fait le choix de s'exiler loin de chez eux.
Comme le dit l'auteur, lui ne fait que passer et sait qu'un bateau l'attend pour faire le chemin en sens inverses, mais pour beaucoup de ceux qu'il croise, le voyage de « retour » ne se fera jamais.

Il se dégage alors un parfum suranné de ces nouvelles.
Elles nous ramènent à ces années de colonisation où l'exotisme était si fort quand on pensait à ces espaces inconnus, et où les voyages duraient si longtemps. Il n'y avait pas de décalage horaire, les fuseaux horaires passant lentement, au fil des jours.
Et c'est aussi l'impression que j'ai eu au fil de ces nouvelles. Le temps défile lentement, le narrateur n'a aucun impératif, il suit ses envies et va de ville en ville quand on lui parle d'un lieu ou de quelqu'un à aller voir.
Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas, et malgré le format assez court, on s'attache aux personnages, on apprend à les connaître, mais comme le fait un voyageur, en quelques heures ou en quelques jours.

Il n'est  pas question ici de s'installer pour côtoyer 500 pages les mêmes personnages, mais c'est finalement le regard du narrateur que l'on apprend à connaître, car c'est lui qui nous présente cette galerie de portraits.
Si je devais exprimer une préférence, ce serait évidemment pour les nouvelles les plus longues, qui m'ont tout de même laissé plus de temps pour m'installer dans l'histoire, mais j'ai aussi apprécié les textes plus court où en 3 ou 4 pages, l'histoire est écrite.
Le personnage du narrateur et le fait que certaines nouvelles fonctionnent ensemble ou reprennent des éléments lus précédemment est aussi un élément qui facilite la lecture en continu et invite à lire les nouvelles dans l'ordre.

Je n'ai pas encore parlé de l'écriture de Somerset Maugham, mais quand il s'agit d'une traduction, c'est toujours autant le travail du traducteur qui est loué que celui de l'auteur.
Je dirais néanmoins que la narration l'emporte souvent (logique dans des nouvelles), mais qu'il y a de beaux passages comme celui-ci qui parle de livres.

Pour ceux d'entre vous qui aiment les nouvelles, bien sûr, ceux qui ont une lacune à combler comme la mienne, qui veulent lire un texte bien construit, entendre parler des colonies, de jungle et de fièvres, s'évader un peu ou parfois beaucoup, ce livre est pour vous.

Je remercie Livraddict et les éditions Robert Laffont pour l'envoi de ce livre et cette belle lecture.



vendredi 15 avril 2011

Sept contes gothiques de Karen Blixen


J’ai découvert Karen Blixen avec la Ferme Africaine, ou plutôt avec Out of Africa, le film de sydney Pollack. C’est l’un des films préférés de ma maman et je l’ai vu un certain nombre de fois.
Sachant que les livres sont souvent plus riches que leurs adaptations, j’ai acheté cette année une édition de poche de ce livre, avec un coffret en fausse peau de zèbre. Mais je ne l’ai pas encore lu.
Pour commencer avec cet auteur, je me suis dit qu’un recueil de textes courts serait une bonne introduction.
Appréciant particulièrement les livres de Walter Scott, il m’a semblé que le gothique était encore plus approprié.

Difficile de résumer ces sept contes.
Ils mêlent des chevaliers, des jeunes filles sacrifiées et des fantômes en tous genres dans un 19e siècle romantique et gothique à la fois, étrange et dépaysant.
Il est question de catastrophes, de ville inondée, de voyages, d’amour, d’enlèvement, de sacrifice…
Les éléments du gothique habituel sont souvent là, mis à part le Moyen Age, bien sûr.
Les décors alternent, les personnages aussi, ce qui donne un rythme endiablé à ces contes gothiques.

J’ai aimé être dépaysée à ce point.
Le fantastique est bien présent dans ce livre qui m’a paru trop court (avec pourtant près de 500 pages). On en redemande et j’ai regretté qu’il n’y ait que sept contes.
Les personnages sont souvent attachants ou, au contraire, antipathiques. Les choses sont tranchées et il n’est pas question de brosser des psychologies complexes. Il s’agit davantage de situations originales, rocambolesques parfois mais captivantes souvent.

L’écriture de Karen Blixen est très agréable, et le texte est bien traduit.
C’est un recueil relativement homogène, où l’on passe d’une histoire à l’autre avec facilité.
Le texte est souvent poétique, enlevé, la plume de Karen Blixen fait mouche sans affectation.
La France, le Danemark ou l’Italie sont évoqués sous la neige, avec parfois un peu de soleil, déplaçant le lecteur avec les personnages. C’est un beau voyage qui est proposé ici, d’une façon originale où l’on sent l’attachement de l’auteur pour ces paysages.
Le gothique n’est pas celui du Moine de Lewis, mais c’est aussi bien de lire des textes moins violents.
J’ai en tout cas beaucoup apprécié cette lecture.

Si vous avez envie de lire des textes assez courts et dépaysants, ou de découvrir Karen Blixen, n’hésitez pas, c’est un petit bijou.


Je remercie Blog-O-book pour ce partenariat et le Livre de poche pour cet envoi qui a fait mouche. 


Je valide aussi un nouveau pays pour le challenge tour du monde en partant au Danemark et un classique pour le mois d'avril. 



Ce billet est programmé rien que pour vous. Je suis en vacances. N’hésitez pas à me laisser des commentaires, ils me feront très plaisir en rentrant.

samedi 19 février 2011

Aphorismes de Victor Hugo


Je poursuis aujourd’hui sur ma lancée des petits livres atypiques (voir par ici pour le premier).
Lors d’un partenariat organisé chez Blog-O-Book avec le libraire éditeur Ivres de livres, j’ai postulé pour lire Aphorismes de Victor Hugo.
Je dois avouer n’avoir pas lu beaucoup d’ouvrages de Victor Hugo, à part Notre-Dame de Paris, Le Dernier jour d’un condamné et Les Contemplations il y a quelques années. Je garde un excellent souvenir des Contemplations (des deux autres également), lues dans un vieux livre de poche qui appartient à ma mère et date de sa propre jeunesse. Les Aphorismes de Victor Hugo ne pouvaient donc que me plaire.

Là encore, il est difficile de vous résumer ce livre.
Il s’agit d’une suite de mots, organisés par ordre alphabétique, et portant sur des sujets variés. Ces sujets sont liés au travail et à la vie de Victor Hugo, et on comprend assez vite le lien qui existe entre eux. Dès la lettre A, par exemple, j’ai noté la présence du mot « adultère » qui a quand même constitué un style de vie pour Hugo, ou à la lettre B « beau », « beauté » et toutes les recherches théâtrales et artistiques de l’écrivain me sont revenues en mémoire, le romantisme, la bataille d’Hernani…

Mais qu’est-ce qu’un aphorisme ?
Sur le site Études littéraires, un aphorisme est «  une formule brève qui résume l'essentiel d'une pensée ». Victor Hugo propose donc ici, pour chaque terme choisi, l’essentiel de sa pensée en une phrase. J’ai également lu qu’un aphorisme est le contraire d’un lieu commun, et effectivement, les aphorismes qui sont dans ce livre sont tout sauf des lieux communs.
On y sent la pensée d’Hugo, sa façon de concevoir la vie et d’envisager son art. C’est à la fois un recueil de petites phrases et de pensées.
Voici quelques exemples :

Adultère : L’adultère est une curiosité de la volupté d’autrui. [Reliquat de Notre-Dame de Paris]
Romantisme : Romantisme n’a jamais été qu’un mot de guerre. [Critique]
Satan : Dieu est l’auteur de la pièce ; Satan est le directeur du théâtre. [Philosophie prose]

Certains aphorismes font sourire, d’autres font réfléchir, et l’éclectisme apparent de leur réunion dans ce livre crée un ensemble agréable à lire car on alterne les niveaux d’un terme à l’autre. On apprend aussi beaucoup sur le mode de pensée d’Hugo, et sur sa façon de voir la vie.

J’ai toutefois été un peu gênée par l’absence d’introduction. Comme vous pouvez le voir dans les citations, une mention entre crochets semble signaler l’origine de ces phrases. Hugo aurait donc réuni ou  compilé dans ces carnets des petites phrases tirées de ses diverses publications ou les paroles de certains de ses amis. N’étant pas une spécialiste d’Hugo, je ne connais pas sa bibliographie par cœur, et il m’est donc parfois difficile de lier un aphorisme à un texte. Une petite notice aurait donc été la bienvenue, au moins pour savoir sous quelle forme ces aphorismes nous sont parvenus. C’est néanmoins un défaut mineur de cet ouvrage.

A part ce petit bémol, c’est un livre sympathique, original, et destiné autant aux amateurs d’Hugo, qu’à ceux qui veulent le découvrir. Je le range volontiers à coté du dictionnaire des idées reçues de Flaubert, car il m’a semblé qu’il s’agissait du même type de petit livre à consulter de temps en temps pour passer un bon moment.


Merci à Blog-O-Book et au libraire éditeur ivres de livres pour cet envoi bien sympathique. 



mercredi 12 janvier 2011

Orgueil et préjugés de Jane Austen

J’ai acheté ce livre sur un coup de tête en juin dernier.
En vacances dans le pays basque, j’avais bien envie de trouver quelque chose dans la petite librairie du coin, et mon choix s’est porté sur celui-ci. Je regrette un peu d’avoir acheté l’édition 10/18, car l’édition à fleurette de chez Alphée était beaucoup plus jolie, mais dans mon livre, il y a une préface de Virginia Woolf. Ça compense.
Depuis juin, ce livre dormait donc dans ma PAL, et il en sort enfin, à l’occasion d’une lecture commune organisée sur Livraddict. Une bonne idée.

Chez les Bennett, il y a cinq filles à marier.
Cette situation est bien difficile, car si M. Bennett est un riche bourgeois, ses filles n’hériteront de rien, suite à une disposition testamentaire particulière qui privilégie les descendants males, en l’occurrence un neveu éloigné, M. Collins.
Mrs Bennett veut donc marier ses filles à tout prix mais sans dot, c’est une mission délicate.
Heureusement, M. Bingley, un riche jeune homme de la bonne société londonienne, vient de louer un domaine proche pour y passer quelques temps avec ses sœurs et le mari de l’une d’elle. Il est aussi accompagné d’un de ses amis, M. Darcy.
Mrs Bennett saute sur l’occasion et pousse sa fille ainée, Jane à se rapprocher de ce beau parti qu’est M. Bingley. Par chance, les deux jeunes gens semblent beaucoup s’apprécier. Pendant ce temps, Elizabeth, la deuxième, prend en grippe ce M. Darcy aux manières si hautaines, mais apprécie fort M. Wickham, un officier dont le régiment est basé près de chez les Bennett. Or ce monsieur lui explique que Darcy l’a privé d’une charge qui devait faire de lui un homme établi.
C’est alors que surgit M. Collins qui veut épouser une des filles Bennett pour réparer le tort causé par cet héritage qui les privera de toute ressource. Il choisit d’abord Jane, mais comme elle est déjà prise, il se rabat sur Elizabeth…

Je vous ai raconté là les 100 premières pages du livre, et je m’étonne encore qu’il puisse s’y passer tant de choses. Car je ne vous ai pas parlé des sœurs de M. Bingley, ou des plus jeunes filles des Bennett, de Georgiana Darcy, ou même de Charlotte Lucas.
Pourtant, même si Elizabeth est définitivement l’héroïne de ce récit, les chapitres s’enchaînent et permettent de connaître chacun des personnages secondaires.
Il ne s’agit pas de voir le fond de leur personne, mais de comprendre leur mode de fonctionnement et leurs actions.
Car Orgueil et préjugés m’a paru être un roman centré sur les relations humaines, sur le regard que l’on porte sur son voisin, sur ses amis, sur des étrangers, et également centré sur le comportement de chacun. La bêtise de certains personnages est évidente, de même que le manque de retenu ou de bienséance. Jane Austen s’amuse de ces figures de femmes dont le comportement semble avoir tant de répercussions sur leurs proches, et sur ces hommes incapables de prendre une décision par eux-mêmes.
Certes, l’orgueil et les préjugés sont légions dans ce livre, et ce sont des motivations suffisantes pour faire agir la plupart des personnages. Mais on pourrait citer aussi la méchanceté, la jalousie, la bêtise, l’ignorance ou la cupidité. Une belle galerie de portraits !
Je me suis demandé qui j’avais préféré, ou à l’inverse, qui m’avait profondément déplu. Je crois que la palme du pire personnage revient pour moi à Lydia Bennett, qui est une égoïste écervelée, et à l’inverse, le personnage de M. Darcy m’a bien plu.

Après cette petite description, vous vous doutez que mon avis est enthousiaste. J’ai dévoré ce livre en 3 soirées, n’arrivant pas à m’en détacher et avalant les pages par groupe de 160.
Pourtant, ce n’était pas une affaire gagné d’avance. Je suis du genre contrariante, et avec tous les billets enthousiastes que je lis généralement, j’étais pleine de prévention.
Les 30 premières pages m’ont logiquement laissée perplexe, mais l’histoire m’avait bien plu. La suite a prouvé que j’avais bien fait d’insister.


Les billets des autres participants à cette lecture commune sont par ici sur le forum Livraddict et là : revelation, paikanne, jelydragon, Erato, Furby71, Hell-eau, Amethyst, Lynnae, scor13, didi8921, luCa


 Orgueil et préjugés quitte ma PAL avec joie, et même si le challenge est terminé, il constitue ma participation de janvier au défi J’ les Classiques. 



vendredi 31 décembre 2010

La princesse de Montpensier de Madame de Lafayette

Histoire de bien commencer l’année demain, je finis aujourd’hui mes billets de lecture restés en attente.
Je pourrais ainsi débuter cette nouvelle année pleine d’entrain et avec une nouvelle to-do-list.
Je ne me fais pas d’illusion, il y aura quelques reports de tâches de la liste de décembre à celle de janvier, mais j’espère évacuer ces travaux pénibles la semaine prochaine (après il faudra corriger les copies des partiels de janvier :S).
Et pour les lectures, je pourrais commencer du bon pied.

Pour cette dernière lecture, je vais vous parler de trois petites nouvelles de Madame de Lafayette, présentées dans un même volume : Histoire de la princesse de Montpensier, Histoire de la comtesse de Tende, Histoire d’Alphonse et de Bélasire.
J’ai lu La Princesse de Clèves il y a plusieurs années, et je vais sans doute faire hurler certains d’entre vous, mais je l’avais trouvé un peu cruche. Je ne dis pas que je n’avais pas aimé, et comme c’était au programme de licence de lettres modernes, j’avais même pu apprécier la modernité de ce roman qui est souvent considéré comme le premier roman au sens moderne de l’histoire littéraire.
Mais l’histoire en elle-même m’avait semblé, même pour l’époque, un peu trop idéalisée.

Si je vous raconte tout cela, c’est que j’ai retrouvé un peu de cet esprit dans la princesse de Montpensier.
Madame de Lafayette semble vouloir faire œuvre d’édification, mais je ne vois pas dans quel sens. Faut-il céder à la tentation (la deuxième nouvelle montre que non) ou faut-il résister, bien que cette résistance n’offre aucun avenir à celle qui résiste.
Dans les deux cas, la jeune femme au centre de l’histoire ne survit pas à l’histoire d’amour dans laquelle elle est embarquée, tandis que l’homme continue sa vie de plaisirs et de galanteries.
La morale serait-elle que seul le couvent sauve les femmes ?

Mais de quoi ça parle, me direz-vous.
Melle de Mézières est promise au frère du duc de Guise. Fréquentant beaucoup la maison des Guise depuis ses douze ans, elle se lie avec le futur duc de Guise. Mais sa famille décide finalement de la marier au prince de Montpensier, espérant acquérir ainsi plus de pouvoir. Le prince a dans son entourage proche un homme de confiance, le comte de Chabannes, qui tombe amoureux de la princesse dès les premières entrevues qu’elle lui accorde. Quelques temps après son mariage, elle revoit le duc de Guise qui décide de la séduire à nouveau, le comte de Chabannes servant d’intermédiaire.

L’histoire de la Comtesse de Tende est similaire, mais elle cède à son amant et tombe enceinte.
Quand à la troisième nouvelle, il s’agit d’une histoire assez différente, puisque le personnage principal est un homme. Alphonse aime Bélasire, mais lui comme elle se sont promis de ne jamais aimer car cela est trop douloureux. A force de preuves d’amour, Alphonse parvient à convaincre Bélasire de son amour et le mariage est décidé. C’est alors qu’il développe une jalousie ravageuse…

J’ai préféré la deuxième nouvelle, je l’avoue. La comtesse de Tende a un comportement et une fin qui me semblent plus lisibles et plus compréhensibles.
La princesse de Montpensier et Alphonse sont tous deux des personnages excessifs qui vont au bout de leur idée, ce qui cause leur perte. La première, à la différence du second, semble toutefois être prisonnière de la société dans laquelle elle vit. Ce sont les autres qui décident pour elle et les seules décisions qu’elle prend la conduisent à sa perte.
Faudrait-il alors se laisser guider par les usages, sa famille, son rang ?

Je crois que cette lecture me pose plus de questions qu’elle n’en résout.
Le format vraiment très court impose un rythme rapide, sans que le lecteur puisse vraiment connaître les personnages, mais l’action générale semble plus importante que les différents caractères qui s’y présentent.
Les traits essentiels de leur personnalité sont indiqués au lecteur qui a toutes les cartes en main pour suivre le récit.

Si vous n’avez jamais lu Madame de Lafayette, je vous conseille de commencer par la princesse de Clèves, mais c’est une petite lecture courte intéressante.

La princesse de Montpensier me permet de valider :



mardi 30 novembre 2010

La Dame pâle d’Alexandre Dumas (et les feuilletons du 19e)

Allez savoir pourquoi, j’ai lu cette nouvelle il y a plusieurs semaines et je n’ai toujours pas fait le billet qui va avec.
Pourtant, cela m’a beaucoup plu.
C’est court (103 pages), parfait pour un dimanche après-midi, et remplit d’ingrédients qui rendent cette lecture savoureuse.
Une preuve de ce que j’avance : même après tout ce temps, je me rappelle exactement de l’histoire !

Dans une réunion de salon comme on en trouve tant dans les récits de ce siècle, chacun raconte une histoire, tâchant d’être plus original que son voisin. Mais celle qui raconte l’histoire la plus extraordinaire est surnommée la Dame pâle.
Cette dame est Polonaise. Pendant la guerre qui opposa la Russie à son pays, elle dut fuir ses terres et son père, sacrifié à la cause. Chevauchant plusieurs jours pour trouver refuge dans un monastère reculé, elle traverse une région désolée, où elle est attaquée par une bande de brigands. Leur chef va tous les tuer quand un homme surgit et leur ordonne de s’arrêter. Il s’agit de deux frères, seigneurs du pays dont l’un est sombre et dangereux, Kostaki, tandis que l’autre, Gregoriska, est lumineux et protecteur. Pour soustraire la jeune femme au danger, Gregoriska la mène en son château et lui propose d’y séjourner tant qu’elle le souhaite.
Contrainte par la situation, elle accepte. Les deux frères vont alors se livrer une lutte acharnée pour obtenir la jeune femme dont ils sont amoureux. Mais Kostaki a un avantage. Chaque nuit, il drogue Hedwige et vient s’abreuver de son sang !

Dumas utilise le procédé du récit enchâssé, classique à cette époque, et largement exploité également par Barbey d’Aurevilly. Il n’en abuse pourtant pas et se contente de deux pages d’introduction et de quelques lignes de conclusion.
Son récit s’installe ensuite, faisant une place progressive au fantastique, de telle sorte que le lecteur croit d’abord que tout va s’expliquer, qu’il s’agit de croyances archaïques. Quand il s’aperçoit qu’il sera question de vampires, il est trop tard, et il se laisse prendre comme les personnages.  

Les histoires de vampires sont fréquentes aujourd’hui, et l’on n’est plus étonné de voir sortir un nouveau tome de Twilight. Il n’en était pas de même au 19e siècle, et si Dumas s’inscrit dans la veine de Bram Stoker et propose une nouvelle du plus pur gothique, il précède de loin la publication de Dracula.
Je ne dis pas qu’il invente les vampires, mais il propose au lecteur une histoire que l’on a peu l’habitude de lire sous son nom. Dumas est rarement fantastique, tout s’explique généralement, mis à part dans quelques unes de ses nouvelles, comme celle-ci ou la femme au collier de velours, si mes souvenirs sont bons.

J’ai l’impression qu’il s’autorisait quelques petits plaisirs d’écritures dans ces nouvelles qui sont toujours bien construites et répondent à des thématiques dont les lectrices étaient friandes à l’époque.
Dumas écrivait pour les femmes, celles de la haute bourgeoisie, bien sûr, mais également pour les autres, celles qui le lisaient en feuilleton, le soir à la veillée.
Savez-vous que ces feuilletons occupaient la partie basse de la quatrième (ou la dernière) page du journal ? On l’appelait parfois le rez-de-chaussée, je crois.
Ils étaient prévus pour pouvoir être découpés et reliés. Le journal était une lecture d’homme et seul le feuilleton était autorisé pour les femmes.
Dans certains immeubles, les journaux se passaient de mains en mains. Mais quand les lectrices étaient plus habiles, l’une d’entre elles découpait les feuilletons, les reliait en cousant un coté et les fascicules se prêtaient plus facilement. Pour celles qui ne savaient pas lire, une plus instruite faisait la lecture pendant la veillée.
Si le feuilleton était autorisé, c’est qu’il avait été validé par le rédacteur du journal, et par une commission qui vérifiait que le récit était conforme aux bonnes mœurs. Tous les journaux ne s’y conformaient pas.
Ainsi, dans l’Humanité, Zola publiait ses romans pourtant mis à l’index par le vatican. Sachez, amis lecteurs de Zola, que vous êtes d’ores et déjà voués aux enfers pour cette vilaine lecture !

Si le sujet de la lecture au 19e siècle vous intéresse et si vous souhaitez en savoir plus sur les feuilletons, je vous conseille la lecture d’un petit livre passionnant et très facile à lire (ce qui n’est pas toujours le cas) : Le roman du quotidien d’Anne-Marie Thiesse, aux éditions du seuil, coll. Points.


Grâce à ce petit récit, j’ajoute un titre à ma liste pour le Challenge 2€ et un Classique pour le Challenge J’♥ les Classiques.

Il était déjà validé pour l’objectif PAL, et vient aussi s’ajouter au challenge Au Bon Roman

C’est aussi ma première participation au challenge Alexandre Dumas




dimanche 31 octobre 2010

L'Auberge rouge de Balzac

Honoré de Balzac est une valeur sure !
Toujours efficace, il ne m’a encore jamais déçu.

Il y a quelques jours, j’ai terminé un super bouquin dont je vous parlerai la semaine prochaine, et comme souvent après une lecture agréable, je ne savais pas trop quoi lire.
J’ai tenté le dernier d’Ormesson, mais vraiment je n’accroche pas, j’ai lu quelques pages de manga, et après trois jours, j’ai dégotté dans ma bibliothèque un tout petit livre qui me semblait pouvoir correspondre à mon envie du moment.
J’ai donc lu l’Auberge rouge d’Honoré de Balzac.

En 66 pages, Balzac nous raconte une double histoire.
Le narrateur invité à un diner entend un récit bien triste qui va affecter sa vie personnelle sans qu’il s’en doute.
Ce processus de récit enchâssé est très classique, mais il prend ici un tour particulier du fait des conséquences de ce récit sur la vie de l’auditeur.

Voici le début de ce récit : deux officiers visitent la campagne allemande avant d’intégrer leur régiment. Arrivés tard dans une auberge, il ne leur reste que la chambre de l’aubergiste, qu’ils partagent avec un riche négociant. Comme on peut s’en douter, le négociant meurt et la question de son meurtrier est posée. Au petit matin, l’un des officiers est parti, l’autre est endormi, baignant dans le sang du négociant.

Je n’en dirai pas plus pour vous laisser quelques surprises à la lecture, mais j’ai été étonnée par ce récit car ce n’est pas du tout à cela que je m’attendais. Les films inspirés par ce livre sont généralement motivés par le couple d’aubergistes assassin, qui détrousse tous les voyageurs s’égarant chez eux avant de les trucider.
Ce n’est pas ce dont il est question ici, et ce récit est d’ailleurs dans une position particulière, car s’il motive la nouvelle, il n’est pas central. Le questionnement final amène plutôt vers une interrogation du lecteur. Qu’aurait-il fait à la place du narrateur ?
Je me pose d’ailleurs la question sans y avoir apporté de réponse.

Bref, un bon petit moment de lecture, certes bref mais parfait pour moi entre deux pavés J

Un autre billet chez Vilvirt.




Avec ce petit livre (66 pages), je boucle in extremis mon challenge PAL (un livre par mois), ma participation mensuelle pour J’aime les Classiques, et ma lecture à 2 €.
Il était temps ! 



jeudi 16 septembre 2010

Mrs Dalloway de Virginia Woolf

Pour ma première lecture commune sur le forum LivreAddict, je me suis inscrite pour lire Mrs Dalloway de Virginia Woolf.
Ce livre figurait dans ma PAL, et il squattait mes étagères successives depuis une douzaine d’année.
D’ailleurs, j’ai retrouvé un vieux ticket de théatre de 40 F de ces années là dans les pages de ce livre.

Quand j’ai vu cette proposition de lecture commune, je me suis dit que ce serait une bonne occasion de le lire et de le changer de bibliothèque puisqu’il passe de la PAL aux livres lus.

Pari tenu !
Enfin pour la lecture, parce que pour le billet, je suis en retard J
Le livre devait être lu pour le 15 septembre, et c’est fait. Mais le billet n’a pas voulu se publier hier…

Maintenant, il faut que je vous dise ce que j’en ai pensé.
Je dois avouer qu’il m’a été difficile d’avoir un avis définitif.
Dès le début de ma lecture, j’ai senti que je ne pourrais pas reposer ce roman s’en l’avoir terminé.
Il y a beaucoup de choses qui m’ont vraiment plu, et j’ai été touchée par beaucoup d’autres.
Par contre, j’ai été déroutée par le style de l’auteur qui cueille le lecteur d’emblé et lui impose une progression par contact entre les personnages.
On fonctionne un peu comme ça aujourd’hui quand on se promène sur Internet. Cela se nomme la sérendipité. Quand vous cliquez sur des liens successifs de blogs en blogs et que vous allez d’une page à l’autre, vous vous déplacez sur la toile par sérendipité. Les pages lues peuvent avoir peu de rapport entre elles.
Eh bien dans ce livre, le narrateur fait pareil. On suit d’abord un personnage, puis un autre qui se trouve dans un lieu commun, puis encore un autre croisé dans une rue…
Finalement, on a envie de tous les connaître !

Alors de quoi ça parle ?
Clarissa Dalloway, femme accomplie dans la cinquantaine, organise une grande soirée mondaine.
Le roman se déroule pendant la journée qui précède cette soirée.
Une fois que je vous ai dit ça, je ne vous ai rien dit, car pendant cette journée, Clarissa va rencontrer de nombreux personnages, va en croiser d’autres, va repenser à sa vie passée, aux choix qu’elle a fait, à sa fille, à son mari, à son amour de jeunesse…
Mais la particularité du roman est de juxtaposer, d’entrecroiser les vies de ces personnages croisés, effleurés. Finalement, en une journée, on lit la vie de Clarissa, celle de son amour déçu Peter Walsh, on croise son mari, on suit sa fille, et surtout, on rencontre Septimus et sa femme Lucrezia.
Le fil de la narration se poursuit par croisement, les personnages fréquentant les mêmes lieux jusqu’au dénouement final.
Peter Walsh est un homme qui a raté sa vie, qui revient des Indes mais reste attaché à ce qui aurait pu être. Septimus est paranoiaque, sa femme souffre de ne pas comprendre ce qui se passe et étant italienne, elle se sent perdu dans Londres sans appui.
Quand à la fille de Clarissa, elle est sous l’influence d’une gouvernante névrosée qui semble bien amoureuse de son élève.
Seul le mari de Clarissa semble vivre sa vie sans encombres.

 Ce que l’on devine dans ce résumé, c’est que la personnalité de Virginia Woolf se laisse vraiment entrevoir dans ce livre. Écrit pendant une période de rémission entre deux dépressions, il m’a semblé qu’il permettait à l’auteur d’exprimer les multiples facettes de sa personnalité, mais également de sa vie et de celle de son mari.
Les thèmes évoqués sont ceux que l’on associe à Virginia Woolf : l’homosexualité féminine, le suicide, la dépression, ou la société mondaine.
Dans le roman, Septimus est dépressif, il a des hallucinations et Clarissa est plus que nostalgique. Peter, quant à lui, est insatisfait et ancré dans le passé. La gouvernante de la fille de Clarissa est elle-aussi psychotique.
Comment ne pas penser qu’il s’agit là des différentes facettes de la folie de l’auteur ?
Cet aspect m’a particulièrement intéressé car il est bien développé.
Et si le roman est composé d’une façon vraiment surprenante, il maintient tout de même une certaine tension narrative qui pousse à connaître la vie de ses personnages.
Ce n’est pas trépidant, mais les personnages sont attachants et en quelques pages (le roman ne fait que 200 pages) on arrive à les découvrir.
Malgré ces thèmes un peu lourds, il ne m’a pas semblé que le livre était déprimant. Je trouve plutôt que certains personnages sont positifs et permettent d’équilibrer l’ensemble.

Finalement, je dirais que j’ai bien apprécié cette lecture et je pense que je relirai ce livre.
Je n’avais aucune note dans mon édition, ce qui fait que certains passages me sont demeurés un peu hermétiques. Mais j’ai lu sur le forum que d’autres lecteurs ont été déroutés par les notes.   
Il faudra que je cherche une bonne critique de ce livre pour en décortiquer les secrets.

Et vous ? Avez-vous lu ce livre ?

Pour cette lecture commune, nous étions beaucoup.
Hilde, l'Irregulière, Jana, Katzenlyly, evertkhorus ont déjà publié leur billet.
Si j'ai oublié quelqu'un, un petit commentaire et je complète. 



Et un livre de moins dans ma PAL ;)



Mais aussi un livre de plus pour le challenge au bon roman. 

  Et je vais même l'inscrire dans le challenge   J'aime les Classiques :)

vendredi 27 août 2010

L'Astrée d'Honoré d'Urfé

J'ai un (petit) stock de Classiques qui traine sur mes étagères depuis la fin de mes études de lettres (il y a plusieurs années).
Je me dis toujours, avec un peu de mauvaise conscience, que je les lirais plus tard, qu'il faut garder « une poire pour la soif », un bon livre à lire en cas de pénurie (Hahaha ! Une pénurie de livre chez moi ! Cette blague !).
 Parmi ces livres, on trouve La Religieuse, Les beaux quartiers ou la Goutte d'or.
On trouvait aussi L'Astrée d'Honoré d'Urfé, mais ça y est, je l'ai lu.

Le résumé de l'un des premiers romans chorales de la littérature française est difficile à faire.
Publié en plusieurs livraisons, de 1607 à 1627, il est composé de 6 parties.
Les trois premières ont été écrites par d'Urfé mais lorsqu'il décède, la quatrième partie entamée est terminé par son secrétaire. L'édition Folio présente une 5e et une 6e parties, probablement rédigées par le Sieur de Gaubertin, qui sont assez différentes des 4 premières.

L'histoire principale de l'Astrée, relativement connue, est centrée sur les personnages d'Astrée et de Céladon.
Au 5e siècle, dans le Forez, deux bergers s'aiment d'un amour parfait. Malheureusement, à la suite de perfidie et d'illusions, Astrée croit que Céladon la trompe. Elle le chasse donc et lui interdit de la revoir. Désespère, Céladon se jette dans le fleuve. Heureusement, il est sauvé par la princesse Galathée qui tombe amoureuse de lui. Trop malheureux, il la repousse et va s'installer dans les bois. Pendant ce temps, Astrée s'est aperçue de son erreur et est rongée par le remord.
C'est alors qu'un druide propose à Céladon de se travestir en femme pour approcher Astrée sans courir le risque d'être repoussé. Déguisé en Alexis, Céladon devient l'amie d'Astrée. Mais elle ne tarde pas à le reconnaître et lui ordonne de mourir pour expier cette tromperie. Elle promet aussi de ne pas lui survivre.
Les deux amants se rendent donc à la fontaine de vérité pour être dévorés par les bêtes qui la gardent, et apprennent alors qu'ils ont été victimes d'un enchantement. Enfin délivrés, ils repartent unis et heureux.
La princesse Galathée est aussi l'héroïne d'une intrigue secondaire, puisqu'elle est aimé par le guerrier Polémas, fin stratège, qui convoite la jeune femme et le trône dont elle héritera à la mort de sa mère. Là encore, l'histoire se termine bien et le guerrier est éliminé au profit de l'amoureux de la princesse, Lindamor.
Au fil du récit, les personnages racontent des histoires secondaires dont ils sont censés s'inspirer pour leur propre vie. C'est ce qui permet de dire qu'il y a plus de 40 histoires dans ce roman.

Bien entendu, pour lire ce roman, il faut se mettre dans l'esprit.
L'écriture du 17e siècle n'est pas spécialement en vogue de nos jours et on peut être un peu désarçonné. Mais j'aime chercher les clés de ce genre de roman, essayer de deviner quel est le personnage de cour décrit sous un autre nom. 
L'auteur voulait proposer aux aristocrates de son temps un modèle moral, politique, philosophique. Le roman présente le principe d'une « honnête amitié » et se veut un « miroir des princes ». Une fois ce présupposé énoncé, c'est plutôt amusant à lire. Il y a de nombreux rebondissements et les personnages reparaissent régulièrement, l'auteur ayant construit son œuvre de façon assez ordonnée.
J'avais déjà lu le Roman comique (oups) Bourgeois de Scarron que j'avais beaucoup apprécié (mais il est inachevé). J'ai bien aimé celui-ci aussi.

Cette lecture est la troisième pour le challenge ABC et ma contribution pour aout au challenge J'aime les Classiques

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