mercredi 8 mars 2023

Le ciel pour conquête de Yudori

En ce 8 mars, journée des droits des femmes, publier un billet sur ce roman graphique m'a paru une excellente idée ! 
Ce n'est pas un livre étiqueté "féministe" mais il parle de la place des femmes dans une société passée mais pas forcément si lointaine. 
 
 

 
Dans la bonne société hollandaise du 16e siècle, comme dans beaucoup d'autres pays, les jeunes femmes sont mariés sans qu'on leur demande leur avis. 
Amélie se retrouve ainsi mariée à Hans, riche marchand. 
Mais la vie de bourgeoise humble, travailleuse et modeste n'est pas ce à quoi elle aspire. 
Amélie rêve de science, de grandes découvertes, elle a soif de s'instruire et d'inventer. 
Quand Hans ramène de l'un de ses voyages une jeune esclave, la vie de la jeune femme prend une nouvelle tournure... 

Les premières pages nous plongent directement dans la vie d'Amélie qui vient de se marier et découvre un univers où elle trouve bien mal sa place. 
Il lui faut se conduire en maitresse de maison mais tout est difficile. 
Le carcan qui lui est imposé devrait régler ses journées et lui éviter de se poser des questions mais le regard de ses employées, les tâches imposées, la maison qui lui est étrangère, tout l'empêche de respirer. 
Le lecteur ne peut que compatir avec cette jeune femme que l'on sent à fleur de peau et trop enfermée. 
Tout en étant la femme du maitre, elle étouffe dans ses obligations. 
Le récit dresse un portrait en quelques pages qui est sans concession mais pas simpliste pour autant. 
L'histoire est aussi rythmée par des étapes qui vont transformer les évènements et les personnages. 
L'arrivée de la jeune esclave dévoile à Amélie des secrets qu'elle ne soupçonnait pas par exemple. 
Mais c'est l'avent-dernière partie du roman qui est la plus poignante et montre un rapport homme-femme uniquement exprimé dans la possession. 
La femme est un objet dont on peut disposer à loisir. 

 
 
 
Le choix graphique oscille entre la bd franco belge et le manga. 
Le livre, plutôt épais, se lit de gauche à droite, à l'occidental, mais les pages sont noires et blanches. 
Certaines expressions sont également figurées avec des gros yeux et tendent vers le manga, même si ce n'est pas aussi exagéré. 
Je dois d'ailleurs avouer avoir eu un peu de mal avec le visage d'Amélie dans les premières pages car j'ai souvent trouvé ses yeux un peu trop présents. 
On s'habitue vite cependant et l'histoire prend le pas sur le reste assez vite. 
 
Je vous conseille donc ce joli pavé qui vous plongera dans une société lointaine dont les habitudes sont parfois encore d'actualité !
 
 
 





 
 

 
 


 
 
 
 
 
 
 
 
 

lundi 6 mars 2023

Cette nuit-là de Victoria Hislop

 Écrire une suite ou un roman dérivé peut être un piège.
Le second roman va-t-il égaler le premier ? Sera-t-il aussi bon ou au moins aussi intéressant ? Le lecteur ne sera-t-il pas frustré s’il a imaginé autre chose ?
Toutes ces questions ne m’ont pas empêchées de lire ce petit roman qui est la suite de l’île des oubliés. 

 
25 août 1957, la colonie de lépreux de l’île de Spinalonga voit partir ses derniers occupants.
A Plaka, en Crète, juste en face de l’île, on fête le retour des exilés guéris.
Alors qu’Anna s’approche de la fête, son mari Andreas lui tire dessus, rongé par la jalousie.
Fou de chagrin, Manolis, amant d’Anna et cousin d’Andreas, prend quelques affaire et monte dans un bateau pour la Grèce…

Pour ce roman, Victoria Hislop a choisi de s’intéresser à Manolis, personnage secondaire de l’île des oubliés qui était évoqué comme un oncle lointain dont on était sans nouvelle.
Tout en étant absent, ce personnage avait une grande importance et était fréquemment cité.
On est donc forcément curieux de connaître les détails de sa vie et l’autrice a su tiré le bon fil pour nous attirer.
Comme on peut s’y attendre, Manolis est très malheureux et doit reprendre sa vie en main.
Au hasard des rencontres et de son errement, il va croiser des routes toutes aussi torturées que la sienne et son personnage évolue petit à petit.
Le récit de ces évènements est croisé avec celui de la vie de Maria, et par ricochet, celle d’Andreas après son procès.


Maria décide en effet de rendre visite à son beau-frère dont elle élève la fille.
Ce n’est pas un geste simple, il a tout de même tué sa soeur, mais elle souhaite faire ce geste.
Les enfermements s’inversent, puisqu’elle est désormais libre de ses mouvements alors qu’il est enfermé.
Condamné à perpétuité, celui-ci doit aussi survivre dans une prison insalubre et surpeuplé, ce qui donne l’occasion à Victoria Hislop d’évoquer les prisons de cette époque.

L’histoire de Maria est celle qui m’a le plus touché, je l’avoue.
Elle se reconstruit doucement, elle se marie et doit retrouver une place dans une société dont elle a été exclue un certain temps.
Cela prend du temps, et on se demande si elle y parviendra réellement un jour.
Manolis, à l’inverse, s’enferme dans son chagrin et doit lutter contre ses démons tout comme ceux de ceux qui l’entourent parfois.
Cela m’a intéressée mais je n’ai pas été aussi sensible à son histoire.

Quant à l’écriture, elle est toujours aussi fluide et agréable.
Ce roman se lit vite, vous le dévorerez sans problème.
En bref, je vous le conseille donc sans hésiter, surtout si vous avez aimé l’Ile des oubliés. 
 
 
 

 

dimanche 5 mars 2023

Sunday mood de rentrée 😆☕️🫖

Hello, comment allez-vous en ce dimanche soir de pré rentrée pour la dernière zone ? 
Ici on oscille entre un simple retour à l’école pour les enfants qui ont repris depuis une semaine déjà, et un peu de panique pour maman qui y retourne avec une liste de trucs à faire à rallonge 😆 (et mardi, la maîtresse est en grève et mon jeune homme reste à la maison 😱) . 
Il faut bien avouer qu’une semaine de vacances, c’est peu. 
J’ai soigneusement évité mon bureau ces derniers jours pour me reposer vraiment mais j’aurais bien apprécié quelques jours de plus. 
 
 
 
 
Pendant ces quelques jours, j’ai écouté deux livres ! 
J’ai terminé Blizzard de Marie Vingtras qui est pas mal du tout avec un twist final plutôt bien trouvé. 
Il y a quelque chose qui me retient d’en faire un coup de cœur mais c’est un bon roman. 
Et puis j’ai audiolu On était des loups de Sandrine Colette et là, en revanche, c’est un coup de cœur absolu !!! 
Ce roman est une merveille. 
J’ai terminé avec Sa préférée mais je suis passée à côté. 
On ne peut pas aimer à tous les coups 😅. 
Il faut maintenant que je rédige des avis un peu plus détaillé…
 
 
 
 
J’ai ressorti aussi mon tambour à broder. 
Depuis plusieurs mois, je dessine des patrons mais je ne brode pas. 
Je crois que je manque de confiance. 
Peut-être que ce petit renard va me permettre de renouer avec mes fils de soie. 

 
 
 
Cette semaine a aussi été marquée par un grand changement chez nous. 
Les enfants n’ont plus le droit aux écrans que 2h le mercredi et le week-end. 
Et ils ont été privés aujourd’hui aussi 😬.
Il faut tenir le rythme, ils sont énergiques et ont tendance à s’étendre un peu dans toute la maison mais je suis sure que c’est le bon choix. 
On verra sur la durée. 



 Bonne semaine à vous et bon mois de mars !!! 


 

 
 
 
 
 
 

mardi 28 février 2023

Anne, la maison aux pignons verts de Lucy Maud Montgomery [Version audio]

Connaissez-vous la jeune Anne Shirley ?
Quand j’étais petite, ma maman avait un exemplaire de la maison aux pignons verts et disait volontiers que c’était un beau roman qu’il faudrait que je lise plus tard.
Voilà qui est fait ! 
 
 

 
Lorsqu’il va chercher à la gare l’orphelin qu’il a prévu d’héberger pour l’aider à la ferme, Matthew cutberth découvre que c’est une fille qui l’attend sur le quai.
Lors du trajet de retour, elle s’émerveille des arbres, du lac, et bavarde sans interruption, ce qui n’est pas sans déplaire à Matthew.
Mais Marilla n’est pas de cet avis.
Après avoir fait connaissance avec Anne, elle envisage de la ramener à l’orphelinat pour l’échanger avec le garçon qu’elle attendait…

Quand on s’attaque à un monument de la littérature, se faire un avis peut être un peu difficile.
On a forcément déjà lu ou vu des choses, surtout lorsqu’il y a une série à succès qui a été tirée du roman.
J’ai aussi choisi la version audio et je crois qu’il y a plusieurs traductions qui sont disponibles chez plusieurs éditeurs.
Mais je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre car je me suis justement retenue de voir la série avant d’écouter le roman.

La première chose que je peux dire, c’est qu’Anne est une sacrée bavarde, ce que la version audio met vraiment en avant !
On a l’impression de l’entendre parler, parler et parler encore, surtout dans les premiers chapitres où elle découvre Avonlea.
Fort heureusement, on s’habitue et le roman laisse la place progressivement au récit de la vie d’Anne.
Et cette vie est vraiment mouvementée.
Entre ses étourderies, la découverte de sa nouvelle vie, ses amies et l’école, elle ne s’ennuie pas et le lecteur non plus.
La voix de la lectrice nous fait entendre la narratrice qui raconte ce que vit Anne.
Elle anticipe parfois en annonçant un malheur ou une grande joie mais elle ne juge pas cette enfant espiègle qui sait apparemment si bien se faire aimer.
C’est doux et tendre à la fois, et on se surprend à attendre la future bêtise avec impatience.
Evidemment, en grandissant, Anne en fait moins, et c’est alors son univers qui s’élargit et passe au premier plan.

Le roman est rythmé, sans temps mort.
Les évènements puis les années s’enchainent et lorsque les derniers mots sont lus ou écoutés, on est un peu triste de quitter Anne et Avonlea.
Heureusement, il y a d’autres tomes qui se chargeront de raconter la suite !




 

 

lundi 20 février 2023

Hiverner, se reposer, se replier et s'aimer dans les moments difficiles de Katherine May

Je lis peu de romans « feel good » ou de livres de développement personnel mais de temps en temps, il y a un livre qui arrive au bon moment.
C’est le cas d’ « Hiverner », que j’ai découvert au mois de décembre, au moment où le froid s’est installé.
 

 

Katherine May a dû affronter un burn out, puis son mari est tombé gravement malade, et elle a elle-même dû s’occuper de son corps pour se soigner.
Elle raconte dans ces pages comment elle s’est repliée sur elle-même pendant tout un hiver, hivernant à la fois socialement et physiquement.
Cette période difficile a ainsi fait suite à une lente remontée vers la vie…

J’ai commencé ce livre en ayant un gros doute.
Allais-je aimé ? Était-ce le bon moment pour le lire ?
Le développement personnel, ça va 5 minutes, et si, en plus, il s’agit de parler de périodes tristes, pas faciles à passer, cela m’enthousiasmait assez peu au moment où j’ai envisagé de l’écouter.
Mais bon, un livre qui s’intitule Hiverner est sans doute plutôt fait pour être lu l’hiver (en vrai, pas seulement mais j’y reviendrai).  
Et effectivement, ce livre est parfait pour l’hiver car l’autrice y décrit un hiver de sa vie en nommant ses chapitres du nom des mois de l’année.
Elle raconte comment elle a repris le contrôle de sa vie, de son corps, en abandonnant sa vie, en hivernant.

Les évènements qui ont donné l’impulsion pour écrire ce livre sont simplement évoqués au début du récit, ce qui permet de se concentrer sur la reconstruction et de ne pas tomber dans le tragique, comme on aurait pu le penser.
Elle alterne les récits de souvenirs, les actions qu’elle a mis en place, et les commentaires pour expliquer comment cela lui a permis de mieux vivre.
Elle décrit ainsi le processus qui lui a permis d’hiberner, pourquoi c’est indispensable à l’être humain et montre que nous le faisons naturellement.
Et on ne peut s’empêcher de regarder sa propre vie en cherchant ces périodes où, effectivement, nous nous retirons plus ou moins de la marche du monde.
J’ai beaucoup aimé les deux premières parties de ce livre car elles ont résonné en moi à un moment où j’avais moi-même besoin de me replier sur moi-même et d’en profiter.
C’était vraiment très agréable d’entendre une confirmation de ce que je ressentais et j’y ai trouvé plusieurs synchronicités (elle faisait de l’alto, instrument assez rare que pratique ma fille par exemple).
L’autrice a également le même travail que moi et je me suis beaucoup retrouvée dans ses propos.
 
Ce livre a aussi un avantage très intéressant.
Vous pouvez le lire d’une traite ou en suivant les mois qui sont indiqués.
Vous pourrez ainsi suivre le fil de la progression de l’autrice et le vivre vous-même, ou le découvrir en une fois et laisser poser ces mots jusqu’à ce qu’ils infusent en vous.

J’avoue, en revanche, m’être un peu lassée de la succession de digressions.
C’est intéressant, mais les liens entre le sujet et les digressions est parfois très ténu et cela m’a donné l’impression de suivre le fil d’une pensée vagabonde.
Il y a eu quelques passages où j’ai manqué de cohérence et il me fallait beaucoup d’attention pour comprendre s’il s’agissait d’un souvenir, ou d’une digression qui devait être interprétée comme une image signifiante.
Heureusement, avant la fin du livre, j’ai retrouvé le fil.

La version audio est lue par Marie Gamory.
Je trouve ce format parfait pour ce genre de livre car on a l’impression que l’autrice nous parle, qu’elle nous explique son propos.
La voix de la lectrice est comme une amie qui vous raconte ses errances vers la guérison pour vous inciter à suivre votre propre chemin.
C’est aussi un bon mode d’accès à ce texte destiné à des lectrices et lecteurs qui vont peut-être moyennement bien et qui pourront l’écouter avec moins d’effort qu’une lecture.


C’est donc un texte que je vous conseille si vous êtes dans une période de fatigue, ou si vous allez bien, mais êtes intéressé par un texte ouvrant la porte à un peu de repos, à une mise en retrait salutaire pour revenir plus fort ensuite.

 
 


 

 

 

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