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jeudi 23 novembre 2023

La danse de l’eau de Ta-Nehisi Coates [Livre audio]

Connaissez-vous la littérature nord-américaine qui se plonge dans l’histoire de l’esclavage ?
Je n’aurais pas parié sur mon goût pour cette période et pourtant, j’ai déjà lu plusieurs romans qui s’y déroule.
Il faut dire qu’il y a vraiment de bons romans. 
 

 
Hiram est esclave mais son père ne l'est pas. 
A la frontière entre deux mondes, il reste un esclave dont les blancs font ce qu'ils veulent. 
Sa mère vendue, il ne lui est resté que son pouvoir, un don mystérieux qui lui sauve la vie lorsqu'il tombe dans la rivière. 
Mais plus que la vie, cet accident lui révèle son destin. 
Et ce n'est pas celui d'un esclave...

Je découvre depuis quelques années la littérature nord-américaine qui retrace l’histoire de l’esclavage.
Plusieurs auteurs noirs reprennent des évènements marquants de cette période, comme le chemin de fer clandestin qui permettait aux esclaves de s’enfuir.
Ces romans ont un intérêt pour la mémoire, pour que les sociétés modernes n’oublient pas, alors que la place des noirs n’est toujours pas égalitaire dans les sociétés occidentales.  
Ils permettent aussi à une communauté de se fédérer autour de cette histoire et de pouvoir se construire sur des bases solides.
Il y a donc un ensemble de symboles, de motifs, de personnages emblématiques que l’on peut retrouver de romans en romans.
La fuite des esclaves est ainsi souvent associée à des déplacements emprunts de magie.
Dans La danse de l’eau, traverser la rivière avec un des passeurs permet de parcourir une distance considérable en quelques minutes.
Cet aspect merveilleux me dérange néanmoins toujours un peu car je trouve qu’il efface les efforts que chacun fournit, la peur du trajet, les errances et les difficultés.
Mais je crois qu’il est question ici de manifester sa puissance, son contrôle de forces plus grandes que les esclavagistes.
Ce petit bémol mis à part (et qui est très personnel), La danse de l’eau est un grand roman, un de ceux qui marquent durablement et ne laissent pas indifférent.
On ne peut que suivre les personnages en espérant avec eux, en ayant peur pour eux, en leur souhaitant une vie meilleure aussi et surtout, en rejetant ce système qui asservissait les hommes et les femmes sans aucun remords !

Hiram est un personnage central fort et charismatique, l’auteur a su le construire avec des failles et une profondeur psychologique qui ne peut qu’attirer le lecteur et lui donner envie d’en savoir plus.

La version audio est lu par Alex Fondja.
Sa voix chaude est parfaite pour ce roman où les évènements s’enchaînent sans temps mort mais il laisse le lecteur libre de son interprétation des évènements et ça, c’est toujours agréable !

Alors ? Ce roman vous tente ?




mardi 17 janvier 2023

là où chantent les écrevisses de Delia Owens 🎧 📘 [Prix audiolib 2021]

Je me suis aperçue il y a quelques jours que j'avais plein de brouillons d'avis de lecture qui trainaient dans mes fichiers. 
Certains y resteront, il ne faut pas toujours se forcer à parler d'un livre qui ne fait que passer, mais d'autres méritent vraiment d'en sortir parce que ce sont de belles lectures et que j'ai envie d'en garder une trace. 
Et puis parfois, j'ai même fait une jolie photo ! 
 
 
 
 
Un matin comme un autre, Kya voit sa mère quitter la maison et le marais, l'abandonnant elle et ses frères et sœurs. 
Et puis chacun d'entre eux disparait à son tour, la laissant seule avec son père qui part parfois plusieurs semaines. 
A dix ans, il lui faut apprendre à se nourrir, à s'occuper d'elle-même, à vivre dans un environnement pas toujours accueillant. 
Les jours défilent, la faim l'oblige à trouver des solutions et à sortir parfois de sa solitude mais elle devient la fille des marais, celle qui intrigue et fait peur... 
 
Il faut bien avouer tout de même que ce billet m'a donné du fil à retorde !
Sans savoir vraiment pourquoi, j'ai du mal à définir ce que j'ai pensé en détail de cette lecture. 
J'ai beaucoup aimé une fois le livre refermé, mais je crois que j'ai eu du mal à entrer dans les premiers chapitres et c'est un peu resté comme un regret à la fin. 
Je vous explique pourquoi : les deux ou trois premiers chapitres m'ont paru déjà vus. 
C'était encore l'histoire d'une jeune fille américaine en pleine construction à qui il arrive des trucs pas marrants. 
J'en ai lu plusieurs ces derniers temps et j'ai eu un sentiment de répétition et d'ennui, comme si la littérature américaine ne produisait que cela (👉🏻 My absolut Darling, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Betty et même Dans la forêt). 
Étant donné les avis hyper positifs lus un peu partout, j'ai essayé de poursuivre en gardant l'esprit ouvert. 
Et j'ai bien fait. 

L'histoire de Kya est touchante, attendrissante. 
On ne peut qu'aimer cette enfant abandonnée qui s'en sort par sa seule volonté. 
On s'interroge évidemment sur sa solitude, l'abandon complet d'un système, d'une société qui préfère laisser ce qui ne fonctionne pas de côté, caché pour pouvoir mieux l'écraser ensuite. 
Car l'histoire de Kya n'est pas un conte de fée. 
C'est celle d'une enfant maltraitée, seule et forcément traumatisée par ces abandons successifs. 

L'intérêt de ce roman réside aussi dans les descriptions du marais, de ses oiseaux, de ses habitants. 
Lors de ses brefs passages, le père de Kya lui a appris quelques informations qui lui seront utiles et qu'elle approfondira. 
Elle connait le marais comme sa poche et en explore tous les recoins. 

La version audio est lue par Marie du Bled. 
Sa voix douce correspond parfaitement à ce texte sensible. 
Elle se fait oublier, tout en donnant des intentions justes et bien placées. 
 
Je vous conseille donc sans hésiter cette pépite américaine qui se place finalement assez haut dans mon classement personnel. 
Et si vous l'écoutez, ce sera encore plus agréable, vous verrez !!  

 



 
 

mardi 22 novembre 2022

Nickel Boys de Colson Whitehead 🎧 📘 [Prix audiolib 2021]

Parmi la sélection du Prix Audiolib 2021, il restait un roman dont je n'avais pas parlé par ici, ce qui était vraiment dommage parce qu'il s'agit d'un très bon roman !
 
Elwood travaille bien à l’école et malgré son origine sociale, il parvint à aller à l’université. 
Malheureusement, quand on est un jeune noir qui circule dans une voiture pseudo volée, même si on n'est que l’auto-stoppeur, on finit en maison de correction ! 


 
 
Certains auteurs ont le talent de trouver à chaque nouveau roman un sujet qui fait mouche ! Colson Whitehead est de ceux-là ! 
Encore une fois, il nous entraîne dans une histoire dont on ne ressort pas indemne et qui reste longtemps en mémoire. 

Je connaissais déjà Colson Whitehead car j'ai lu Underground Railroad il y a pas mal de temps (et j'avais beaucoup aimé). 
Je partais donc avec un a priori positif. 
L'histoire est différente ici, puisqu'elle se déroule pendant une autre période historique. 
Il s'agit néanmoins encore une fois de dénoncer la place qui est donnée aux Noirs dans la société américaine.

Elwood raconte sa vie, son séjour dans la grande Maison Blanche où il doit séjourner, son pote qui l’a bien aidé, sa vie aussi après son passage dans cette « école ». 
En écoutant ce récit, on ressent profondément l’injustice qui marque cette communauté encore aujourd’hui. 
La voix du narrateur est puissante et entraine le lecteur qui enchaine les pages pour connaitre la suite. 
Mais il ne s'agit pas seulement de raconter une histoire. 
Les choses se sont un peu améliorées aujourd'hui mais il faut rester vigilant et c’est un roman indispensable pour la mémoire, pour ne pas oublier et faire comme s’il ne s’était rien passé. 
 
La lecture en version audio ajoute de la force au roman. 
On est en plein dans l’histoire et on ne peut que continuer à écouter pour savoir ce qui arrive à Elwood ! 
 
Vous l'aurez compris, c'est donc un sans faute pour moi et je vous conseille ce roman sans hésiter !! 
 
 

 
 



 
 
 

mardi 3 novembre 2020

Beloved de Toni Morrison 🎧📘 [Prix Audiolib]

Il y a parfois des Classiques que l'on regarde de loin, que l'on a envie de lire mais l'occasion ne se présente pas. 

Et puis soudain, à la faveur d'un prix littéraire, le titre tant contourné arrive entre vos mains. 

C'est ce qui s'est produit pour ce roman de Toni Morrison que j'avais beaucoup vu sans céder à la tentation. Ma lecture ne fut pas facile (mais c'est aussi ce qui fait la qualité des Classiques) mais elle restera longtemps en moi.  

 


Dans la maison de Sethe, un fantôme fait craquer les murs, déplace les objets et effraie les passants. Avec sa fille Denver, elles sont habituées à la présence malveillante de ce fantôme de bébé qui ne veut pas partir. Et puis un jour, Paul D. fait son apparition, revenu d'un lointain passé où Sethe tentait de fuir l'esclavage. Lui seul fait taire le bébé...

Je dois avouer avoir été très déstabilisée par ce roman ! D'ailleurs, j'ai eu bien du mal à me lancer pour écrire ce billet. Pour une fois, je vais mêler le commentaire de la version audio et du livre en général car je ne pourrais pas séparer les deux. 

C'est Anne Alvaro qui a été choisie pour lire ce texte de Toni Morrison. Après en avoir discuté avec Enna, j'ai découvert qu'elle avait la tâche difficile de rendre à l'oral les choix lexicaux de l'auteur qui utilise une langue très particulière quand elle fait parler ses personnages. Les anciens esclaves avaient en effet développé un créole qui leur était propre. Elle adopte donc un ton un peu trainant et dans les premières minutes, on ne sait pas si elle va se mettre à hurler, à pleurer, si elle geint ou si elle est en extase ! C'est un peu compliqué à interpréter et assez perturbant. Je me suis accrochée pour finir le roman parce que l'histoire me plaisait mais j'ai eu beaucoup de mal pendant les premières heures d'écoute. Ensuite, je me suis habituée et je crois que ce roman restera pour moi associé à ce ton trainant. 



Après m'être habituée au ton de la lectrice, je me suis laissée porter par le texte. L'histoire passe par de multiples détours pour raconter l'histoire des différents personnages présents ou disparus et expliquer comment on en est arrivé à la situation actuelle. Cela permet à Toni Morrison d'aborder de nombreuses situations d'esclavage et surtout, de parler des sévices que les maitres faisaient subir impunément. Comme un devoir de mémoire, le roman balaie des vies entières de servitude en n'épargnant rien au lecteur.

Je pense que je suis passée à côté de beaucoup de choses, des allusions à l'histoire américaine, des figures de l'esclavagisme sans doute mais ce que j'ai pu en percevoir laisse déjà entrevoir une histoire lourde qui ne peut que poser problème dans l'Amérique d'aujourd'hui. C'est encore trop proche pour avoir été absorbé et chacun doit avoir des reproches pour ceux d'en face. Mais ce qui est marquant ici, c'est que l'auteur ne s'en tient pas au face à face blancs-noirs mais s'intéresse aussi à la communauté dans laquelle vivent ces femmes. Elles souffrent aussi de la jalousie de leurs voisins, de la peur, de la haine même. Le pardon n'est pas permis pour ceux qui souffrent. 

Et finalement, je me suis quand même demandé si j'aurais fait pareil à sa place et je crois bien que oui... 







lundi 30 septembre 2019

Dans la forêt de Jean Hegland

Il y a parfois des éditeurs qui soignent leurs couvertures et vous attirent rien qu'avec une belle image.
C'est le cas de celle-ci et Audiolib a bien fait de la conserver dans son édition audio.
Elle m'a fait envie avant même de savoir de quoi parlait le roman !

Eva a offert un cahier à sa soeur pour pouvoir y écrire.
Il n'y en a plus qu'un et c'était une belle surprise de le retrouver dans un tiroir.
Nell quant à elle, a retapé les chaussons de danse de sa soeur pour qu'elle puisse continuer à s'entraîner.
Il n'y a plus d'électricité pour la musique mais lorsqu' elle reviendra, Eva veut être prête pour l'audition. 
En attendant, elles se terrent au fond de la forêt et vivent avec les réserves réunies par leur père...

Pourquoi les écrivains américains écrivent-ils des histoires d'adolescents ?
Je n'ai pas l'impression qu'on en écrive autant en Europe.
Peut-être est-ce moi qui ne choisit que des romans de ce type mais après avoir lu On ne tire pas sur l'oiseau moqueur, Gabriel Tallent, Joyce Carol Oates et ce roman, j'ai quand même l'impression que c'est un mode de narration récurrent.
Et du coup, je l'avoue, j'ai eu un petit moment de déception au début de mon écoute, une impression de déjà vu et de facilité.
La jeune fille intello et limite précoce qui erre dans la forêt plus accueillante que la société des hommes, c'est quand même un peu déjà vu.

Pourtant, le roman est singulier.
Les deux jeunes femmes de cette histoire sont prises dans des événements rarement évoqués dans un roman et qui semblent tellement proches aujourd'hui.
J'ai appris à la fin de ma lecture que la première publication date des années 1990.
Jean Hegland a su avant les autres ce qui nous attend peut-être.

Le texte est émouvant et emporte le lecteur.
On ne peut qu'être touché par ces deux jeunes femmes qui se débattent avec une vie à laquelle elle n'ont jamais été préparé.
La vie dans la foret est rude et impose sa loi à ses habitants.

La version audio est très réussie.
Le pathos est limité dans la voix de la comédienne, ce qui est plutôt vie  vu le sujet.
On suit le récit sans problème.

En bref, si vous aimez les romans d'apprentissage, la nature, les romans un peu catastrophistes, l'oiseau moqueur, ce roman pourrait vous plaire !!






mardi 17 mai 2016

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee { Prix Audiolib }

J'imagine qu'en arrivant face à ce texte, vous vous dites "encore ce roman!" 
Il me semble que beaucoup de choses ont déjà été dites et que je n'ai pas grand chose à vous apprendre.
Mais il fait parti des sélectionnés pour le prix Audiolib  et vient de sortir en livre audio chez Audiolib.
Du coup, j’ai pu le lire (ou plutôt l’écouter) et je vais pouvoir le sortir des tréfonds de ma PAL pour mettre le volume papier dans l'étagère des romans lus !


De 6 à 8 ans, Scout raconte sa vie faite de cabanes et de mauvaises blagues de gamins.
Elle est obnubilée par son invisible voisin Boo Radley qui vit cloîtré chez ses parents depuis de nombreuses années.
Cette obsession lui fait faire des bêtises de gamins avec son frère et leur ami Dill sous le regard bienveillant des adultes du quartier.
La vie semble tranquille et coule toute seule.
Et puis Aticus le père de Scout, avocat, est chargé de la défense d'un homme noir accusé du viol d'une jeune femme blanche.
La vie de Scout va alors changer progressivement bien que son père fasse tout ce qu'il peut pour la préserver.
A l'époque du récit, dans les années 1930, les hommes noirs n'ont jamais gain de cause dans les affaires de justice.

L'atout majeur de ce livre, c'est évidemment le point de vue que l'auteur a choisi.
Le regard de Scout est un peu naïf, frais et centré sur sa propre vie avant de l'être sur le procès et ses conséquences.
C'est néanmoins un regard qui semble davantage celui d'une adolescente qui se tourne vers son passé pour le raconter.
Le style est simple, parfois naïf (mais faussement naïf), le regard cru et tendre de Scout permettant d’évoquer des réalités bien cruelles.
Le procès de Tom Robinson suscite dans la ville un clivage entre les communautés qui donne à réfléchir à la petite fille qui ne saisit pas tout.
Elle observe, tente d’interpréter et fait ce qu’elle peut avec l’aide de son frère.
Comme il est plus âgé, il peut aussi lui expliquer ce qui se déroule sous leurs yeux parfois.

J'ai néanmoins eu parfois l'impression de lire plutôt un roman d'ado, comme Valérie d'ailleurs.
Ce n’est pas une vraie critique, mais je l’ai trouvé tout de même un peu simple tout en étant efficace.
Mais cette impression est peut-être due au début du roman qui m’a un peu déstabilisée.
Comme on parle souvent de l’histoire de la ségrégation raciale quand on parle de ce roman, je pensais à tort que c’était ce qui était le plus présent dans le texte.
Or, cela n’arrive qu’après une longue première partie.
Cela en fait plutôt une chronique campagnarde d’une petite ville des Etats-Unis vue par une enfant de 6 à 8 ans.
Sa naïveté est forcément touchante, elle dit et fait des choses en pensant bien faire sans y parvenir à chaque fois.
Elle est attendrissante, et permet surtout à l’auteure de dire des choses difficiles en employant un moyen efficace.
Elle évoque notamment les écoles réservées aux blancs, l’analphabétisme induit, les églises différentes pour les deux communautés.
C’est effrayant et très instructif.

La version audio est plutôt bien fichue. 
Elle est vivante et bien jouée, et la voix de Cachou Kirsch rend parfaitement l’âge supposé de Scout et les voix des différents personnages.
On passe un excellent moment avec ces personnages qui m’ont accompagné dans le train, le métro, le bus et c’était parfait !

On peut dire que c’est un livre très original, qui se lit avec enthousiasme.
Il touche le lecteur à des niveaux très différents et sa simplicité permet de le lire très tôt.
Quant à moi, je lirai la suite sans hésiter.













lundi 21 juillet 2014

La plantation de Leila Meacham

Pendant mon "absence hospitalière", les éditions Charleston ont eu la gentillesse de continuer à m'envoyer les spécimens des titres destinés aux blogueuses Charleston de cette année. 
Cela m'a bien aidé, tant ces titres sont capables de vous changer les idées. 
Mais je vous en reparlerai. 

Pour aujourd'hui, je vais vous présenter La Plantation.  
Autant vous le dire tout de suite, c'est encore un coup de coeur pour moi ! 
Tous les romans que j'ai reçus des éditions Charleston ne me plaisent pas, je vous rassure.
Il y en a même quelques uns qui ne me plaisent pas du tout.
Mais je dois avouer qu'il y en a un certain nombre qui m'ont vraiment semblé très sympas, dont celui-ci.
Rassurez-vous, point de complaisance dans mon propos.
J'étais dans une disposition adéquate, ça aide, mais c'est vraiment un roman agréable à lire quand on aime le genre Scarlett O'Hara.

Silas Toliver vient d'être déshérité par son père.
C'est lui qui s'occupe de la plantation, mais c'est son frère ainé qui va en hériter. 
Refusant d'être au service de son frère ainé, Silas décidé de partir s'installer au Texas pour y fonder une plantation. 
Cette terre est vide et ne demande qu'à être habitée.
Silas partira donc avec son ami d'enfance Jeremy Warwick et sa jeune épouse Lottie.
Mais il n'est pas encore marié. 
Quant à Jessica Wyndham, de retour de Boston et du pensionnat, elle ne supporte plus les pratiques des esclavagistes et envisage sérieusement de participer aux filières d'évasion.
Mais Jessica est la fille d'un des plus riches planteurs de la région...

Si j'ai cité Scarlett O'Hara un peu plus haut, ce n'est pas pour rien.
Les plantations, la guerre de sécession qui couve pluie éclate, les robes à crinoline, les chariots des convois... Tout y est.
Mais l'histoire est collective ici et l'auteure nous raconte la saga des Toliver, de cette famille soudée malgré les épreuves et la difficulté de s'installer dans une terre vierge de tout.

Pour une saga familiale, c'est parfaitement réussi. 
Les Toliver sont installés avec les Warwick et les Dumont, une troisième famille rencontrée en route. 
Le lecteur va ainsi suivre le voyage, l'installation et le développement des affaires de ces trois grands propriétaires qui choisissent des domaines différents mais complémentaires. 
Leur vie n'est pas rose et si les affaires et la ville prospère autour d'eux, cela n'empêche pas les revers de fortune, les décès, la guerre de venir frapper à leur porte.
Le roman débute ainsi avec Silas et se poursuit avec son fils et les gens qui les entoure.

Comme dans toute saga familiale, par contre, les personnages se construisent au fil de l'histoire.
Pas de grande description psychologique, mais on les voit évoluer et avancer dans leur vie.
Le décor suit cette évolution et la ville grossit comme la plantation. 

Ce roman présente aussi l'avantage de vous permettre d'en apprendre davantage sur la guerre de sécession et la conquête des états-unis. 
L'esclavagisme est à l'origine de cette guerre, mais pas seulement et les exactions commises de part et d'autre sont souvent passées sous silence. 
De même, la conquête du Texas n'a apparemment pas été faite sans perte. 
Le Mexique refusait de céder la place et les indiens ont été chassés de leurs terres.
Tout n'est jamais tout blanc ou tout noir.

La plantation est enfin un roman qui se savoure d'autant mieux qu'il a une suite.
Pour une saga, c'est mieux de pouvoir suivre les personnages.
C'est le cas ici avec Les roses de Somerset publié avant la plantation.
Oui, vous avez bien lu. 
Leila Meacham a d'abord écrit les roses puis elle s'est dit que ce serait plus intéressant d'écrire ce qui a précédé cette histoire.
C'est une belle idée.

Voilà donc un roman pas compliqué mais néanmoins complexe, plutôt bien écrit avec une structure bien construite et un style fluide.
A recommander pour la plage en ce moment, la campagne ou au coin du feu cet hiver.









jeudi 22 novembre 2012

Plan de table de Maggie Shipstead


Certains livres sont agréables à lire, mais sans que l’on sache réellement pourquoi, les pages ne se tournent pas comme on le souhaiterait.
Cela a été le cas pendant ma lecture de Plan de table.
Certains passages m’ont vraiment plu, d’autres moins, mais je me suis sentie plutôt bien dans cette histoire.
C’est donc une impression très paradoxale qui me restera de cette lecture.  

Winn marie sa fille ainée Daphné ce weekend dans sa maison de campagne.
Il lui faut donc quitter sa maison calme et tranquille, charger sa voiture des derniers préparatifs et rejoindre sa femme, ses filles et les invités qui ont envahie la maison d’ordinaire si paisible de l’île de Waskeke.
Profitant des dernières heures de tranquillité du trajet, il commence à faire le point sur ce que sa vie est devenue, ses filles qui ont grandi, Livia et sa passion pour la mer, Daphné et sa frivolité apparente, le club de golf de l’île où sa candidature est toujours en attente, son grand-père, ses parents…
A son arrivée, comme il s’y attendait, la maison l’accueille froidement, tel un étranger que l’on ne reconnaît pas, et les retrouvailles avec certains invités éveillent en lui des souvenirs et des désirs ambigus…

Disons-le d’emblée, ce livre est extrêmement bien écrit.
Maggie Shipstead manie sa plume avec entrain et mêle adroitement une bienveillance légère et un œil acéré.
Elle ne laisse rien passer et présente des personnages bien campés, entiers et qui nous paraissent surtout très vraisemblables.
Cette famille est disséquée au scalpel, observée à la loupe, et analysée par une auteure qui ne fait aucune concession à ses contemporains.

En se focalisant plus particulièrement sur deux membres de cette famille, le père Winn et sa fille cadette Livia, elle aborde plusieurs thématiques qui permettent au lecteur de se retrouver dans l’une ou l’autre des situations.
Alors que Winn est obnubilé par son image, par ce que les autres voient en lui, sa fille cherche davantage à se construire indépendamment des autres.
Ces deux situations se complètent pour proposer une satyre sociale parfois violente, mais très habile, dévoilant des aspects très différents de la société américaine.
Les Clubs qui paraissent au centre du fonctionnement social et de la reconnaissance de chacun dans un groupe, sont ici source de torture morale et surtout de mauvaise interprétation du fonctionnement social.
Winn appartient à certains clubs alors que ses membres le voient comme un étranger, tandis qu’il postule pour un autre club où il n’entrera jamais sans en connaître la cause.
Perdu dans un système dont il ne maitrise pas tous les codes, il ne sait plus que faire pour s’en sortir et se regarde sombrer pendant ce court weekend.
En deux jours, ses certitudes explosent et sa vie est remise en question.

Ce dévoilement des apparences adresse une leçon au lecteur sans l’accuser frontalement.
Dans le tableau que nous avons sous les yeux, la vie est basée sur ce que les autres pensent de vous, et ne peut donc pas être heureuse.
Elle repose sur l’acceptation par les autres de ce que l’on souhaite être, alors que chacun ne sait pas toujours ce qu’il est réellement.
Ce fonctionnement social est donc voué à l’échec.

Dans cette vision du monde, l’île de Waskeke, comme le sont souvent les îles, est d’abord vue comme un endroit idyllique, un havre de paix qui se révèle finalement dangereux physiquement.
C’est un lieu où la pourriture règne (celle du jardin de Winn où rien ne pousse, celle d’une baleine échouée sur la plage, de Winn lui-même).
Pour s’en sortir, il faut partir, aller plus loin et passer la mer, comme le fera la baleine pour retrouver son état originel et sa fierté.

La morale de ce roman pourrait alors être tout simplement que les apparences disparaissent toujours. On ne peut aller contre la vérité des choses et il faut faire avec.
Avant de conclure ce billet, j’ajouterais néanmoins quelques petites réserves.
Pendant un bon tiers du roman, le chemin emprunté par Maggie Shipstead m’est resté opaque.
Je n’ai pas vu où elle voulait en venir et cela m’a gêné.
J’ai également trouvé que l’histoire de Winn et d’Agatha tombait parfois comme un cheveux sur la soupe, et je ne suis toujours pas sure que ce soit quelque chose d’indispensable.
Le démon de midi qui chatouille l’homme mûr, pourquoi pas. Mais la façon dont le sujet est traité fait vraiment passer cet homme qui paraît honnête pour un vieux dégoutant limite pédophile.
Cela m’a paru quelque peu exagéré.
Enfin, je n’ai pas réussi à m’identifier, à m’impliquer dans l’histoire.
J’ai admiré le talent de l’auteure pour la satyre, le démontage social auquel elle procède, mais aucun des personnage n’a suscité chez moi de la pitié ou de l’empathie.

Tant pis !
C’est tout de même un très bon roman, et si vous cherchez une lecture distrayante sans légèreté, un roman qui vous parle de nos sociétés et vous fasse un peu réfléchir mais pas trop, ou si vous voulez découvrir une jeune auteure prometteuse, n’hésitez pas.

Je remercie les Chroniques de la Rentrée littéraire et les éditions Belfond pour la lecture de ce roman.



Voilà une 10e lecture pour le challenge 1 % de la rentrée littéraire.



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